
M. Ndayicariye : « Cette conférence s'inscrit dans le cadre des séries des conférences thématiques qui permettront aux Burundais de connaître le passé » (Photo : Laurent Mpunduziza)
La CVR (Commission vérité et réconciliation) a organisé une conférence thématique, le vendredi 13 décembre 2024, sur l’assassinat de Mgr Gabriel Gihimbare. Selon les présentateurs de la conférence, l’assassinat de Mgr Gihimbare est un assassinat à mobile politique.
Pour le président de la CVR, Pierre Claver Ndayicariye, cette conférence thématique s’inscrit dans le cadre des séries des conférences thématiques qui permettront aux Burundais de connaître le passé. Il a également souligné que les enquêtes marquant la période 1885 à 1973 ont été quadrillées et des rapports détaillés ont été produits dont le rapport englobant tout ce qui a été présenté à l’Assemblée nationale, le 18 septembre 2023. Et d’ajouter que cette conférence a été organisée pour parler aux Burundais; jeunes et enseignants d’histoire de la vérité de la période 1885-1973. Il a ainsi rappelé qu’après ces conférences, la CVR avancera avec d’autres périodes jusqu’à 2008, année de fin de la guerre civile au Burundi.
M. Ndayicariye, appuyé par Aloys Batungwanayo, commissaire à la CVR a ainsi poursuivi par la présentation du mobile de l’assassinat de Mgr Gabriel Gihimbare, commençant par les origines. Il a ainsi signalé que Gabriel Gihimbare était natif de Bihororo, commune Giheta de la province de Gitega. Selon ces deux présentateurs, Mgr Gihimbare a été assassiné à Mureke (Kwiyanza) dans la commune Busoni de la province de Kirundo, alors qu’il était parti dire au revoir aux militaires du camp de Murehe pour lesquels il était aumônier, après sa nomination au poste d’évêque auxiliaire de Gitega par Vatican. Ce dernier venait de la classe, portant un gibier sur ses épaules et a été assassiné fusillé confondu à un ennemi venu de l’extérieur. M. Ndayicariye a ainsi rappelé que le retour sur l’assassinat de Mgr Gabriel Gihimbare permettra aux générations futures de découvrir la vérité et repérer sur les erreurs commises dans le passé. Il a indiqué que d’autres conférences thématiques sur les assassinats d’autres personnalités seront organisées dans ce cadre.
Un meurtre à mobile politique
Pour M. Ndayicariye et M. Batungwanayo, la mort de Gabriel Gihimbare est un meurtre qualifié d’atteinte à la vie, un assassinat à mobile politique selon le code pénal de 1940 en vigueur. Ils ont poursuivi que cet assassinat s’inscrit dans le contexte d’exclusion et d’élimination des cadres hutu. Ils ont indiqué que l’assassinat de ce dernier est une responsabilité du tireur (Caporal Bavumiragira), le commandant Rusiga ainsi que l’Etat burundais d’alors.
Néanmoins, les présentateurs ont dégagé quelques recommandations à l’endroit de l’Etat notamment la reconnaissance que les services de l’Etat dont l’armée ont planifié l’assassinat de Mgr Gabriel Gihimbare et ont exécuté un homme innocent. L’Etat se doit de faire une déclaration publique condamnant l’assassinat de Gihimbare et l’impunité de ses assassins. Ils ont également recommandé à l’Etat d’ériger des monuments en mémoire de ce dernier.
Toutefois, le président de la CVR a interpellé les Burundais de se libérer des faits du passé par la vérité. Selon lui, lorsque le passé violent n’est pas traité, il ne passe pas et il est transféré sur des générations futures.
Laurent Mpundunziza