La planification familiale est l’ensemble des méthodes et des moyens mis en place pour planifier les naissances. La planification familiale présente des effets secondaires, mais qui sont très minimes comme elle présente aussi des avantages au niveau de la famille et du pays. Cela ressort de l’entretien que nous a accordé Armel Nzeyimana, médecin chef de district sanitaire de Bujumbura Mairie Centre. Il invite les couples et surtout les hommes à prendre conscience de la croissance démographique à, soutenir leurs femmes en ce qui concerne la limitation des naissances par l’utilisation des méthodes contraceptives.
Comme l’indique M. Nzeyimana, en ce qui concerne la planification des naissances, il existe des méthodes naturelles, hormonales, méthode de barrière, mais aussi des méthodes chirurgicales, comme la vasectomie. Il souligne que les méthodes contraceptives qu’on utilise sont des médicaments comme tant d’autres. « Elles manifestent des effets secondaires, mais très minimes, des effets secondaires très graves sont très rarement rapportés pour dire que les femmes, de même que les hommes, ne devraient pas avoir peur d’utiliser ces méthodes. Les petits effets secondaires qu’elles présentent sont des petits saignements qu’on appelle des spottings. Ce sont des saignements minimes qui sont vite et très maîtrisés au sein des hôpitaux ». Notre interlocuteur souligne que d’autres effets secondaires minimes sont le retard des règles et la prise du poids. « C’est pour cette raison que certaines méthodes sont bien indiquées pour certaines femmes. Par exemple, si on a une forte corpulence, il est conseillé de prendre d’autres méthodes que la jadel même si elle est indiquée ».
D’après Dr Nzeyimana, quand on utilise des méthodes contraceptives, il y a également des interactions médicamenteuses comme les ARV qui limitent les effets des contraceptifs. « Mais, là aussi, on a toujours des solutions ».
Quant aux avantages de planification familiale, M. Nzeyimana dit qu’il en présente énormément. « Si on planifie, on a un enfant quand on le veut. Cela favorise l’économie familiale et celle du pays. Pour les femmes rurales, elles obtiennent du temps suffisant pour s’occuper des travaux champêtres. Du point de vue nutritionnel, si on a peu d’enfants, il est facile de les nourrir convenablement. Donc, ils grandissent bien, et pour la femme, cela lui permet de garder une bonne santé » dit Dr Nzeyimana.
En général, ajoute-t-il, la planification des naissances permet d’éviter des grossesses trop nombreuses et rapprochées. La santé de la femme est améliorée mais aussi, cela permet d’éviter les décès maternels. Si on a beaucoup de grossesses non planifiées, il y a un risque de décès maternel.
Des séances nationales d’éducation pour la santé
Parlant des activités réalisées au niveau de ce district en matière de planification familiale, M. Nzeyimana indique que des activités de routine ont été organisées. Le district organise des réunions de sensibilisation à l’intention des administratifs, il coordonne des partenaires qui interviennent dans le secteur de planification familiale. Il organise également des réunions de sensibilisation à l’intention de la communauté, des leaders religieux et de certaines institutions. « Au sein de nos formations sanitaires, il y a des séances matinales d’éducation pour la santé pour lesquelles on fait passer des messages sur la planification familiale. En collaboration avec nos partenaires, il y a pas mal d’activités qu’on réalise au sein de la communauté sous forme d’émissions pour sensibiliser soit les jeunes, soit les femmes à la planification familiale. Donc, on utilise des relais communautaires pour transmettre les messages sur la planification familiale », dit M. Nzeyimana.
Certaines gens ne répondent pas favorablement aux méthodes de planification familiale
Au cours de notre entretien, le chef de district sanitaire de Bujumbura Mairie Centre a déploré le fait que certaines gens ne répondent pas favorablement à ces méthodes. C’est le cas des gens qui disent avoir des moyens pour répondre à tous les besoins de la famille. « Il y en a aussi d’autres personnes qui se marient à plus d’une femme et ne se soucient pas de limiter les naissances. On citerait, entre autres, les membres de la communauté musulmane ». Il parle aussi de certaines communautés chrétiennes qui n’adhèrent pas facilement à l’utilisation des méthodes contraceptives. Cela fait que, selon lui, on soit en perpétuelle communication. « Mais, nous constatons que les tendances ont changé. Ils commencent à prendre conscience de la croissance démographique et sur l’impact sur leur santé et de l’économie », dit-il.
Dr Nzeyimana déplore le fait que dans le district sanitaire de Bujumbura Mairie Centre, les hommes ne comprennent pas très facilement ce que c’est la planification familiale. « On dirait que la planification des naissance concerne uniquement les femmes. Les hommes sont moins impliqués. On aimerait que ces derniers accompagnent toujours leurs femmes, mais le plus souvent, ce n’est pas le cas. Donc, nous continuons à sensibiliser les hommes, non seulement à soutenir leurs femmes, mais aussi à les encourager à utiliser les méthodes contraceptives. Comme ça, la femme se sentira soutenue ».
Viser loin pour le bien des familles
Nous nous sommes également entretenus avec Denise Harerimana, habitante de la zone Bwiza, en mairie de Bujumbura. Mère de 5 enfants, elle trouve que pratiquer le planning familial est une bonne chose surtout pour les familles à faible revenu. Elle souligne qu’elle s’est décidée d’utiliser une des méthodes contraceptives parce qu’elle n’avait pas envie de concevoir encore une fois suite à son niveau de vie très bas. Elle dit que jusqu’à maintenant, elle n’a pas connu de conséquences néfastes liées à la méthode qu’elle utilise.
Selon toujours elle, quand elle est enceinte, elle tombe toujours malade. Elle n’a pas de force car, elle ne mange pas bien alors que c’est elle qui doit chercher de quoi manger pour sa famille. A la naissance du 5e enfant, elle souligne qu’elle a failli mourir de faim. Son mari, n’ayant pas de boulot, il s’intéresse moins à la survie de sa famille. Il est toujours au bistrot et la femme se bat seule pour satisfaire les besoins de ses enfants. « Je fais le petit commerce de fruits pour trouver le loyer, la ration et les habits pour mes enfants » dit-elle.
Ainsi, Mme Harerimana conseille les hommes à prendre conscience de la survie de leur foyer, de mettre au monde des enfants dont ils seront capables d’assurer leur survie et de satisfaire tous leurs besoins. Elle encourage aussi les femmes de viser loin pour le bien-être de leurs familles et de travailler au lieu de se livrer à la débauche, ou compter seulement sur leurs maris.
De son côté, Gloriose Nteziryayo, de Sororezo, en mairie de Bujumbura, dit qu’elle est mariée depuis 2016. Elle a déjà, elle aussi, a mis au monde 5 enfants. « C’étaient des naissances trop rapprochées avec un espacement d’une année seulement. J’ai même utilisé des méthodes artificielles pour espacer les naissances, mais cela n’a pas marché. J’ai essayé l’une après l’autre, mais j’ai été deçue car, j’ai été toujours malade. J’ai perdu du poids. Il y a même un enfant que j’ai conçu étant toujours sous la méthode contraceptive ».
Elle témoigne qu’elle a échangé avec son conjoint en lui proposant de pratiquer la vasectomie, mais son mari n’a pas accepté car, il voulait continuer à procréer. Comme le souligne madame Nteziryayo, c’est à la naissance de leur 5e enfant que son mari a décidé de pratiquer cette méthode. Elle dit que son conjoint est toujours en bonne santé et qu’il est toujours viril sauf qu’il ne peut pas procréer.
Ainsi, Mme Nteziryayo trouve qu’il est très important que le gouvernement et les professionnels de santé fournissent un peu plus d’efforts pour inciter les hommes à partager avec leurs épouses, la responsabilité en matière de l’utilisation des méthodes contraceptives.
Evelyne Niyonzima
Département de la documentation
Service de rédaction