Faute de connaissance, on l’utilise avec des mots inappropriés
Actuellement, le Kirundi employé est de qualité peu satisfaisante. Parfois, on utilise des mots inappropriés faute de connaissance du Kirundi et on mélange alors le Kirundi avec les autres langues. Toutefois, il n’ya pas de réduction de l’usage du Kirundi car les textes d’usage se multiplient du fait qu’il ya même des réunions officielles qui se déroulent aujourd’hui en Kirundi. Cela ressort de l’interview accordée au journal Le Renouveau du Burundi par Ferdinand Mberamihigo, professeur d’Universités le jeudi 2 Octobre 2025.

Il se manifeste un recul progressif de la langue du kirundi pour beaucoup de gens particulièrement chez les jeunes. Entre l’omniprésence du français et de l’anglais dans le système éducatif et la tendance croissante au mélange linguistique, le kirundi perd peu à peu sa place dans le quotidien de la jeunesse. Si le kirundi reste la langue de base de la majorité des burundais, il est de plus en plus mélangé à d’autres langues dans les conversations informelles. Chez de nombreux jeunes, la capacité à s’exprimer dans un kirundi pur devient rare.
Ferdinand Mberamihigo, Professeur à l’université du Burundi explique que le problème de l’usage du kirundi dans la modernité se situe au niveau de qualité ou alors au mélange des langues « Le kirundi employé est de plus en plus de qualité peu satisfaisante. On utilise des mots inappropriés faute de connaissance du kirundi (inka irafungura, gukora urugendo, abantu batatu bashoboye gupfa…)»indique-t-il.
Mais malgré cela, M. Mberamihigo ajoute que le kirundi n’est pas en déclin. «Il n’ya pas de diminution de l’usage du kirundi, les contextes de l’usage se multiplient même. Le fait qu’il y a aujourd’hui des réunions officielles qui se déroulent en kirundi plutôt qu’en français est un pas en avant », affirme-t-il. Il poursuit en disant que puis qu’une certaine conquête des productions multimédia (films notamment) le kirundi, il y a des institutions, comme les banques et les assurances, qui ajoutent à leurs formulaires existants le formulaire en kirundi.
Jean Nyandwi, étudiant à l’université, indique que le kirundi est devenu une langue envahie par des termes étrangers « Certains jeunes ne peuvent même pas aligner quatre mots sans y insérer le français ou l’anglais », précise-t-il. Selon lui, cette situation favorise l’intrusion massive de mots étrangers dans le kirundi parlé. Des termes comme “ connexion”, “ chargeur”,…sont utilisés sans tentative de traduction, ce qui appauvrit progressivement le vocabulaire kirundi.
Quant à Nadine Habonimana, un des parents qui ont eu interview avec notre journal signale que le système éducatif actuel, en grande partie francophone et parfois anglophone, accorde peu de place à l’enseignement du kirundi. «L’enfant passe ses journées dans un environnement où seule les langues étrangères sont valorisées. Petit à petit, il perd ses repères linguistiques en kirundi », met-elle en lumière. Selon elle, cette situation donne une génération qui grandit avec une connaissance partielle, voire fragile, de sa langue maternelle.
Face à cette évolution, des voix s’élèvent pour appeler à une meilleure intégration du kirundi dans les programmes éducatifs, les médias et les plateformes numériques. Pour les défenseurs de la langue, il ne s’agit pas de rejeter le progrès, mais de l’accompagner sans renoncer à ce qui fait l’identité burundaise.
Elyne Dushime(Stagiaire)