Depuis sa création en 2014, les membres adhérents à la Mutuelle nationale de santé (Munasa), une des mutuelles communautaires membres de la Pamusab (Plateforme des mutuelles de santé du Burundi), les chifres augmentent. Bien que des défis subsistent, le délégué national de la Munasa, Idesbald Nsabimana, se réjouit que le cadre légal est clair et favorable. Il demande la mise en place d’une loi qui fait de l’adhésion dans des mutuelles de santé une obligation.
« En 2014, lors de la création de la Munasa, nous avons 30 265 adhérents, soient 5 924 ménages. En 2024, nous avions 21 683 ménages qui font le total de 96 265 adhérents », a indiqué Idesbald Nsabimana. Il affirme que l’adhésion dans des mutuelles communautaires présente beaucoup d’atouts notamment l’accès facile aux soins de santé de qualité. Régine Nsonzera, 39 ans originaire de la commune Bugendana épouse l’idée de M. Nsabimana. « Je suis membre de la Munasa, il y a 14 ans. La mise en commun d’un petit montant permet aux membres d’une mutuelle communautaire de s’entraider mutuellement à l’accès des soins de santé », confie cette mère de 4 enfants, habitant la colline Jenda. Comme indiqué, une famille ayant entre 2 et 6 personnes donne une cotisation annuelle de 30 000 FBu ainsi que 1 000 FBu d’adhésion. La cotisation devient de 35 000 FBu si la famille est composée de 7 à 10 personnes.
Même son de cloche de la part de Jean Claude Mupenzi, originaire de la province de Ngozi, commune Kiremba, zone Musasa. Comparativement aux frais de soins de santé qu’il payait avant, il afffirme qu’il y a un gain. « Par exemple, une facture que je payais à 3 000 FBu sans l’utilisation de la carte de mutuelle communautaire, elle revient à 400 FBu si j’utilise la carte mutuelle de Munasa », explique-t-il. La raison est que les membres des mutuelles réunit au sein de la Pamusab, la mutuelle leur paie 80% des frais de soins aux centre de santé publics. Pour les formations sanitaires sous convention religieuse, les mutuelles paient 60% des factures , 70% pour les hôpitaux et 50% pour les factures délivrées par les centre de santé privés.
La synergie des mutuelles membres de la Pamusab fortement appréciée
Tous nos interlocuteurs saluent la facilité d’accès aux soins des membres de la Pamusab. Cette plateforme des mutuelles de santé du Burundi garantit le système d’accéder aux soins de santé partout au Burundi grâce au travail en synergie des mutuelles qui la composent. « Si par exemple, un affilié à la Munasa basée à Gitega va se faire soigner en province de Ngozi et qu’il y trouve l’Ucode, il ne rencontre aucun problème. L’Ucode paie la facture et les deux mutuelles procèdent aux opérations de compassassions entre eux après que le patient ait bénéficié des soins », explique Mme Nsonzera.
Pour Nsabimana Idesbald, la Pamusab joue un grand rôle et un membre d’une mutuelle communautaire en tire profit. « La Pamusab aide dans le plaidoyer pour le bon fonctionnement des mutuelles de santé, dans les études qui visent à trouver des solutions aux défis auxquels se heurtent nos membres adhérents ».
La déconsidération des membres des mutuelles par les prestataires de soins, un des défis
Bien que la plupart de nos interlocuteurs saluent les avantages d’adhérer dans des mutuelles communautaires, des défis ne manquent pas. Dieudonné Habonimana, âgé de 30 ans, père d’un enfant et originaire de la province de Karusi dit que les membres des mutuelles communautaires sont déconsidérés surtout dans certains formations sanitaires. « Il y a des prestataires de soins qui disent ouvertement que les affiliés aux mutuelles communautaires doivent être reçus après tous les autres patients ». A ce défi, Idesbald Nsabimana dit en être au courant. « Beaucoup de prestataires de soins sont conscients que les membres des mutuelles communautaires ont le plein droit de bénéficier des soins de santé que les autres. Nous continuons à plaider auprès des décideurs du domaine de la santé pour que ces défis soient levés ».
En plus de ce défi, M. Nsabimana évoque le nombre insuffisant des personnes adhérentes. Pour lui, la population burundaise n’a pas encore compris les bienfaits d’adhérer dans des mutuelles. « Certains comprennent quand ils tombent malades ». Il demande à l’administration d’aider dans la sensibilisation de la population au changement de mentalité. Il demande également au gouvernement du Burundi de faire une obligation l’adhésion dans des mutuelles. « Les Burundais aiment leurs biens que leur propre santé. Ils assurent leurs maisons, leurs véhicules ou motos, il est incompréhensible que le conducteur de ces engins ne soit pas assuré », conclut M. Nsabimana.
Moïse Nkurunziza