
La grande majorité de ceux qui consomment des drogues sont des démunis qui n'ont pas de moyens de se faire soigner, selon Claudine Nshimirimana
La consommation des drogues constituent une menace pour la société burundaise. Certaines associations travaillent pour l’éradication de ce phénomène ou du moins pour réduire les risques y relatifs. L’assistante sociale de l’Association burundaise pour un monde de paix sans drogues (ABMPD), Claudine Nshimirimana parle de la contribution de cette dernière. Elle affirme que depuis les trois premiers mois de l’an 2022, au moins 7 349 personnes composées de 5 559 hommes et de 1 790 femmes (soient 76% d’hommes contre 24 % de femmes) ont été sensibilisées sur la réduction des risques liés aux drogues.
«Au cours de ce premier trimestre, 572 personnes ont bénéficiés des services offerts par le centre de notre association pour réduire les risques de la consommation des drogues », indique Mme Nshimirimana. Notre interlocutrice explique la stratégie utilisée pour gagner le pari. « D’abord nous avons commencé à identifier les consommateurs des drogues. Nous avons également fait un inventaire des lieux chauds et âpres. Nous avons formé les pairs éducateurs qui nous aident à sensibiliser les autres, ce qu’on appelle le social mapping. Nous orientons les personnes consommatrices de drogues vers notre centre pour bénéficier de soins médicaux, du dépistage ainsi que des kits de réduction des risques ».
Des anciens consommateurs de drogues témoignent
Selon l’assistante sociale de l’Association burundaise pour un monde de paix sans drogues, le centre dispose actuellement de jeunes qui témoignent avoir abandonné la consommation des drogues. Certains jeunes rencontrés à ce centre affirment que l’abandon de la consommation des drogues est un combat difficile à mener mais possible à gagner. « C’est difficile mais possible si le consommateur de ces drogues trouve une personne fidèle qui l’accompagne », témoigne Kévin Ndayisaba. Ce jeune affirme avoir pris des stupéfiants pendant dix sept ans. Pendant ce temps, il regrette la vie misérable qu’elle a vécue et les pertes énormes enregistrées suite à cette situation chaotique. « J’ai raté mon deuxième année à l’université. Ma femme et nos deux enfants sont retournés chez mes beaux-parents ».
La prénommée Mimi affirme avoir réussi à abandonner la consommation des drogues et qu’elle s’est donné l’initiative d’aider les autres à s’en sortir. Tous ces jeunes divergent sur les raisons qui les ont poussés à se livrer à la consommation des drogues. Ils convergent sur la part de faux amis dans leur initiation à la consommation des ces derniers.
Mme Nshimirimana dit que le centre Nyumviriza s’occupe beaucoup des enfants en milieu scolaire et des enfants de la rue qui sont hébergés dans le centre Enfants-soleil de Jabe. «Depuis le mois de janvier à février 2022, 5 603 personnes composées de 4379 hommes et de 1 224 femmes ont fréquenté notre centre ».
Les consommateurs des drogues sont de différentes catégories
Selon le rapport de la récente étude (2017) commanditée par le ministère en charge de la santé, 74% des UDI (usagers des drogues injectables) étaient des célibataires, 15% étaient des divorcés tandis que 8,7% étaient des mariés. Comme le montre cette étude, la plupart des usagers des drogues injectables sont des jeunes d’entre 18 à 24 ans et seuls 30 % avaient 30 ans et plus.
Selon la même étude et compte tenu de l’analyse du lieu de résidence ; 18,2% vivaient dans leurs familles tandis que 45,5% vivaient avec leurs amis et 27,3 % vivaient sur les trottoirs et dans les rues.
Les parents sont appelés à privilégier le dialogue
Mme Nshimirimana conseille aux parents de savoir comment communiquer avec leurs enfants consommateurs des drogues et de ne pas les faire emprisonner. Elle demande également l’appui des ministères ayant la santé et la solidarité dans leurs attributions. « La grande majorité de ceux qui consomment des drogues sont des démunis qui n’ont pas de moyens de se faire soigner ». Elle demande enfin que les commerçants des stupéfiants tels que l’héroïne, la cocaïne, et plus, soient punis sévèrement et exemplairement au même titre que les consommateurs.
Moïse Nkurunziza