Face à un taux de chômage un peu élevé surtout chez les jeunes, l’entrepreneuriat est désormais plus qu’une solution pour l’employabilité des jeunes, comme ne cessent de le dire les autorités burundaises. Malgré certains défis qu’ils rencontrent, pas mal des jeunes burundais ont eu cet esprit entrepreneurial en réponse à l’idéologie de se créer de l’emploi. Pour les jeunes vivant avec handicap, bien que le gouvernement du Burundi ait pris en main l’éducation inclusive en mettant en place des écoles pilotes pour les jeunes handicapés, notamment les sourds et/ou muets, il existe encore des lacunes pour cette frange de la population en ce qui concerne la création d’emploi. Toutefois, les enseignants ne ménagent aucun effort pour amener ces jeunes vivant avec handicap à se développer et à contribuer dans le développement du pays.
Le Burundi dispose d’une population dont la majorité sont des jeunes. Cette dominance démographique présente des opportunités, mais aussi des défis majeurs, notamment en matière de création d’emplois. Ainsi, pour remédier à cette situation, le gouvernement du Burundi a pas mal d’initiatives telles que le Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes (PAEEJ), pour encourager l’entrepreneuriat et l’innovation chez les jeunes. Mais, à y regarder de près, parmi les jeunes qui ont pris cette initiative entrepreneuriale, les jeunes vivant avec le handicap ne sont pas trop nombreux.
L’un des grands problèmes auxquels font face les personnes vivant avec handicap c’est la culture burundaise qui n’est pas favorable à leur promotion. Certaines burundais décèlent une certaine incapacité en une personne vivant avec handicap. Ce qui a des répercussions négatives sur leur employabilité et sur leur personnalité car elles perdent l’estime de soi. Un autre problème est que la loi burundaise n’est pas claire à propos de l’employabilité des personnes vivant avec handicap. Donc, il y a absence des textes légaux qui donnent aux jeunes handicapées une possibilité d’accéder à l’emploi de façon inclusive.
La scolarisation des jeunes vivant avec handicap permet leur autonomisation sociale et financière
Au cours de notre entretien avec le directeur provincial de l’éducation en province de Cibitoke, Joseph Nyandwi, sur l’éducation inclusive dans cette province scolaire, il s’est réjoui qu’il y a trois ans que les élèves sourds et/ou muets suivent les cours au même titre que les autres. Il se réjouit aussi de la disponibilité des enseignants capables de dispenser les cours. « Au début, on n’avait que deux enseignants en langue des signes au niveau de toute la province qui pouvaient interpréter les signes pour que les apprenants sourds et/ou muets puissent suivre les cours comme les autres. Mais au cours de cette année scolaire 2024-2025, on dispose d’enseignants qui ont des compétences pour accompagner les élèves vivant avec un handicap notamment les sourds et/ou muets. Et c’est grâce à une formation en langue des signes que ces enseignants ont suivie afin qu’ils soient capables d’enseigner ces jeunes et d’autres dits « normaux ». A cet effet, M. Nyandwi salue l’implication des partenaires techniques et financiers dont Fida international-Burundi qui appuient l’éducation inclusive. Dans l’optique de l’éducation inclusive, M. Nyandwi, trouve qu’il y a un grand avantage pour le personnel éducatif de connaître la langue des signes. « Cela leur permet de bien échanger avec les élèves sourds et/ou muets ».
Les sourds acquièrent des compétences pour gagner leur vie
Le représentant de l’association Interprètes en synergie pour le développement des sourds (ISDS) et en même temps point focal des provinces de Cibitoke et Bubanza en éducation inclusive en langue des signes et tout genre d’handicaps, Michel Ntahovyabaye, fait savoir qu’il a été formé pour encadrer les enfants qui ont des besoins spéciaux. Il dit que l’association ISDS a été créée en 2020 et bénéficie de l’appui de différents partenaires dont Fida international-Burundi. Et ce dernier soutient ISDS dans la vulgarisation de l’apprentissage de la langue des sourds dans beaucoup d’écoles inclusives dont les écoles pilotes.
Ainsi, il rassure que les enseignants qui connaissent la langue des signes sont capables de dispenser les cours à l’endroit des élèves dits « normaux » et les sourds et/ou muets. « Ces enseignants traduisent aux sourds et/ou muets, via la langue des signes, la matière qu’ils enseignent ». En plus de cela, les élèves normaux profitent de cette occasion pour apprendre la langue des signes. Cela permet les élèves sourds et/ou muets et ceux qui sont normaux de faire la conversation ou d’échanger à l’aide de la langue des sourds ».
La contribution des sourds et/ou muets est une réalité
Notre interlocuteur signale que l’ISDS a également pris l’initiative de sensibiliser et donner des formations aux sourds et/ou muets pour les amener à travailler ensemble dans des coopératives. Cela dans pour qu’ils puissent initier des projets à mettre en œuvre en vue de leur autonomisation et contribution au développement du pays pour s’aligner à la vision nationale du Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.
Selon lui, dans l’exécution de leurs projets, la langue des sourds et/ou muets sert aux membres des coopératives d’un outil de communication. Il lance ainsi un appel à d’autres personnes vivant avec un handicap de se regrouper dans des coopératives afin de mettre ensemble les idées et d’exécuter les projets de développement. « S’agissant de leurs perspectives l’ISDS dispose d’un groupe de volontaires qui dispense de formation à l’endroit des sourds et/ou muets sur l’élaboration et la mise en œuvre des projets ».
Il lance un appel aux enseignants qui veulent recevoir une formation sur la langue des sourds que l’ISDS afin que les jeunes vivants avec handicap soient accompagnés. Il apprécie en outre le fait que le gouvernement du Burundi a pris en main l’éducation inclusive en mettant en place les écoles pilotes. Il souhaite que ce programme soit étendu dans tout le pays.
Les élèves sourds et/ou muets suivent les cours avec détermination
D’après Jean Népomucène Kayobera, un enseignant au lycée communal Karurama sise au chef de la province de Cibitoke et interprète en langue des signes, pas mal d’élèves sourds et/ou muets fréquentent cette école. Il informe que l’école a commencé sans appui du ministère en charge de l’éducation mais qu’en 2021, l’un des enseignants interprètes en langue des sourds est entré en contact avec le ministre d’alors pour prendre en main l’éducation inclusive.
- Kayobera se réjouit que le gouvernement a répondu à cet appel et témoigne qu’aujourd’hui les enfants sourds et/ou muets suivent les cours sans problème et avec détermination. « Ils réussissent avec beaucoup de points ». Il dit que ces enfants sont bien encadrés et disposent tout ce qui est nécessaire pour effectuer des activités de développement. « Tout cela c’est grâce à l’augmentation des effectifs des enseignants formés en langue des signes ».
Ainsi, M. Kayobera, interpelle les parents qui le peuvent, d’aller apprendre la langue des signes afin qu’ils puissent se faire comprendre avec les sourds et/ou muets. Il demande aussi au gouvernement de sensibiliser les parents afin de leur faire comprendre que les enfants sourds et/ou muets sont comme les autres afin de les scolariser. Pour lui, le gouvernement devrait s’impliquer davantage dans la formation de la langue des sourds à l’endroit d’autres personnes et travaillant dans divers secteurs de la vie nationale afin de faciliter la collaboration et la communication avec les sourds et/ou muets.
Ezéchiel Misigaro
Département de la Documentation
Service Rédaction