Le phénomène de déforestation et des changements climatiques a fait couler beaucoup d’encre au Burundi et ailleurs dans le monde. Toutefois, au Burundi, les activistes et les experts en ce qui concerne la protection de l’environnement ainsi que les administratifs ne ménagent aucun effort pour inviter les gens à veiller à la préservation de l’environnement et à la lutte contre la désertification afin d’éviter les catastrophes naturelles dont les inondations, les glissements de terrains, etc, qui s’observent souvent ici et là dans le pays.
D’après le conseiller du président de l’association Action ceinture verte pour l’environnement (ACVE), Albert Mbonerane, sans l’environnement, la vie humaine et animale n’est pas du tout possible. Il déplore le fait qu’aujourd’hui, le Burundi connait un phénomène de déforestation car, les gens coupent beaucoup de bois sans se soucier des conséquences qui surgiront ultérieurement. Pour lui, c’est bien de penser au développement et à assurer la sécurité alimentaire via l’agriculture. Mais, souligne-t-il, l’agriculture ne devrait pas primer sur la protection de l’environnement. « Les deux devraient aller de pair », ajoute-t-il.
M. Mbonerane fait remarquer que dans certaines communes, les agriculteurs coupent des arbres et détruisent des forêts pour élargir les champs cultivables sans se soucier de la protection de l’environnement. « Eux, ils pensent seulement à la récolte et ils oublient qu’avec le phénomène d’érosion, on risque de tout perdre car lorsqu’ il pleut et qu’il n’y a pas de l’infiltration des eaux, on assiste au glissement de terre ». Ainsi, notre interlocuteur s’insurge contre le phénomène des feux de brousse qui se manifeste quelques fois dans certains coins du pays, surtout au sud et à l’est du pays. Selon lui, c’est un phénomène très dangereux pour la population et les gens ne pensent pas aux conséquences qui peuvent en découler.
Appel à la prise de conscience
Notre interlocuteur témoigne que lors de sa tournée dans le Sud du pays, il a été frappé par le phénomène de feux de brousse dans les de Makamba et Bururi. « Je ne suis pas arrivé à comprendre pourquoi il y a ce phénomène car, avant, on disait qu’on brûlait les forêts afin de chercher là où on fait brouter les vaches. Mais, je n’ai vu aucune vache circuler sur toutes les montagnes et les collines que j’ai visitées. Alors, quelle explication donner à ce phénomène ? ». Pour lui, c’est une situation lamentable aux conséquences graves.
Parlant de la pollution du Lac Tanganyika, M. Mbonerane s’inscrit en faux contre les déchets que les gens jettent souvent dans les rues ou dans les caniveaux. Il fait remarquer que quand il pleut la destination finale de ces derniers est dans le lac Tanganyika. « Il y a des spécialistes qui ont écrit qu’un jour il y aura un septième continent. Ce dernier viendra de ces déchets que nous jetons dans les océans, les lacs, etc ». Il ajoute que comme l’eau ne pourra plus couler, ça va être comme un autre continent mère. Et ce dernier ne sera pas habitable car, ce sont des produits polluants ou toxiques. « Il en est de même pour les lacs du Nord du pays. Si les montagnes ne sont pas bien protégées, les rivières qui alimentent ces lacs, au lieu d’amener l’eau elles amènent de la terre et les déchets. Tous ces derniers ne font que s’entasser dans les lacs et les conséquences sont fâcheuses, comme l’effondrement des berges, des inondations dégradantes, etc».
La rivière Rukuga, une des causes
S’exprimant sur la montée des eaux du Lac Tanganyika, M. Mbonerane rappelle qu’il y a eu une conférence régionale à Genève qui a regroupé le gouvernement du Burundi, la Tanzanie, la Zambie, la République démocratique du Congo pour faire face à cette situation. Selon lui, les quatre pays, y compris le Rwanda, devraient organiser une conférence régionale pareille pour étudier le problème de la montée d’eau et pour voir les voies et moyens de faire face aux inondations causées par ce Lac. « La situation que nous connaissons ici à Bujumbura et à Rumonge est identique à celle que vivent les gens de la RDC, à Kalemi et à Uvira ainsi qu’à Kigoma en Tanzanie et à Mpurungu en Zambie », déplore-t-il. Il interpelle en outre les leaders de ces pays à se lever pour trouver une solution commune pour faire face à cette situation.
Toujours à propos de la montée des eaux du Lac Tanganyika, M. Mbonerane cite un spécialiste congolais qui connait bien son histoire qui disait qu’avant le 17e siècle, le lac Tanganyika ne coulait pas. Il était comme un océan. La première montée des eaux date de 1978, quand Livingston et Stanley étaient dans la région. Il y a eu un mouvement tectonique. Ce mouvement a fait la naissance de la rivière Rukuga. C’est à ce moment que le lac Tanganyika a commencé à couler vers le fleuve Congo. « Actuellement, en 2024, il y a beaucoup d’évasements dans la rivière Rukuga et l’eau de cette rivière ne coule plus. Ainsi, le niveau d’eau de la rivière a monté. Cela a causé aussi la montée des eaux du Lac Tanganyika ».
La population s’attelle à la protection de l’environnement
Nous nous sommes également entretenus avec l’administrateur de la commune Muha, en mairie de Bujumbura, Dévote Ndayisenga, pour s’enquérir de l’état des lieux de la protection de l’environnement dans cette localité. Elle dit que la population qu’elle représente intervient beaucoup dans la protection de l’environnement pour lutter contre la désertification. Elle informe que cette commune enregistre beaucoup de glissements des terres dus à l’érosion intense et que certaines rivières déviennent souvent leurs lits habituels. « Cette déviation occasionne beaucoup des dégâts matériels et environnementaux », laisse entendre Madame Ndayisenga.
Pour faire face à cette situation, l’administrateur de la Commune Muha souligne que les administratifs, en collaboration avec la population, ont planté pas mal d’arbres tout le long des rives des rivières Kizingwe, Kanyosha et Muha qui traversent cette commune. « Nous plantons surtout des bambous parce que c’est une espèce redoutable en matière de lutte contre les écroulements des rives de ces rivières », informe-t-elle. Ainsi, l’administrateur de la Commune Muha informe que la population est suffisamment sensibilisée pour planter des avocatiers dans le but de protéger l’environnement. « Nous sensibilisons la population à planter des avocatiers à tel point que chaque ménage ait au moins un ou deux avocatiers ».
Tracer les courbes de niveau pour lutter contre les érosions
Les habitants de la commune Mutaho,en province de Gitega, de leur côté, disent qu’ils ont été sensibilisés pour la protection de l’environnement et qu’ils sont mobilisés pour le traçage des courbes de niveau. Toutefois, certains habitants de la commune Mutaho, qui exercent leurs activités agricoles dans les marais de Rutete se lamentent contre l’érosion intense et les glissements de terrain qui ont emporté leurs marrais cultivables. Ces derniers ont poussé même certaines gens à déménager.
D’après Jean Nsabimana, un habitant de la colline Mutaho, même s’il s’observe ce phénomène de glissement de terrain, la population de cette commune ne ménage aucun effort pour protéger l’environnement et lutter contre la désertification. Il salue en outre les efforts fournis par l’administration qui, à travers le programme « Ewe Burundi Urambaye « ont tout fait pour mobiliser la population dans les travaux de lutte contre l’érosion.
- Nsabimana informe aussi que l’administration de la commune Mutaho a parcouru toutes les collines afin de sensibiliser la population à s’atteler au traçage des courbes de niveaux sur toutes les collines qui surplombent les marais, afin de lutter contre le glissement de terrain. Les gens sont aussi sensibilisés à planter des herbes fourragères sur lesdites courbes de niveau ainsi que les arbres qui cohabitent avec les plantes vivrières.
Département de la Documentation
Appolinaire Ndikuriyo