Nul n’ignore l’importance du café dans l’économie burundaise. Elle représente l’essentiel des structures industrielles et des recettes en devise car elle constitue un des produits industriels exportés par notre pays. Le café génère aussi des revenus importants pour les caféiculteurs. La production réussie de cette culture nécessite la création des établissements financiersexclusifs.
Selon Emmanuel Nyandwi, la culture du café a une valeur importante au sein de la population et du pays, car il contribue beaucoup dans la survie de la population en général et en particulier dans la mise en exécution des divers projets de développement durable. Ainsi, il informe que sa colline est l’une des collines productrices du café cerise de la commune Bururi. «Nous enregistrons à chaque campagne une production variante en fonction du climat ». Il ajoute que le champ du café de Mirwa ne peut donner qu’une bonne production une fois les deux ans. « C’est-à-dire que si cette année il a donné, par exemple, une production d’une tonne, l’année prochaine il donnera une très petite quantité, au moins deux cent ou trois cent kilogrammes faute d’un bon entretien en fertilisants pour les champs caféicoles ».
D’après M. Nyandwi, le café cohabite bien avec d’autres plantes, notamment les arbres agro-forestiers, les bananiers. Cela donne une autre valeur ajoutée en ce qui concerne la maximisation des récoltes variées et l’augmentation de la production agricole souligne-t-il. Il affirme en outre que la culture du café offre un grand avantage aux caféiculteurs en particulier et à l’Etat en général en ce sens que les agriculteurs gagnent des revenus qui leur permettent de satisfaire leurs besoins fondamentaux « Au moment du paiement, chaque caféiculteur reçoit de l’argent inversement proportionnel à l’énergie engagée».
Notre interlocuteur rencherit en disant qu’il faut fournir encore plus d’efforts pour sensibiliser la population afin qu’elle puisse continuer davantage de s’atteler à la promotion de cette plante pour augmenter la production. Le Burundi aura une grande production à exporter, comme le numéro un burundais ne cesse de le dire. Cela permettra d’atteindre la Vision du pays, Burundi, pays émergent en 2040, pays développé en 2060 ».
Encourager les caféiculteurs
Le chef adjoint de la colline Tongwe en commune Bururi précise également quelques stratégies pour encourager les agriculteurs du café. Il cite entre autres l’encadrement des caféiculteurs pour corriger les erreurs et agir face aux défis qui ont affaibli la production au cours des saisons antérieures dans le but d’augmenter la production. Pour encourager les caféiculteurs et les amener à cultiver davantage cette plante et avoir une production suffisante, M. Nyandwi trouve qu’il faut que ces derniers s’organisent en coopératives. « Cela, parce que c’est à travers ces coopératives que les agriculteurs pourront savoir le prix du café à vendre eux-mêmes au marché international, jusqu’actuellement méconnus par les caféiculteurs ». Selon lui, la privatisation du secteur café ne contribuera qu’à rendre riche les sociétés privées qui exportent le café au détriment des caféiculteurs.
Parlant toujours de la culture du café, le chef de la colline Tongwe propose qu’elle soit gérée par l’Etat pour une plus value aux caféiculteurs. « Il serait aussi pertinent de revoir à la hausse, le prix du café par le kilogramme pour encourager les caféiculteurs sans oublier qu’elle fait entrer plus des recettes dans le trésor public.
Prendre conscience des énergies des caféiculteurs
De son côté, Acquélin Manirabona, un des caféiculteurs de la même colline précise que le prix du kilogramme du café mérite d’être revu à la hausse compte tenu des efforts que le cafeiculteur déploit pour l’entretien des champs. A cet effet, il trouve qu’il serait important qu’un kilo soit acheté à 10 000 FBu, pour compenser toutes les forces et les dépenses engagées par le cultivateur », souligne-t-il.
Selon lui, dans le but de valoriser le café et d’améliorer la production il suggère la mise en place des institutions financières permettant aux caféiculteurs d’avoir un accès facile aux crédits pour s’atteler convenablement à cette culture en vue d’augmenter la production. Il signale en outre que le phénomène de l’usure appelé communément « Umurwazo » qui s’observe chez les caféiculteurs découle du manque de moyens financiers pour assurer leur survie. « Le non-accès aux crédits serait aussi un des maux qui minent ces caféiculteurs »,a-t-il enchéri.
M. Manirambona n’a pas oublié de parler lui aussi de l’importance du café dans la survie des familles. « Les recettes qui découlent de cette plante permettent aux ménages d’assouvir les besoins fondamentaux. L’Etat bénéficie aussi des devises dont il a besoin pour réaliser différents projets pour accroitre l’économie nationale dans le but de répondre favorablement à ses différentes dépenses publiques ».
Un encadrement de proximité des caféiculteurs
Jean Bosco Masabarakiza, le moniteur agricole de la même colline précise des mesures qu’il faut adopter pour encourager la filière café. Il affirme également qu’à chaque campagne, le moniteur agricole a un devoir de visiter les champs de café en vu de voir et de réaliser une production préétablie. Il explique les raisons qui font que les plants ont sensiblement diminué. Les insectes rongeurs du café se multiplient sans précaution curative, les plants de café qui ont été plantés sous la colonisation belge méritant d’être remplacés.
M. Masabarakiza n’a pas oublié de mentionner que le prix bas du café cerise affiche une image destructrice du café car le caféiculteur compare le prix du café par kilo à celui du manioc qui est annuellement revu à la hausse.
Accompagner la vision du pays
Selon le chef adjoint de la colline de Tongwe, poursuivre l’orientation du pays est un devoir de toute la population de pouvoir partir ensemble en vue d’arriver ensemble à un pays émergent en 2040 et développé en 2060. Il dit également que le café a et aura une place la plus pondérante pour accompagner la vision burundaise. Il appelle donc tous les acteurs intervenant dans la culture du café de se rappeler à la place occupée par le café pour le développement d’un pays et de s’y intéresser tous davantage.
Des appels sont à soulever
Tous nos interlocuteurs partagent le même son de croche. Ils lancent un appel vibrant à l’Etat en général de vouloir continuer à encourager le caféiculteur de soutenir l’augmentation de la production en multipliant les agronomes de proximité et rendre disponible les engrais chimiques, laisser les caféiculteurs d’avoir un mot sur sa production , hausser le prix d’un kilo du café cerise comparativement aux autres produits non exportés et de leur rendre un accès facile à l’octroi de crédit au sein des institutions financières. Et en particulier aux caféiculteurs de continuer à s’impliquer davantage à l’augmentation de la production caféicole, l’une des sources de bien vouloir accompagner pleinement la vision du pays burundais.
Jean Claude Mpawenimana
Abel Ndikumana(Stagiaire)