
M.Shingiro: « Il appartient au Burundi de choisir des partenariats en tenant compte des intérêts vitaux de la population ». (Photo Martin Karabagega)
Le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov, a effectué une visite de travail au Burundi, le mardi 30 mai 2023. Il a été accueilli à l’aéroport international Melchior Ndadaye par son homologue burundais Albert Shingiro. Les échanges avec son homologue burundais ont été fructueux.
Au cours de sa visite au Burundi, Sergueï Lavrov a fait un entretien bilatéral à huis clos avec son homologue burundais Albert Shingiro. Lors d’un point de presse que les deux autorités ont tenu à la sortie de l’entretien, M.Shingiro a fait savoir que c’est la première fois dans l’histoire de nos relations qui viennent de durer 60 ans, que le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie arrive au Burundi. Cette visite intervient à la suite d’une visite que M.Shingiro a effectuée en Russie au mois de mars 2023 pour échanger et approfondir davantage les liens d’amitié, de solidarité et de fraternité entre nos deux pays.
Les relations entre le Burundi et la Russie sont des relations basées sur la confiance et le respect mutuel. M.Shingiro a affirmé que les échanges qu’il a faits avec Sergueï Lavrov sont fructueux, car ils ont exploré les voies et moyens de renforcer les liens de solidarité et de fraternité dans des domaines variés. Les deux autorités ont aussi passé en revue la dimension régionale dans la gestion des conflits du continent africain mais aussi les enjeux globaux auxquels le monde fait face.
Signer les accords de coopération
Pour la coopération bilatérale, M.Shingiro a fait savoir qu’ils ont passé en revue les progrès tangibles déjà enregistrés et ont identifié des défis. « Nous nous sommes aussi projetés dans l’avenir pour voir comment diversifier davantage les domaines de coopération », a dit M.Shingiro. Les accords de coopération sont en train d’être préparés et seront signés lors du prochain sommet Russie-Afrique qui se tiendra à Petersburg en Russie au mois de juillet de cette année. Ces accords seront ceux d’intérêts communs comme l’éducation, la santé, la fonction publique, l’énergie, la justice mais aussi l’usage de l’énergie nucléaire à des fins civiles, a-t-il ajouté.
Restauration durable de la paix en RDC
En ce qui concerne la dimension régionale dans la gestion du conflit et des paradoxes sur le continent africain, M.Shingiro a indiqué qu’il a expliqué à Sergueï ce que le chef de l’Etat burundais Evariste Ndayishimiye est en train de faire dans la sous-région pour restaurer la paix, non seulement chez les voisins mais aussi au delà de nos frontières en l’occurrence en Somalie et en RCA. En tant que président en exercice de la Communauté est-africaine et en même temps président du mécanisme du suivi de l’accord-cadre de coopération, paix et sécurité en RDC et la sous-région mais également champion de l’Union africaine pour l’agenda paix et sécurité, il est en train de s’impliquer pour restaurer durablement la paix en RDC avec l’appui de ses pairs de la sous-région.
Prendre une position de neutralité face à la situation en Ukraine
En ce qui concerne les enjeux globaux, les deux autorités ont parlé des conflits que l’on a dans le monde. Pour ce qui est de la situation en Ukraine, M.Shingiro a fait savoir que le Burundi a choisi d’être du côté des solutions que d’être du côté des problèmes. Nous avons pris une position abstentionniste, une position de neutralité, de non alignement pour éviter que ce conflit puisse atteindre d’autres régions notamment le continent africain et c’est la position de la plupart des pays africains sur cette question.
M.Shingiro a souligné l’importance du choix des partenariats bilatéraux avec des pays. M.Shingiro a insisté sur la souveraineté. Il appartient au Burundi de choisir des partenariats en tenant compte des intérêts vitaux de la population. M.Shingiro a donné l’exemple de la citation de Nelson Mandela qui dit : « L’ennemi de ton ennemi n’est pas nécessairement ton ennemi et l’ami de ton ami n’est pas nécessairement ton ami ».
Sur la situation en Ukraine et les autres conflits sur le continent africain, M.Shingiro a indiqué que la position du Burundi est de faire en sorte que les Etats membres des Nations unies puissent recourir aux différents outils diplomatiques que nous offre la diplomatie préventive notamment la coopération, le dialogue, les bons offices, les négociations pour éviter que des conflits surgissent. Quand ils surgissent, a dit M.Shingiro, il faut éviter qu’ils ne s’étendent comme des feux de brousse. Le Burundi conseille aux parties en conflits que ce soit en Ukraine ou ailleurs, d’emprunter la voie du dialogue le plus rapidement possible. En temps de guerre, il n’y a personne qui est gagnant car, la guerre laisse derrière elle les ruines, la désolation, les orphelins et les veuves.
Sur les orientations du chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye, le Burundi a opté une politique étrangère qui s’ouvre au monde et nous tenons compte des spécificités de chaque partenaire.
Augmentation des quotas de bourses pour les étudiants burundais en Russie
Prenant la parole à son tour, M. Sergueï a indiqué que pour l’année 2023, la Fédération de Russie va poursuivre la coopération en matière de la santé notamment la lutte contre les maladies infectieuses. Dans les perspectives d’avenir, « il y aura un sommet Russie-Afrique au mois de juillet de cette année et nous souhaitons une participation de haut niveau de la part du Burundi. Dans le domaine de l’éducation, a dit M. Sergueï, la Fédération de Russie a augmenté le quotas de bourses pour les étudiants burundais en Russie au cours de l’année 2023-2024 ». L’entretien bilatéral entre ces deux autorités a été clôturé par l’échange de cadeaux.
Martin Karabagega