Bien que l’éleusine soit un aliment nutritif qui contribue à la sécurité alimentaire familiale,sa production reste faible suite à sa disparition progressive dans certaines localités du pays. Comme l’indique Jean Claude Bigirimana, responsable de l’unité de conservation de ressource phylogénétique à l’institut des sciences organiques du Burundi (Isabu), un tel phénomène est dû au fait que cette culture se retrouve inapte à compétiter avec les autres céréales suite à sa sous-estimation en productivité. Cela ressort d’un entretien qu’il nous a accordé le jeudi 26 septembre 2024 à Bujumbura.
M. Bigirimana fait savoir que certaines cultures vivrières dont l’éleusine ayant servi autrefois comme base dans l’alimentation de nos ascendants sont en cours de disparation au Burundi. Cela est dû, selon lui, au fait que cette culture s’est retrouvée inapte à rivaliser avec les autres céréalessuite à sa sous-estimation en productivité. En effet, explique-t-il, ses graines étant très petites, les agriculteurs estiment qu’ils ne peuvent pas récolter plusieurs tonnes comparativement aux autres céréales comme le riz, le maïs, le haricot et bien d’autres.Une telle mentalité a poussé beaucoup d’agriculteurs burundais à réduire les superficies dans lesquelles ils cultivent l’éleusine, ce qui a sensiblement diminué sa production. En outre, la génération actuelle n’est plus suffisamment informée sur le rôle nutritionnel que peut jouer l’éleusine dans le foyer. L’exigüité des terres cultivables constitue aussi, selon lui, un facteur non négligeable de la diminution de la production en éleusine car les cultivateurs préfèrent se tourner vers les cultures se trouvant plutôt dans leur habitude de consommation.Nonobstant cela, M. Bigirimana souligne que vu son importance, l’éleusine dispose d’un grand marché d’écoulement, ce qui permettrait aux cultivateurs de se doter de la libertéfinancière.
Certaines voies de sorties sont envisagées
M. Bigirimana laisse entendre que grâce aux recherches effectuées par l’Isabu, plusieurs variétés d’éleusine pouvant être cultivées sur le sol burundais sont déjà disponibles. L’Isabu s’apprête ainsià collaborer avec tout opérateur qui aurait l’intention de multiplier les semences de ces différentes variétés d’éleusine. Il faudrait donc qu’il y ait des sensibilisations pour que la population burundaise soit au courant de la disponibilité de ces variétés. Toutes les semences sont utiles, les agriculteurs ne devraient donc pas, selon lui privilégier une culture au détriment d’une autre car, souligne-t-il, ces cultures constituent une richesse nationale. A cet effet, il interpelle les agriculteurs burundais à adhérer massivement à la promotion de la culture d’éleusine.
Tharcisse Sibonkomezi