La lèpre est une maladie infectieuse et contagieuse, se manifestant par des taches cutanées, l’hypertrophie des nerfs et parfois la mutilation des doigts et des orteils. Elle se transmet par voie aérienne. Mais, si elle est dépistée précocement, le témoignage d’un lépreux guéri nous montre que cette maladie n’est pas fatale.
Onésime Bukuru est originaire de la commune Buganda en province de Cibitoke. Depuis 1994, il a remarqué des taches étrangères sur son dos. Certains lui disaient qu’il avait des taches. D’autres prenaient qu’il souffrait d’une maladie de la peau. M.Bukuru ne se souciait pas de ces accusations car, ces taches ne lui faisaient pas mal. En 2000, il a perdu toute sensibilité au niveau des doigts: « Je me suis alors décidé d’aller consulter un sorcier. Celui-ci a fait des scarifications (indasago) sur mon corps avec un razoir et m’a donné un médicament traditionnel. Mais, rien n’a changé. En 2005, j’ai attrapé le paludisme. Je suis allée au centre de santé de Ndava. Pendant la consultation, j’en ai profité pour montrer au soignant les taches qui se trouvaient sur mon corps et je lui ai demandé s’il pouvait me soigner. Après consultation médicale, il a déduit que je souffrais de la lèpre. Ce médecin m’a prescrit des médicaments que je devais prendre pendant une année. Après cette période, j’ai constaté que j’ai guéri », affirme M. Bukuru.
En 2018, bien que la lèpre ait disparu, M. Bukuru a témoigné que ses nerfs sensitives au niveau des doigts ne fonctionnnaient plus ; « Mes bras ne faisaient plus rien parce qu’ils étaient devenus handicapés. C’était ma femme qui m’aidait en tout, même pour manger », déplore notre source.
Se faire soigner à temps peut prévenir certaines complications
Après, le programme national intégré de lutte contre la lèpre en collaboration avec l’ONG « Action Damien », a fait une descente dans la province de Cibitoke pour s’enquérir de l’état de santé des lépreux. Ce programme a amené ceux qui ont des handicaps physiques liés à la lèpre au centre national de réadaptation de Gitega. M. Bukuru a subi une opération chirurgicale. Beaucoup de ses parties du corps ont retrouvé la sensibilité sauf au niveau des doigts d’un seul bras.
Avec cette expérience, M. Bukuru interpelle tout un chacun, présentant des taches étrangères insensible sur son corps, à aller dans les meilleurs délais consulter un médecin pour savoir de quelle maladie il s’agit. Il a profité de l’occasion pour interpeller également les lépreux qui restent cachés dans l’arrière -cour, d’oser sortir pour aller se faire soigner pour éviter les facheuses complications liées à ladite maladie.
Se faire soigner une fois qu’une tache étrangère sur son corps apparaît
Dr Pancrace Ntibarufata, chef de service dépistage et prise en charge de la lèpre au PNILT fait savoir que la lèpre est une maladie infectieuse et contagieuse. Elle se manifeste par des lésions cutanées, l’hypertrophie des nerfs et parfois la mutilation des doigts et des orteils. Cette maladie se transmet par voie aérienne. Sa durée d’incubation est de deux ans et plus. Elle se manifeste tardivement après l’avoir attrapée.
Il a précisé que la lèpre est provoquée par la bactérie mycobactérium leprae, un bacille en forme de bâton et proche de celui de la tuberculose. Elle se transmet d’Homme à Homme. Elle peut se contracter à tout âge, quel que soit le sexe de l’individu. La bactérie se trouve dans les sécrétions telles que la salive ou les déjections nasales. Elle peut donc être transmise par contact direct (par des postillons, une toux, un éternuement…) ou indirect par l’intermédiaire d’objets contaminés.
Des complications liées à la lèpre
Dr Ntibarufata a signalé qu’au bout d’une période d’environ 10 ans après l’infection, les atteintes nerveuses (paralysie), ophtalmiques, digestives et respiratoires font leur apparition. Il a précisé qu’une perte de sensibilité peut entraîner des blessures et des plaies indolores et difficiles à cicatriser notamment au niveau des mains et des pieds. Aussi, des atteintes des nerfs moteurs peuvent entraîner des paralysies notamment des mains et des paupières. Après 15 ans, a-t-il expliqué, le patient non traité risque l’amputation, une infirmité ou la cécité.
Le traitement est-t-il possible
Dr Ntibarufata affirme que la lèpre peut être guérie : « Mais tout dépend du stade de cette maladie. Si le patient consulte dès qu’il remarque moins de cinq taches sur son corps. Dans ce cas, s’il prend correctement les médicaments, il peut guérir complètement. Au contraire, quand le patient commence à cacher les taches qu’il a et se décide d’aller consulter tardivement, au moment où certaines parties de son corps commencent à être insensibles, la guérison n’est pas évidente. Seulement, ce patient peut bénéficier des réadaptations pour traiter la paralysie de certaines parties.
Pour faciliter le traitement et la prévention des complications liées à la lèpre, Dr Ntibarufata recommande à toute personne en général et celle habitant dans des provinces endémiques, de consulter un médecin une fois qu’elle constate une tache étrangère sur son corps.
Il interpelle la société burundaise, à ne pas stigmatiser les lépreux. Par contre, il faut les aider afin qu’ils ne se sentent pas isoler et laisser de côté.
Rose Mpekerimana