Assurer, c’est garantir la protection par la couverture d’un risque, en contrepartie du versement d’une prime. Ce sont les propos de Rénovat Gahungu, administrateur Directeur général de l’Ucar qui estime que les Burundais accusent un manque criant d’information dans le domaine de l’assurance.
Invité à donner la définition classique de l’assurance, M. Gahungu indique que c’est la couverture qui est donnée par une compagnie d’assurance moyennant le paiement d’une prime ou cotisation. « Par exemple, si tu fais assurer ta maison et que celle-ci vient à prendre feu, l’assureur va t’indemniser, te protéger, te rétablir dans tes droits en te procurant une indemnisation qui permet d’en construire une autre. Il faut alors que tu paies, en contrepartie de cette couverture qui est donnée par l’assureur, une prime ou une cotisation. », dit-il.
Parlant des branches d’assurances, l’interlocuteur signale que l’on distingue les assurances dommages et les assurances vie. La première catégorie concerne les dommages aux biens (assurance automobile, assurance incendie, assurance transport des marchandises, etc.) et regroupe les assurances qui protègent ou essaient de remettre en l’état le bien ayant subi le dommage, tandis que les assurances vie reposent exclusivement sur les personnes physiques.« A l’intérieur de l’assurance vie, il y a les contrats vie classiques, les contrats vie décès, les contrats protection des crédits, les contrats frais funéraires, etc. » Ce sont des contrats où un souscripteur ou un client, paie annuellement une prime en contrepartie d’un capital assuré. S’il y a un décès ou une invalidité totale permanente, l’assureur paie le capital indiqué au contrat. En cas de décès, ce sont les ayants droit du souscripteur qui bénéficient de cette indemnité »,explique-t-il. L’autre mode de gestion repose sur le principe de capitalisation et s’applique à certains contrats d’asssurance vie.
Gestion par répartition et gestion par capitalisation
Interrogé sur le mécanisme de fonctionnement de l’assurance, notre interlocuteur signale qu’au niveau du principe assurantiel, l’assureur connait ce que l’on appelle «l’inversion du cycle de production» : il fixe le prix à la souscription mais il ne connait pas le coût de revient, le coût du sinistre par exemple. «Lorsque vous faites assurer votre voiture à hauteur de 100 000 FBu par an, l’assureur connait le prix à la souscription (prime) mais ignore ce que coûtera le sinistre s’il survient (indemnisation). Pour ce qui est du mécanisme de gestion des assurances dommages, c’est une question de mutualisation des risques.C’est le principe de gestion par répartition. L’autre mode de gestion repose sur le principe de capitalisation et s’applique sur certains contrats d’assurance vie».
Eduquer à développer la culture de l’altruisme
Répondant à notre question en rapport avec le faible intérêt de beaucoup de Burundais à la souscription de l’une ou l’autre police d’assurance, Rénovat Gahungu place la responsabilité de cette situation sur deux côtés, c’est-à-dire au niveau des pouvoirs publics qui devraient rendre certains produits obligatoires et des assureurs dont la communication dans la vulgarisation n’est pas suffisante. «Moi je dirais plutôt que la responsabilité est partagée dans la mesure où, nous les assureurs, notre capacité de communication pour faire connaître nos produits aux clients n’est pas très forte. Nous devons bien assumer notre responsabilité quant à la manière d’informer les clients sur les produits nouveaux et l’utilité qu’ils en tirent à la souscription de l’assurance. L’autre élément, les Burundais n’aiment généralement pas faire quelque chose dont ils n’escomptent pas de profit personnel, ils ne développent que rarement la culture de l’altruisme. Par exemple dans l’assurance vie, il faut être parfaitement informé et avoir un amour d’autrui, des siens, pour en souscrire une dont on ne va pas bénéficier soi-même les prestations. Et pourtant, tout un chacun devrait être conscient que, s’il y a un événement certain dont on n’ignore que le moment de la survenance, c’est bien la mort, et qu’il est donc impératif de prendre ses dispositions pendant qu’on est encore en vie. N’est-il pas paradoxal de prévoir d’être, au moment de sa mort, une surcharge pour sa famille qui sera obligée de mettre mal à l’aise les gens en les appelant dans des réunions pour qu’ils donnent des contributions au lieu de prendre, de son vivant, une police funéraire pour un certain capital que l’assureur remettra aux ayants-droit qui vont organiser les funérailles?
Qu’à cela ne tienne, on voit que les gens commencent à comprendre l’utilité de l’assurance. Aujourd’hui, les gens commencent à comprendre qu’il faut qu’ils prennent l’assurance vie, des assurances incendie de leurs maisons, de leurs stocks, de leurs marchandises, des contrats transport ; sinon jusque là, les gens étaient habitués à prendre les seules polices d’assurance automobile de peur de l’interpellation policière ».
Interpellation des pouvoirs publics à faire respecter la loi
Concernant le clin d’œil qu’il pourrait faire pour un éventuel changement d’attitude face au faible intérêt à souscrire l’assurance, l’interlocuteur dit qu’il interpelle en premier, les pouvoirs publics. « L’Etat c’est le garant de la souveraineté et du développement des structures et des communautés. Il faut que l’Etat essaie de comprendre mieux le rôle de l’assureur sur le plan social, sur le plan économique et sur le plan familial ou relationnel. Le code des assurances prévoit par exemple qu’il y ait des polices d’assurance au niveau de tous les endroits publics où se rencontrent plusieurs personnes telles les églises, les salles de réunions, etc. Mais jusque là, on trouve que les gens n’ont pas encore compris pour souscrire automatiquement ces polices d’assurance. Il faut que l’Etat, via l’autorité de supervision et de contrôle des assurances, prenne des mécanismes d’exécution de la loi.En deuxième lieu, nous les assureurs, il faut que nous prenions conscience de notre métier d’informer et de former, parce qu’il faut que nous ayons des gens qui soient en mesure de vendre, d’expliquer l’assurance, car aujourd’hui, il semble que le métier d’assureur n’est pas très compris et connu du public. Heureusement, on commence à le faire dans des universités qui enseignent l’assurance dans leurs cursus. On espère que, de la sorte, l’assurance va se développer. Faut-il remarquer, celle –ci constitue une forte contribution au niveau des couvertures, des recettes publiques et de la croissance économique », indique-t-il.
Eric Mbazumutima