Depuis l’avènement de l’indépendance, le Burundi connait plusieurs partis politiques. Après l’indépendance, le pays de « lait et de miel » s’est retrouvé dans la monocratie et, plus tard, au début des années 1990, les Burundais ont choisi de continuer avec le multipartisme. Actuellement, le Burundi connaît une quarantaine de formations politiques. Toutefois, pendant plus de 60 ans, à l’instar de ce qui vient de se passer au parti CNL (Conseil national pour la liberté), les partis politiques du Burundi connaissent des scissions internes qui engendrent des branches d’un même parti politique. Le Révérend père Désiré Yamuremye, politologue, nous donne son analyse, étale les raisons de ces chicaneries internes au sein des partis politiques et suggère certaines solutions pour en finir avec cette problématique.
« S’associer c’est se convenir sur des choses qu’on veut réaliser ou qu’on veut faire. Les partis politiques sont composés par des gens qui se conviennent, qui se mettent ensemble, forment un comité, cherchent des membres pour chercher l’accès au pouvoir », fait remarquer, le père Désiré Yamuremye, l’analyste politique. Parlant des divisions entre les partis politiques, il rappelle qu’il y a, même dans d’autres pays comme la France, des conflits d’accès au pouvoir exercé à l’intérieur des partis politiques mais aussi au pouvoir auquel ils prétendent compétir. « Au Burundi, la scission ou les incompréhensions au sein des partis politiques, c’est une dynamique très vieille qui s’est manifestée depuis le début du multipartisme au Burundi. Allez voir les années 1959, en 1961 avec l’Uprona, les divisions au sein du parti du peuple (P.P). Plus tard, il y a eu cassure du multipartisme avec Michel Micombero qui a instauré la Première République », analyse le politologue Yamuremye.
En 1993, il y a eu émergence des partis politiques, les uns convaincus d’autres pour certaines raisons car, celui qui avait un parti politique bénéficiait d’un véhicule. « Donc, il y a des gens qui ont créé des partis politiques pour cette cause. Je reviens aussi à la dynamique de différentes rebellions qui ont existé au Burundi qui affirmaient qu’elles militaient pour la libération du peuple opprimé. Commençons depuis la fondation du Palipehutu en 1971 ; quelques années plus tard, en 1991, il y a eu cassure et la naissance du FNL [Force nationale de libération, NDRL] et le Palipehutu est resté sous la direction d’Etienne Karatasi », explique-t-il.
De l’autre côté du CNDD (Conseil national pour la défense de la démocratie), il y a eu des cassures qui ont fait naitre l’autre branche CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie). Les Burundais ont suffisamment expérimenté des incompréhensions et des cassures qui ont continué au sein des mouvements armés. « Même en 2005, les uns sont partis d’autres sont restés. Regardez le parti Frodebu. [ Parti du héros de la démocratie, NDRL], où en est-on aujourd’hui ?
Trois principales raisons, base de tous les maux et incompréhensions au sein des partis politiques
Le politologue Désiré Yamuremye évoque trois principales raisons qui sont à la base des incompréhensions et scission au sein des partis politiques au Burundi. En premier plan se positionne le problème de leadership. « Celui qui est à la tête veut s’y maintenir à tout prix ». En deuxième lieu, il y a la logique de l’exclusion. Celui qui est à la tête veux exclure les autres. « Je pense même que c’est ce qui vient de se passer au parti CNL. Le bureau politique se casse parce qu’il y a eu la volonté d’exclure certains membres du bureau politiques qui se sont sentis lésés. Voilà, c’est ça le nœud du problème [qui vient de secouer le parti jusqu’au remplacement de l’honorable Rwasa Agathon à la tête dudit parti, NDRL].
La troisième raison est que les gens s’associent sans avoir la même idéologie. Le politologue Yamuremye ne comprend pas pourquoi le Burundi compte une quarantaine de formations politiques. « Je ne crois pas qu’il y a plus de 40 idéologies dans ce pays. Je me rends compte qu’il y a ceux qui prennent le luxe de créer des partis politiques pour être nommés probablement président du parti. Il y a des gens qui aiment ce titre ».
Quatre solutions suggérées
Le politologue Yamuremye suggère certaines solutions qui peuvent contribuer à éviter la scission des partis politiques. Premièrement, il conseille aux Burundais d’éviter de faire « la politique politicienne » mais de s’engager en politique quand ils veulent faire ou réaliser le bien-être social de la population. Deuxièmement, il conseille aux politiques burundais de bien lire et de savoir les règles du jeu et de les respecter. Les Burundais doivent faire une auto-évaluation afin que chacun sache de quoi il est capable.
Les Burundais se heurtent au défi de ne pas accepter la défaite et ont toujours tendance à justifier leur sort. Toutefois, Désiré Yamuremye trouve qu’il faut que le perdant accepte la défaite et félicite le gagnant car, après tout, le Burundi appartient à tout le monde.
Moïse Nkurunziza