Malgré le manque d’un orthophoniste, l’Association pour vaincre le bégaiement au Burundi (AVBB) fait de son mieux pour donner sa contribution à ceux qui ont un problème de bégaiement afin de le surmonter. C’était lors d’un entretien accordé au journal Le Renouveau du Burundi par le représentant légal de l’AVBB, Céléus Bakuzurusaku, le lundi 24 octobre 2022. Le gouvernement devrait accorder des bourses d’études aux étudiants pour aller se spécialiser en orthophonie à l’étranger et revenir se consacrer à la prise en charge des problèmes de bégaiement.
Le bégaiement est un trouble du langage qui se caractérise par l’interruption de la parole ou la répétition des syllabes empêchant de dire ce que l’on souhaite exprimer; que ce soit une phrase ou un mot. Malheureusement, il n’y a pas de médicaments permettant de soigner efficacement le bégaiement. Mais être bègue n’est pas une fatalité, a fait savoir M. Bakuzurusaku. Selon notre interlocuteur, il existe certains moyens qui peuvent aider à surmonter ce défi, entre autres, la respiration, l’élocution, la prise de parole, etc. Ces méthodes permettent, séance après séance, de faire diminuer le bégaiement.
« Bien que nous n’ayons pas un expert orthophoniste au sein de notre association, nous essayons de faire de notre mieux pour aider des personnes bègues. Un de nos membres anciennement bègue s’exprime actuellement sans difficultés. Celui-ci donne des témoignages de son expérience et ce qu’il a fait pour guérir. En plus de cela, il encourage et conseille d’autres bègues ce qu’il faut faire et certains moyens à utiliser pour améliorer leur langage », a-t-il indiqué. Il reconnaît également des améliorations qui s’opèrent grâce à l’utilisation de ces moyens aidant à surmonter le bégaiement.
Les bègues font face à différents défis
Pour le représentant légal de l’AVBB, au Burundi, le bégaiement n’est pas suffisamment pris au sérieux par les organes habilités. Car, a-t-il expliqué, les bègues sont considérés comme des personnes ayant un « simple » problème de langage. Mais, le bégaiement est un handicap de langage qui mérite une attention particulière. Cette considération de bégaiement aggrave les défis auxquels les bègues font face dans les différents domaines de la vie notamment dans leur entourage, dans le milieu scolaire et professionnel.
« A titre d’exemple, quand un enfant est né dans une famille avec le problème de bégaiement, certains parents pensent que leur enfant ne sera pas capable d’étudier. Certains autres ne l’amènent pas à l’école à temps et il y en a même qui le gardent à la maison pour lui consacrer uniquement aux travaux manuels », a poursuivi notre interlocuteur. Une fois à l’école, a-t-il continué, les élèves bègues n’échappent pas aux moqueries de leurs camarades quand ils prononcent certains mots ou phrases. Aussi, parfois certains enseignants ne comprennent pas à suffisance leur situation. Par voie de conséquence, déplore M. Bakuzurusaku, ce traitement les pousse à se sentir discriminés et certains d’entre eux décident d’abandonner l’école alors qu’ils étaient des enfants intelligents.
M. Bakuzurusaku demande au gouvernement, une fois que des occasions d’octroi des bourses d’études à l’étranger se présentent, d’accorder aussi des bourses aux étudiants qui devraient aller se spécialiser dans la discipline d’orthophonie. Cela permettrait au Burundi de disposer des orthophonistes pour se consacrer à la prise en charge des problèmes liés au bégaiement.
Claude Hakizimana