Les artistes sont souvent confrontés à plusieurs sortes de défis lors du spectacle vivant ou lors de la préparation d’un concert. Pour la plupart des fois ces défis sont dûs au manque d’expérience professionnelle des artistes. Cela ressort d’un entretien nous accordé le jeudi 8 août 2024, par Bérénice Irumva dit Bernice The Bell, la burundaise qui vient de passer 13 ans en tant qu’artiste professionnel.
«J’ai déjà organisé beaucoup de concerts que ce soit en solo ou en collaboration avec d’autres artistes soit locaux ou étrangers. J’ai donc vécu une grande expérience dans ce domaine, quitte à pouvoir identifier facilement les défis auxquels nous faisons face lors d’un spectacle vivant ou encore dans son organisation. Entre autres défis que je peux citer, il y a le manque des connaissances professionnelles qui s’observe chez la plupart des artistes burundais, le manque de respect du timing, etc. Cela ne s’observe pas chez les artistes étrangers avec lesquels j’ai travaillé notamment les belges, les allemands, les Ougandais, les Kenyans et bien d’autres. Normalement si tu organises un concert officiel, tu essaies de faire ton de mieux pour le réussir mais, il arrive des fois où tu échoues», explique Mme Irumva en invitant les artistes burundais à suivre ce bon exemple surtout en rapport avec le respect du timing. Elle a conseillé les artistes de prendre leur temps pour mettre les choses en ordre (la vérification des micros, la sonorisation, le jeu des lumières, la répétition, etc). Elle affirme que parmi les artistes burundais, il y a ceux qui ne connaissent pas ce que c’est la fiche technique pour trouver par exemple, un ingénieur du son, et à cote de cela, il y a d’autres dispositions qu’un artiste doit prendre notamment en faisant des répétions à l’avance, en se préparant mentalement, en entrainant son corps pour garder une bonne santé physique, savoir comment se tenir sur scène, comment gérer le stress, savoir danser, etc.
Un soutien multiforme s’avère nécessaire
Mme Irumva déplore le manque éloquent des salles de répétition ou de concert, et des moyens financiers qui freinent le développement de l’art au Burundi. « Les artistes doivent avoir un soutien matériel et moral de la part du gouvernement à travers le ministère en charge de la culture en amenant des formateurs, des ingénieurs du son et en participant dans la mobilisation la sponsors en provenance des sociétés, des banques en mettant en place ces infrastructures musicales professionnelles. Les artistes sont appelés à se servir de l’internet pour renforcer leurs capacités professionnelles », a-t-elle expliqué en invitant les amateurs de la musique en général et ceux du spectacle vivant en particulier de soutenir toujours les musiciens surtout lorsqu’ils sont en direct.
La collaboration avec les artistes étrangers présente beaucoup d’avantages
Mme Irumva a eu la chance de faire des concerts en collaboration avec d’autres artistes étrangers et elle témoigne des avantages qu’elle a tirés de ce genre de collaboration. « Si tu as la chance de collaborer avec les artistes étrangers, tu acquiers une grande expérience dans le métier. C’est une façon de créer des relations amicales avec le monde extérieur mais aussi, ça procure de l’argent pouvant t’aider à satisfaire tes besoins », fait-elle savoir. Mme Irumva a prodigue des conseils aux femmes artistes comme quoi elles doivent se battre pour s’exprimer à travers les arts que ce soit les arts plastiques, la musique, les spectacles vivants comme le théâtre, les films, etc. dans le but de s’autonomiser économiquement mais aussi pour donner un message, à la société burundaise et internationale. Elle leur demande de vaincre la peur et de briser les stéréotypes disant qu’une femme ne peut pas se lancer dans l’un ou l’autre projet en les encourageant à comprendre qu’elles sont capables.
Signalons à toutes fins utiles que cette artiste native de la province de Karusi a déjà fait des collaborations avec différents artistes locaux et étrangers dont DJ Fernando, MasterLand, Ester Nich, l’équipe de l’association Umunyinya ; l’ougandaise Susan Kuruner à Kampala en Ouganda en 2019, Sylvain Déboisieux en Belgique en 2020, Makadem du Kenya, Myria D’Or de la République démocratique du Congo, Dimitrius Konstantin de nationalité allemande, pour ne citer que ceux-là. Elle a remporté différents awards à savoir Inganji award, Isanganiro award, le concours de la chanson de la Diaspora, Buja Music award,etc.
Olivier Nishirimbere