
L'ouverture solennelle de la «Salle 95» en mémoire des disparus .
L’Université du Burundi (UB) en collaboration avec l’Association Zirikana UB-95 a organisé, le mardi 11 juin 2024 au campus Mutanga, des cérémonies de commémoration du 29e anniversaire des massacres des étudiants Hutus perpétrés dans ses différents campus. L’évènement a été rehaussé par la présence du ministre en charge de l’éducation nationale, François Havyarimana et une délégation de la présidence de la République. L’objectif de ces cérémonies n’est pas de raviver l’esprit de vengeance mais plutôt une occasion de réfléchir sur ce qui s’est passé en vue de préparer un avenir meilleur.
La commémoration des massacres perpétrés à l’Université du Burundi en 1995 a été marquée par deux grands temps. D’abord, une conférence-débat, puis les cérémonies proprement dites débutées par une messe de requiem en leur mémoire.
Sébastien Ntahongendera, porte-parole adjoint du président de la République et le confèrencier, Abraham Niyongere ont animé la conférence-débat. Après, des exposés, des questions et interventions ont été faits. Il a été donc souligné que les Burundais ont besoin de cohabiter pacifiquement dans leurs diversités ethniques. Et pour parvenir à l’édification du pays, les Burundais doivent être caractérisés par l’amour du prochain et éviter tout ce qui peut détruire la cohésion sociale.
Le respect de l’être humain doit primer
Dans une messe de requiem, l’Abbé Dieudonné Nibizi, a appelé à l’amour et au respect de l’être humain, quelles que soient les circonstances. Il a rappelé que ce qui s’est passé à l’Université du Burundi démontre le haut niveau de l’ignorance. L’abbé Nibizi a, à cet effet, indiqué que le milieu universitaire doit être une source de connaissances qui contribuent au développement pays.
L’Association des rescapés Zirikana UB-95 réclame la justice
Dans son discours, Pierre Claver Nzisabira, représentant de l’association Zirikana UB-95, une association qui regroupe les rescapés de ces massacres, a d’abord relaté brièvement l’horreur qui s’est abattue aux différents campus de l’Université du Burundi aboutissant à un bain de sang le 11 juin 1995 au campus Mutanga et en 1996 au campus Zege sis dans la capitale politique, Gitega. Selon lui, bien avant le carnage, des slogans incitant à la haine envers les Hutus étaient relayés dans le campus Mutanga. Pour lui, cela montre bel et bien que ces tueries étaient l’accomplissement d’un plan préalablement préparé, car aucune intervention de la part des responsables de l’Université du Burundi et des agents sécuritaires n’a été faite pour stopper ces massacres.
M. Nzisabira a, par la suite, souligné l’importance de comprendre la nécessité de cohabitation pacifique entre les composantes ethniques burundaises. Il a, encore une fois, demandé que la justice soit faite à l’endroit des bourreaux ou de toute personne trempée dans ces massacres.
Les cérémonies commémoratives ne visent pas à raviver l’esprit de vengeance
Dans son discours de circonstance, le ministre en charge de l’éducation nationale a fait savoir que la commémoration de ces massacres ne vise pas à raviver l’esprit de vengeance, mais plutôt une occasion de réflexion sur ce qui s’est passé en vue de préparer un avenir meilleur. Dans ses riches conseils à l’endroit des étudiants, le ministre Havyarimana les a exhortés à rester vigilants et éviter toute sorte de manipulation, surtout que le pays approche la période électorale.
A cette occasion une «Salle 95» en mémoire des victimes de ces massacres a été officiellement ouverte au campus Mutanga. Ici, M. Havyarimana a précisé que l’objectif de la mise en place de cette infrastructure est que cette dernière puisse servir de leçon aux générations futures, pour que ce qui s’y est passé ne se reproduise plus.
Les cérémonies ont été clôturées par le dépôt des gerbes de fleurs au monument construit au campus Mutanga en mémoire des disparus. Elles ont également vu la participation des cadres de la présidence, les parlementaires, le président de la CVR, les représentants des familles des disparus, et bien d’autres.
Claude Hakizimana