La population burundaise est majoritairement jeune. Avec une démographie galopante, les jeunes se retrouvent au chômage tandis que l’Etat est incapable de les embaucher tous dans des services publics. Ainsi, leur regroupement en associations et en coopératives a fait que certains jeunes détectent et dévoilent leurs talents cachés. De petites entreprises des jeunes ont alors vu le jour. On citera les entreprises de fabrication de chaussures, de couture, d’artistes opérant dans la coiffure ou la cuisine, encore plus des innovateurs inventeurs des produits fertilisants ou désinfectants, etc. La digitalisation étant inévitable dans le monde qui évolue, l’économie numérique occupe une place considérable dans le développement de notre société. Ainsi, les jeunes innovateurs en profitent. Des questions pourront ainsi nous guider ; par où commencer avec la digitalisation afin que les jeunes innovateurs y trouvent le nécessaire dans la réalisation de leurs projets ? Que faire pour appuyer les talents de ces jeunes à l’aide de la digitalisation ? Quels défis relever pour y arriver ? Différents intervenants nous en disent plus.
Pour mieux attaquer le sujet, on a jugé nécessaire de commencer par la base. « Le monde est en train d’évoluer et les choses changent chaque jour », dit Dominique Seseka, directeur de l’Ecole fondamentale Kamenge2. L’idéal réside dans le fait que l’on accède au monde actuel en s’épanouissant dans les connaissances grâce à la digitalisation. A l’Ecole fondamentale Kamenge 2, la connexion wifi aide à faire des recherches. Des outils comme l’ordinateur et les tablettes téléphoniques, disponibles en petite quantité, nous aident à accéder à ces recherches. L’insuffisance des manuels d’explication de la matière enseignée est suppléée par l’existence de l’outil informatique et de la connexion internet à cette école. Les enfants apprennent facilement à la recherche avec l’aide de leurs enseignants. Pour cela, vu son ampleur dans l’apprentissage, la digitalisation devrait être une notion connue dès le plus jeune âge de l’enfant depuis l’école primaire. Ainsi, les écoliers de Kamenge2 s’imprègnent de l’outil informatique dès la première année de l’école fondamentale. Certaines connaissances sont universelles ; il faut donc que les enfants avancent au même niveau que les autres, dit M. Seseka.
Toutefois, le défi lié au manque d’enseignants qualifiés en informatique nous bloque. Ainsi, on les forme à utiliser leurs téléphones androïde portables. ils peuvent s’en servir pour faire des recherches et les partager aux enfants. Dans 5ans seulement, depuis 2016, on a constaté que le niveau des enseignants a évolué. Quant au niveau des élèves, on remarque qu’ils perfectionnent leurs connaissances en langues par exemple. Avec le monde qui évolue et avec les innovations que l’on constate de nos jours chez les jeunes, le directeur Seseka conseille que les infrastructures soient améliorées. Que tout élève et tout enseignant ait accès à l’outil informatique. Avec des avancées que l’on observe à Kamenge, via l’outil informatique qu’ils disposent, cela peut aider les jeunes à apprendre plus et à évoluer au même niveau que les autres, tant au niveau national qu’au niveau international.
Vers l’école secondaire, les jeunes apprennent la lecture pour se connecter au monde
Faute d’outil informatique, les jeunes qui fréquentent le Centre burundais de lecture et d’animation culturelle (Cebulac) se fient au livre. Le directeur de ce centre Sébastien Ntahongendera relève le manque de connexion entre les Clac (Centre de lecture et d’animation culturelle) dans les diverses communes du pays. Il faut signaler que les jeunes burundais ont un esprit ouvert à la lecture et au jeu et cela les aide à éveiller leur mentalité. Pour faire face à ces défis, M. Ntahongendera a initié des stratégies pour aider les jeunes à lire facilement. Des livres écrits en leur langue maternelle le Kirundi, écrits par des burundais, aident les jeunes à promouvoir en eux la culture de patriotisme et à participer au développement de leur pays.
Le Cebulac est toujours un centre prisé par les jeunes. Leur connectivité les aide à être en contact. Ils se lancent des défis au niveau des divers jeux qu’offre ce centre. Ce n’est pas pareil quand ils s’assoient à la maison devant la télévision. Parler entre eux les aide à échanger des expériences. Certains jeunes améliorent leurs résultats scolaires et sont la plupart orientés vers des écoles d’excellence. Cela est un départ vers l’amélioration de la conception de leurs projets d’innovation au service du développement leur pays. Le besoin en informatisation du Cebulac s’avère toutefois important selon notre interlocuteur car le monde évolue et les jeunes doivent avancer au même rythme que les autres dans le monde.
Jean Jacques Bizimana, jeune entrepreneur, témoigne
Jean Jacques Bizimana, un jeune de 24ans nous partage, de par son expérience de confection des gâteaux, l’importance que lui rapporte la digitalisation en soi. « J’ai commencé à exercer mon métier de pâtissier vers la fin de l’année 2018 mais le plus beau gâteau des grandes occasions est apparu au début de l’année 2019. Depuis ce temps, il est le responsable de « Kijaja Pâtisserie Company », une entreprise qu’il a lui-même initiée.
Quant à l’importance de la digitalisation, son ordinateur portable l’aide à garder des données et des informations en rapport avec son métier. Il peut aussi concevoir des designs, des modèles qui le guident pour qu’il puisse confectionner de beaux gâteaux pour de très grandes occasions. Quant à son téléphone, il est là pour des buts publicitaires. C’est un outil qui l’aide à publier et à venter son talent afin qu’il attire des clients. Ancien informaticien, être en contact avec un cuisinier l’a aidé à s’imprégner des notions de cuisine. Avec de petits fonds qu’il avait en possession, il a ainsi initié ce projet.
Le jeune Jean Jacques nous dit que la plupart de ses clients le connaissent grâce à Internet. C’est son champ de commerce. Avec les réseaux sociaux facebook et whatsapp, M. Bigirimana dit que si ces deux venaient à disparaître, il y aurait un impact négatif sur son commerce. « Je n’ai pas encore voyagé, j’opère ici sur le terrain burundais. Ainsi, internet m’aide à me connecter avec les autres à travers le monde même si je ne peux pas me rendre à l’étranger ». Il souhaite être un guide pour les autres jeunes. Il n’avait pas beaucoup d’argent au début mais il avait le projet et il n’a fait que le mettre en application. « Si les jeunes ont déjà des projets, qu’ils se lancent petit à petit. Les jeunes naissent avec beaucoup de projets et surtout qu’ils sont détenteur de l’atout principal, leur jeunesse et leur téléphone. Qu’ils en usent à bon escient ».
Des experts en TIC conseillent aux jeunes de se lancer
Nathan Ntahondi, expert en TIC et directeur général des Publications de presse burundaises fait savoir que les outils TIC sont la base de la transformation digitale et les jeunes en activités économiques en tirent énormément. Avec une économie classique qui se transforme en économie digitale, les jeunes doivent analyser les tendances pour dénicher les marchés d’écoulement de leurs marchandises. Certes, certains défis sont à relever notamment le manque de connaissance et du savoir faire. Pour cela, il faut développer des plateformes de travail et se mettre en contact avec des outils informatiques. Se fixer des objectifs stratégiques et mener des actions appropriées pour atteindre leur but, telle est la solution essentielle à ces défis.
Quant au responsable du secrétariat exécutif des technologies de l’information et de la communication, Bienvenu Irakoze, il explique que les jeunes doivent savoir que l’on n’a pas besoin d’être informaticien pour s’aventurer dans le monde numérique. Il indique que l’accomplissement des projets de développement réside dans le numérique. « Le numérique n’est pas sorcier. Jack Ma, le patron d’Ali Baba n’est pas informaticien mais il a su comment lier le numérique à son rêve pour construire son entreprise ». Selon notre source, les défis que doivent relever les jeunes sont la peur et le manque de confiance en soi, les mythes sur le numérique, le copier-coller des idées des autres pour ne citer que cela. Les jeunes doivent travailler en équipe pour échanger les expériences et développer la culture du numérique pour oser entreprendre malgré les défis.
Blandine Niyongere