Le lac Tanganyika a commencé à monter depuis 2018 et a atteint son niveau le plus maximal le 14 mai 2021, une altitude égale à 776,58 m c’est-à-dire 1,58m de plus par rapport à la situation normale. A la date du 18 mars 2024, le lac se trouve à un niveau égal à 776,74 m, soit 1,74 m de plus à la situation normale.
« Cela signifie que toutes les terres burundaises, zambiennes, tanzaniennes se trouvant en-dessous de cette altitude, se trouvent sous l’eau. Depuis la petite rivière Rusizi séparant le Burundi et la RDC jusqu’à Kabonga, il y a beaucoup de biens qui sont très impactés y compris le port de Bujumbura. Ce dernier est menacé, et le lac se trouve à 776,74 m par rapport à la situation d’aujourd’hui, c’est-à-dire 26 cm de moins pour que le port de Bujumbura soit inondé dans sa totalité ». Ces propos sont tenus par Bernard Sindayihebura, professeur à l’Université du Burundi et spécialiste en environnement et aménagement du territoire, lors d’un tour effectué au port de Bujumbura avec la rédaction du journal Le Renouveau du Burundi, le lundi 18 mars 2024.
Des entrepôts sont inondés, le quai endommagé
Depuis le 12 mars 2024, le lac Tanganyika a eu une hausse des eaux de 776,76 m et le côté sud du lac Tanganyika a été atteint par l’eau. Ainsi, les entrepôts H 7,8 et 6 du port de Bujumbura sont inondés par l’eau en provenance du côté sud, parce que le mur en béton, mis en place en 1964, et qui protège les bâtiments portuaires, est troué à plusieurs endroits. A cet effet, M. Sindayihebura remercie le gouvernement qui vient de commencer les travaux en mettant les enrochements notamment pour protéger la route qui relie le service de la Marine à celui de l’Office burundaise des recettes OBR qui a malheureusement déménagé depuis le 12 mars.
Il recommande aussi de protéger cette route en construisant des digues pour la réhabiliter. Egalement, l’autre point important est la réhabilitation de la digue qui se trouvait à l’intérieur du service de la Marine et qui protégeait le quai. « Si cela n’est pas protégé, les bateaux pourraient flotter. Ce qui constitue un danger car ils coûtent énormément chers. Nous avons vu que ce quai est endommagé à plusieurs endroits, il mérite très rapidement d’être réhabilité », d’après toujours Bernard Sindayihebura.
Les travaux d’enrochement et la construction de la digue d’une largeur variable de 7 à 6 m sont en cours depuis le bar-restaurant La pirogue, et va longer le littoral jusqu’au bureau de la Marine pour protéger ce dernier, le port de Bujumbura, ainsi que l’endroit appelé Safi beach.
Au mois de mai 90 % des eaux atteindront le maximum
Pour la station de pompage qui alimente en eau la ville de Bujumbura à une hauteur de 82%, les travaux vont aussi commencer. Il demande que les ministères sectoriels envoient urgemment leurs techniciens notamment les ingénieurs, pour voir les biens et les infrastructures publics qui pourraient être endommagés. D’après les résultats de ses recherches, 90 % des eaux atteindront le maximum au mois de mai, ce sont les précipitations qui alimentent le lac, et la baisse est liée à l’évapo -transpiration qui ne signifie absolument rien.
Depuis le 31 mars au 7 avril 2021, le lac Tanganyika a connu une hausse de 6 cm, soit une hausse de 6,7mm/ jour. Entre le 7 et le 15 avril de la même année, on a connu une croissance très forte de 12 cm, soit une hausse journalière de 8,6mm. « Je prends les mesures très régulièrement, et ces données nous serviront à améliorer la montée du niveau du lac, l’arrêter, et informer la population afin de se mettre en sécurité».
Selon les projections, le lac pourrait arriver à une altitude de 777,12 m. Lorsqu’on aura moins de précipitations, cela ne pourrait pas arriver à ce chiffre, a précisé professeur Sindayihebura. Selon les informations de l’Igebu (Institut géographique du Burundi), les précipitations attendues seront supérieures à la normale, c’est pour cela que le niveau du lac continue à monter.
Yvette Irambona