Les pays africains y compris le Burundi continueront de puiser dans leurs poches pour acheter des médicaments importés de l’Inde en raison d’un régime commercial défavorable. Cela a été indiqué par les responsables du Pharmexil (Conseil indien de promotion des exportations pharmaceutiques) lors d’une visite des journalistes venus des pays de l’Afrique et de l’Asie. Cette visite organisée par le ministère en charge des Affaires étrangères de l’Inde a eu lieu du 7 au 15 juin 2025.

Selon les responsables du Pharmexil (Conseil indien de promotion des exportations pharmaceutiques), les entreprises indiennes sont contraintes d’engager des coûts supplémentaires, tels que des frais récurrents d’approbation et d’inspection, des dépenses de promotion et de marketing, ainsi que des frais de transport.
De plus, a indiqué Sumantha Chaudhary, conseiller à Pharmexcil, en raison des retards d’enregistrement et du manque d’harmonisation réglementaire, les pays africains ne disposent pas de médicaments les plus récents, les produits arrivent sur le marché, les prix étant déjà changé. « Il faut entre quatre et cinq ans aux entreprises indiennes pour obtenir les autorisations pour acheminer les médicaments sur le continent africain, ce qui limite la disponibilité de ces médicaments et vaccins », a-t-il déclaré aux journalistes d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe.
Et d’ajouter : « Si cela prend autant de temps, cela signifie que les prix augmenteront. Les traitements deviennent trop chers, et vous serez surpris de constater que certains patients trouvent moins cher de se rendre en Inde pour se faire soigner ».
L’absence des plateformes harmonisées et coordonnées, un autre défi
Selon M. Chaudhary, l’absence de plateformes harmonisées et coordonnées permettant aux Etats africains d’importer des médicaments et vaccins constituait également un obstacle. « Par exemple, la Communauté de l’Afrique de l’est avait indiqué qu’elle reconnaîtrait conjointement l’approbation des médicaments pour l’approvisionnement au sein de la communauté, mais cela n’a pas encore été fait. Cela signifie qu’il faut plus de temps pour traiter avec chaque Etat séparément. Les institutions chargées de la réglementation en Afrique doivent trouver un moyen de rationaliser les processus d’approbation », a-t-il déclaré. Il a aussi noté que le Kenya était la troisième destination des produits pharmaceutiques indiens en 2024-2025, après l’Afrique du Sud et le Nigéria.
À cet égard, ils ont noté que la petite taille des marchés et la faiblesse du commerce intra-africain ont contribué aux difficultés d’approvisionnement de l’Afrique, ainsi qu’à l’établissement de bases de production sur le continent. «Prenons l’exemple de la fabrication d’un sirop à Nairobi. Il faudrait quand même se procurer de la quasi-totalité des matériaux, y compris les bouteilles, ici [en Inde], car ils ne sont pas disponibles là-bas. Cela signifie que le coût final sera très élevé et se répercutera sur le produit » a expliqué le directeur de Pharmexcil Rollins John. il a également ajouté que même s’ils peuvent être formés, il faudra toujours disposer de techniciens compétents pour la fabrication.
Rollins John, directeur de Pharmexcil, a ajouté qu’il est nécessaire d’inciter les investisseurs en concluant des accords régionaux coordonnés qui permettraient à une entreprise de s’implanter dans un pays et d’approvisionner toute la région. «Le fait de nous implanter au Kenya comme dans tout autre pays africain et que nous ne pouvons vendre que dans ce pays, ne suffira pas à assurer notre survie. Cette entreprise doit pouvoir vendre dans les pays voisins pour assurer sa viabilité commerciale », a-t-il expliqué.
« Malheureusement, les relations intra-pays ne sont pas suffisamment solides pour permettre la mise en place d’un tel accord », a déclaré M. John. Pharmexcil est une agence d’Etat chargée de promouvoir les exportations pharmaceutiques indiennes.
Elle a été créée en mai 2004, dans le cadre de la politique de commerce extérieur du ministère du Commerce et de l’industrie, afin de faciliter les exportations de produits pharmaceutiques indiens et produits connexes.

Les exportations pharmaceutiques indiennes vers l’Afrique ont connu une forte hausse au cours des deux dernières décennies, passant de 75 millions de dollars en 2007 à près de 3,93 milliards de dollars en 2025, soit une multiplication par plus de cinq. Selon les données présentées aux journalistes, l’Afrique du Sud est restée la première destination malgré une baisse de 5,62 % en glissement annuel, suivie du Nigéria et du Kenya, qui ont respectivement affiché une croissance modérée de 5,36 % et 3,71 %. Des pays comme le Zimbabwe (91,55 %), le Kenya (48,29 %) et le Nigéria (45,17 %) ont enregistré de fortes hausses, indiquant un rebond de la demande.
Moïse Nkurunziza