De véritables et puissants leviers pour la transformation sociale
Le journalisme, en tant que service public, doit se concentrer sur sa responsabilité sociale pour mener à bien sa mission d’informer, d’éduquer et de soutenir la démocratie. La confiance du public envers les médias repose sur leur capacité à agir de manière responsable et éthique. Ils jouent un rôle fondamental de chien de garde au service du peuple et deviennent la voix des sans voix. Cela ressort d’un entretien qu’Oscar Nzohabonayo, directeur général de la communication et des médias et deux journalistes ont accordé au journal « Le Renouveau du Burundi », le lundi 14 juillet 2025.

«Le journalisme a pour mission principale d’informer le public. Dans un contexte de désinformation, il est essentiel que les journalistes vérifient leurs sources et présentent des informations véridiques et équilibrées. Dans ce cas, les journalistes doivent respecter des normes éthiques. Cela inclut l’honnêteté, l’impartialité, et le respect de la vie privée, tout en combattant les préjugés et les stéréotypes. Le journalisme peut jouer un rôle éducatif en sensibilisant le public sur des sujets importants comme les droits de l’Homme, l’environnement et la santé publique. Un journalisme responsable contribue aussi à la transparence et à la responsabilité des gouvernements et des institutions. Il permet aux citoyens de prendre des décisions éclairées, favorisant ainsi la démocratie», dit M. Nzohabonayo pour éveiller l’esprit des journalistes, afin de travailler surtout en se focalisant sur les sujets sensibles qui peuvent soutenir la vision du pays.
Quant à Justine Bitagoye, journaliste de la Radio-télévision nationale du Burundi, en particulier au département de la télévision, au service des informations mais aussi au service des programmes, elle révèle que la responsabilité sociale des médias en tant que service public, est de travailler d’abord pour le public. Le journaliste ne travaille pas pour lui-même, il travaille pour les autres et il produit un bien qui est consommable par la société.
Donc, le rôle principal et crucial des médias, c’est informer. En informant, ils éduquent en même temps, mais ils peuvent divertir le public aussi. Les médias le font alors par le biais d’actualités, des reportages, des émissions, des analyses dans la presse et à travers des messages d’intérêt public, à travers des documentaires. Il y a beaucoup de canaux par lesquels les médias informent et donnent leur contenu. Dans ce cas, ils doivent être garants d’une information fiable et vérifiable.
Quand ils sont en train de travailler, les journalistes doivent vraiment garder à l’esprit qu’ils doivent donner une information d’abord qui est vraie, fiable et diversifiée. Les journalistes donnent la parole à tout le monde sans exception. Et déjà par là, on entend que les médias ont une responsabilité sociale, vraiment en tant que service public. Depuis longtemps, les médias ont toujours eu et ont, un impact significatif sur le public parce qu’ils peuvent influencer soit positivement ou négativement, l’opinion et les prises de décisions, au niveau politique, économique et social.
« Là, je peux dire sans me tromper, que la vie des gens est maintenant rythmée par des informations qu’ils reçoivent. Les médias rythment même la vie des gens, leur façon de penser, leur façon de consommer, et de prendre des décisions. Je peux dire que les gens ne peuvent plus se passer des médias de par leur rôle qui est très important et crucial dans la société. C’est là où interviennent alors les notions d’éthique et déontologie du journalisme », ajoute-t-elle. Les journalistes doivent s’efforcer de donner une information impartiale et vraie Les médias doivent à faciliter les débats, permettre la participation citoyenne des gens à la gestion de la communauté dans laquelle ils vivent et rendre les gouvernements plus responsables. Les médias exposent les gouvernements, même à la surveillance publique, c’est de là même est venue la notion du rôle de chien de garde. Donc, les médias sont là, ils surveillent, ils enquêtent et ils informent. On comprend par là qu’ils sont un des piliers de la démocratie.
« Aucun pays ne peut prétendre être dans une démocratie quand la presse est contrôlée, quand les journalistes ne sont pas libres de donner la parole à tous les citoyens, quand les journalistes ne peuvent pas faire leurs investigations à l’aise. Mais, malgré tout cela, il faut faire très attention, surtout à l’information qu’on va donner, comment elle est, est-ce qu’elle est utile, est-ce qu’elle est vérifiable, est-ce qu’on donnait la parole à tout le monde ? Tout cela est pour éviter des dérives qui peuvent s’observer dans l’exercice de leurs fonctions.» dit Mme Bitagoye.
Plus qu’une carrière, un engagement
Les medias donnent le divertissement pour ceux qui les pratiquent et ceux qui les suivent. « S’engager comme un média reconnu par la loi de l’Etat, c’est bien plus que relayer des faits. C’est embrasser une mission au service de l’intérêt général, dans un contexte national où l’information, lorsque elle est fiable et bien traitée, devient un levier puissant de transformation sociale, de cohésion et de développement. De plus, s’engager dans ce métier, donne du succès pour celui ou celle qui le pratique avec assiduité et fierté », estime M. Serges Gahungu, un ancien journaliste à la retraite, donnant sa vision sur le rôle des médias dans le contexte burundais.
«Il est essentiel de comprendre la portée de cette responsabilité. Dans une démocratie même en construction, les médias jouent un rôle fondamental comme « chien de garde » au service du peuple. Ses tâches ne sont pas de faire plaisir ou de plaire, mais d’informer avec rigueur, honnêteté et indépendance. On doit y avoir l’observation, l’enquête, la vérification et on la rapporte sans travestir les faits. Ils donnent la parole à ceux qu’on entend rarement et contribuent à l’équilibre des débats ou d’informations. C’est ainsi qu’ils participent à la transparence de la vie publique et à la responsabilisation des autorités comme des citoyens », indique-t-il.
« Le Burundi, pays marqué par des défis historiques, économiques, politiques et sociaux, a plus que jamais, besoin des médias de l’information engagés, lucides et éthiques. La médiatique burundaise n’est pas un simple relais institutionnel : elle est un médiateur entre la réalité vécue par la population et les sphères décisionnelles. Face aux tensions, aux rumeurs, aux manipulations et aux désinformations qui circulent parfois sur les réseaux sociaux, le rôle des médias devient celui d’un «bâtisseur de confiance ». Par ses reportages sur les préoccupations quotidiennes, les efforts de paix, les initiatives de développement ou encore les injustices à dénoncer, ils contribuent à restaurer un lien de confiance entre citoyens et institutions», ajoute-t-il pour insister sur le rôle des médias dans le contexte burundais.
M. Gahungu estime que travailler au sein d’un organe de la presse gouvernementale, c’est avoir l’opportunité de contribuer à une publication reconnue pour son rôle historique dans la transmission d’une information officielle, mais aussi pour son potentiel à se réinventer face aux exigences contemporaines du journalisme.
« Choisir le journalisme, ce n’est pas simplement faire carrière ; c’est aussi faire le choix d’un engagement. Celui d’être au plus près des réalités, de rendre compte, avec équité et précision, et de servir la vérité, coûte que coûte. Dans un pays en quête de justice sociale, de stabilité et de progrès, cette mission prend un sens d’autant plus profond », a dit M.Gahungu.
Elie Niyoyitungira