A l’occasion de la célébration de la 20 e année au pouvoir du parti CNDD-FDD, la presse quotidienne « Le Renouveau » a approché le ministère de la Santé publique via le directeur général chargé des offres des soins et des accréditations, pour s’exprimer sur la plus-value de la politique de la gratuité des soins chez les femmes enceintes et qui accouchent et les enfants de moins de cinq ans pendant les 20 ans au pouvoir dudit parti.

Le Renouveau (L.R) : Quelle est la plus-value de cette gratuité des soins chez les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans au cours des 20 ans au pouvoir du CNDD-FDD ?
Dr Oscar Ntihabose : Comme vous l’avez dit, les 20 dernières années au pouvoir du parti CNDD-FDD ont été marquées par des transformations profondes dans le secteur de la santé. On peut citer entre autres la promulgation de la politique de la gratuité des soins chez les femmes enceintes et qui accouchent ainsi que les enfants de moins de 5 ans. Depuis sa mise en œuvre en 2005, le système de santé a connu des améliorations significatives qui ont témoigné d’une avancée dans la protection et le bien-être de la population.
Cette réforme a permis une augmentation continue des consultations curatives chez les enfants de moins de 5 ans, avec des taux qui ont dépassé 200%. Ce qui témoigne d’un accès facile aux soins de santé. Actuellement, par exemple, le taux d’accouchement en milieux de soins va au-delà de 90% contrairement d’avant 2005 qui était en dessous de 70%. Parallèlement, grâce à cette gratuité de soins, la couverture vaccinale s’est améliorée pour tous les antigènes, ce qui a contribué à une baisse remarquable de la mortalité infantile qui est passée de plus de 100 à 27 décès pour 1000 naissances.
La santé maternelle a également progressé de façon remarquable, avec une augmentation du taux d’accouchement dans les structures de soins. En 2007, on était en dessous de 20%, mais jusqu’en 2025, on est autour de 90%, ce qui a aussi entraîné une nette diminution des décès chez les femmes qui accouchent. Aussi, avant 2005, on dénombre 500 décès pour 5000 naissances vivantes de décès maternels chez les femmes enceintes. Mais on est actuellement à moins de 300 après 20 ans. Ces résultats se sont accompagnés aussi d’une expansion des infrastructures de santé, avec l’augmentation du nombre de centres de santé qui est passé de 600 à plus de 1000 et le pays compte aujourd’hui 49 districts sanitaires.
L.R : Quels sont d’autres innovations au cours de 20 ans au pouvoir du parti CNDD-FDD?
Dr Ntihabose : Dans la continuité de la politique de la gratuité des soins aux ayants-droit, le chef de l’État actuel Evariste Ndayishimiye, a voulu renforcer cette politique de gratuité des soins par la construction d’un hôpital par commune. Cela s’est traduit par une augmentation du taux de services curatifs pour les adultes aussi. Comme leurs enfants étaient pris en charge gratuitement, même les adultes ont pu avoir l’opportunité de se faire soigner avec l’approche du financement basé sur la performance qui permet d’améliorer la qualité de services. C’est une approche qui a été instaurée pour renforcer la performance de la qualité des soins dans les structures de soins. Avec cette politique, il y a une grande influence des patients qui venaient consulter.
Toujours dans le cadre de la politique de la gratuité des soins, nous sommes passés de moins de 770 à plus de 2100 centres de santé. C’est pourquoi nous devrions aussi réfléchir aux ressources humaines. Les infirmiers sont passés de moins de 4000 à 12 000. Plusieurs écoles et facultés de médecine ont été créées pour soutenir cette dynamique.
L.R : Quels sont les défis aux quels la politique de la gratuité des soins a fait face pendant ces 20 ans ?
Dr Ntihabose : Malgré les avancées significatives qu’a connues le secteur de la santé, il y a toujours des défis que nous ne pouvons pas cacher car il faut en parler et travailler ensemble pour trouver des solutions. Ces défis sont entre autres le financement de la santé qui reste insuffisant, avec seulement moins de 10% du budget national alloué à la santé. Loin de l’engagement d’Abuja, parce que le gouvernement s’était engagé à ce que le système de santé soit financé à au moins 15% du budget national, selon la déclaration d’Abuja.
Nous ne pouvons pas nier les inégalités qui persistent entre les zones urbaines et rurales en matière d’accès aux soins et services de santé. C’est vrai qu’actuellement plus de 80% de la population est proche de sa structure de soins. Vous trouverez que la majorité des structures de soins sont très concentrés en milieu urbain qu’a l’intérieur. Un autre défi est que les maladies non-transmissibles comme l’hypertension, le diabète, les cancers, etc continuent à progresser très rapidement alors qu’ils ne sont pas prise en charge gratuitement.
Nous avons une couverture nationale satisfaisante en infrastructures. Mais il ne faut pas nier que la qualité n’est pas du tout satisfaisante. Elle est souvent compromise par des problèmes de maintenance des équipements. Même si les équipements sont disponibles, ils ne sont pas bien maintenus. Aussi, les ressources humaines restent insuffisantes.
L.R : Il y a des hôpitaux qui refusent carrément cette gratuité de soins, sous prétexte qu’ils n’ont pas de matériel suffisant. Est-ce qu’on peut dire que la politique de la gratuité des soins est toujours valable ?
Dr Ntihabose : Ladite politique est toujours valable. Malgré les défis observés dans différentes structures de soins, elle fait partie des grandes priorités du gouvernement. Le gros montant du budget du secteur de la santé va dans le sens de soutenir, de renforcer, d’améliorer cette politique de gratuité de soins avec l’appui des partenaires. Pour ce faire, je lance un appel à toutes les structures de soins surtout publiques, d’accompagner cette politique du gouvernement pour améliorer la santé publique en général.
LR : Quelles sont les solutions que vous proposez pour surmonter les défis ci-haut cités ?
Dr Ntihabose: Même si cette politique a été mise en place, exécutée jusqu’à nos jours, nous avons remarqué que la santé communautaire aussi est indispensable, c’est-à-dire que nous devons investir au niveau des communautés, ne pas rester au niveau des structures de soins. Il faut agir au niveau des communautés pour qu’elles puissent être responsables de leur santé. Nous allons beaucoup travailler sur la sensibilisation et la formation pour que les populations puissent adopter des attitudes responsables. Nous devons aussi anticiper vers la promotion de la santé. C’est pourquoi, dans notre vision, nous devons renforcer les capacités des agents de santé communautaire. Car, nous avons remarqué qu’ils ont contribué à plus de 40% des notifications précoces de différentes maladies. Ce sont eux qui contribuent dans la sensibilisation des femmes à aller consulter dans les structures de soins, à aller faire vacciner les enfants pour prévenir différentes épidémies.
Une autre solution est la coordination des partenaires. Cela permet d’éviter la duplication et de maximiser les impacts. Parce que si on a toujours des appuis, si nous ne pouvons pas les capitaliser, les rentabiliser, on aura toujours à avoir beaucoup d’argent perdu, mais sans impact.
Aussi, nous devons travailler pour anticiper sur les urgences de santé publiques. Les populations doivent être sensibilisées sur la lutte contre les épidémies en restant vigilant par rapport aux menaces des urgences de santé publique.
Propos recueillis par :
Rose Mpekerimana