L’automédication consiste à consommer un médicament sans l’avis préalable du médecin. Cette pratique est dangereuse et peut même conduire à la mort. Les professionnels œuvrant dans le secteur de la santé encouragent le citoyen malade à se rendre aux structures sanitaires pour consulter un médecin avant de prendre un médicament.
« L’automédication est une pratique très mauvaise », martèle Dr Sylvain Pierre Nzeyimana, président de l’Ordre des médecins du Burundi. Selon ce professionnel de la santé, prendre les médicaments qui ne sont pas prescrits par un médecin n’est pas différent de s’auto empoisonner. Pour montrer qu’il s’agit d’un réel danger, Dr Nzeyimana a donné des exemples parmi quelques médicaments les plus accessibles à la population. « Vous savez que le paracétamol est un médicament facile à trouver et qui est vendu à moins cher. Mais il s’agit d’un médicament extrêmement dangereux qui cause de nombreux décès », avertit-il. Il indique que la consommation excessive de ce médicament cause l’hépatite fulminante, une inflammation du foie assez spontanée qui emporte la vie de la personne atteinte.
Certains antimicrobiens perdent leur efficacité
Le président de l’Ordre des médecins pointe également du doigt les utilisateurs des médicaments utilisés comme antibiotiques ou antiviraux comme l’ibuprofène. « Il y a des personnes qui sont aujourd’hui obligées de faire la dialyse à cause de la prise de l’Ibuprofène », indique-t-il. En outre, certains médicaments, notamment les antimicrobiens perdent leur efficacité dans la lutte contre les microbes. Ce qui peut constituer un problème dans l’avenir. Cependant, même si le spécialiste rappelle à la population que le médicament peut être un poison malgré son rôle curatif, il affirme que certains médicaments peuvent être utilisés sans prescription médicale.
« La majorité des gens n’hésitent pas à prendre une dose de quinine sans consulter un prestataire de soins. S’ils se blessent ou sentent une irritation à la gorge, ils prennent une dose d’Ibuprofène sans l’avis d’un médecin. Les pharmacies ne servent toute personne qui recherche chez elles des médicaments sans même exiger l’ordonnance médicale.
Et d’ajouter que les médicaments guérissent les maladies mais, quand ils sont mal utilisés, ils peuvent mettre en danger la santé des personnes. Il peut y avoir aussi la résistance quand une personne prend un médicament sans respecter les doses ou quand elle prend des médicaments pour une maladie qu’il n’a pas. Quand par la suite cette maladie survient et qu’on lui administre les mêmes médicaments , on se heurte à une résistance car, au départ , il les a pris au moment inopportun et sans prescription médicale.
Difficultés liées à l’accès aux structures sanitaires
Dr Nzeyimana cite notamment le problème lié à la proximité avec les médecins ou à la pauvreté. « Peut-être que bon nombre de gens font recours à l’automédication à cause de l’insuffisance du personnel médical », indique-il. Pour lui, la pauvreté pourrait être une autre raison de ne pas fréquenter les structures de soins.
Le président de l’Ordre des médecins du Burundi considère que blâmer les seules personnes qui pratiquent l’automédication serait injuste. Selon lui, il faut parler de façon globale. « Que chacun fasse tout ce qu’il doit faire pour essayer de changer les choses », dit-il.
Eliane Nduwimana