Il était temps, en Septembre 1993, s’est- on exclamé jeunes journalistes en ce temps, saluant l’agréement du Comité national olympique lors de la session du Comité national olympique à Monaco par acclamation. Comme promis, le Prince Albert de Monaco, Vice – président du CIO (Comité international olympique) grand supporter des athlètes Burundais sur la scène sportive internationale ( Kwizera, Nizigama, Niyongabo, Hakizimana, Nkazamyampi); le Prince Albert a tenu le Comité national olympique du Burundi naissant, sur les Fonts baptismaux, dans l’arène du Comité international olympique. Il exprima son accord dans son interview lors du championnat du monde d’athlétisme à Stuttgart (Août 1993) au moment où il négocia avec succès le transfert de Londres à Monaco, les assises de l’IAFF (International Association of Athletics Federations) actuel World Athletics. C’était dans une interview accordée aux journalistes présents (Harerimana et Ruzoviyo) et paru au journal Le Renouveau du Burundi, no 4192.
Il apparait ainsi que le Comité national olympique du Burundi et la presse sportive au Burundi sont unis par action. Jeunes journalistes jadis (Harerimana et moi- même), l’on ne cessait d’interpeller le ministre de la Jeunesse des sports et de la culture Ndaye Stanislas déjà vers 1983, pour cette question qui lui tenait à cœur : A quand la création du Comité national olymique ? Ni son successeur Habonimana Balthazar ne verra pas la naissance du Comité national olympique. Au départ, le Burundi, avec sa politique du non-alignement sous le régime Bagaza, s’était mis hors du circuit olympique à deux reprises. Il s’abstient du programme olympique pour les Olympiades de Moscou (1980) boycotté par les Etats-Unis à cause de l’invasion russe en Afghanistan. Le Burundi récidive en optant pour l’abstention aux Jeux olympiques de Los Angeles (1984), boycotté à son tour par les Russes. L’appel du Comité international olympique pour une participation africaine massive aux Jeux olympiques ainsi que des missions sur le terrain n’avaient pas dissuadé le Burundi. Cette mise à l’ écart volontaire allait être préjudiciable au Burundi dans sa tentative de retour dans le mouvement international olympique en vue des Jeux olympiques de Seoul 1988. L’obstacle était de taille car, des membres de l’ACNOA avaient vu du mauvais œil le refus du Burundi pour son intégration dans le mouvement olympique. ACNOA (Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique). Les premières victimes furent les athlètes et le sport national.
Le Burundi, par intermédiaire de Dieudonné Kwizera dans sa splendeur, manqua incontestablement une chance de médaille olympique. A Séoul, l’on assista plus tôt à la victoire du kenyan Paul Ereng que notre compatriote avait devancé dans un meeting en Europe quelque temps plus tard. Il fut un des meilleurs athlètes en son temps, déjà double médaillé de bronze dans sa prime jeunesse âgé de 20 ans aux Jeux Africains de Nairobi (relais 4 fois 400 m et sur 8 00 m) en 1987.
Il en fut de même avec Nkazamyampi, champion d’Afrique (800 m) et qui allait pourtant manquer les Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Par deux fois, la même année, il cassa la domination kenyane sur la distance depuis des années. Une fois, c’était lors des 8è championnats d’Afrique d’ Athlétisme à Île Maurice. La seconde fois, c’était lors des « Jeux de l’Unité », devant le président Nelson Mandela enthousiaste, libéré en 1990 et investi président en 1994.
Nkazamyampi confirma même sa forme éclatante une année plus tard, sacré vice- champion du monde au championnat du monde d’athlétisme à Toronto.
L’éveil olympique du Burundi !
L’éveil olympique prit de l’ampleur à l’avènement de la troisième République en 1986.
Le régime politique avait changé ainsi que la mentalité du non- alignement. On assista ainsi aux péripéties avant- coureur depuis la nomination du ministre Nahayo Adolphe en 1988. Le président du Comité international olympique Samaranch dépêcha au Burundi son directeur de cabinet, l’éminent ex journaliste sportif Fekrou Kidane récemment décédé. Je fus ravi de le revoir après avoir fait connaissance avec lui, 11 ans plus tôt, lors de la finale de la Coupe d’ Afrique des clubs champions au stade du 20 Mai, actuel stade des Martyrs à Kinshasa en 1981. Il se rappelait encore de moi, jeune journaliste, aux milieux des vieux du métier tels que Jean Diatta (Radio France Internationale, Tshimpumpu wa Tshimpumpu plus tard ministre des sports au Congo. C’était entre Vita club de Kinshasa et la Jeunesse électronique Tizzi Ouzou. En marge de sa mission du Comité international olympique au Burundi, il fut aussi convié au parrainage des élections portant création du premier comité exécutif de l’AJSB (Association des journalistes des sports du Burundi) dirigé par Harerimana Tharcisse en 1992. Il réside pour l’instant au Canada, formateur associé au PAISAC; un Centre international de formation des entraineurs d’ Afrique et des Caraibes basé à Montreal où il enseigne le cours sur le Mouvement olympique et de management des organisations sportives olympiques grâce à sa formation acquise dans de nombreux séminaires olympiques et son expérience en tant que chef de mission du Comité national olympique du Burundi lors des trois Jeux olympiques (Sydney 2000), (Athenes 2004) et Beijing ( 2008).
Fekrou Kidane, sa mission principale au Burundi consistait à s’enquérir de la légalité des textes à présenter lors de la session du Comité international olympique prochain, en vue de l’agréement du Comité national olympique du Burundi dans le giron international olympique. Dans ses bagages, il repartait ainsi avec le statut réglementaire qu’il connaissait, ayant participé lui- même aux dernières retouches relatives au statut juridique. La présidence du Comité national olympique du Burundi fut confié au ministre de la Jeunesse des sports et de la culture en l’occurrence Adolphe Nahayo tandis que le secrétariat a été attribué à Leonard Nduwayo, l’homme qui a joué un rôle majeur par le passé, dans le développement de l’athlétisme au Burundi.
A la session de Monaco du Comité International Olympique, le Burundi avait des atouts. C’était d’ une part, grâce aux brillants athlètes sur la scène sportive internationale qui avaient tapé dans l’œil, le Prince Albert au meeting de Monaco « Herculis ». D’ autre part, il y avait le remarquable travail du Comité national olympique préparatoire accompli sur le terrain par intermédiaire de sa commission technique. Sachant les exigences du Comité international olympique, il fallait réunir des textes appropriés des cinq fédérations nationales attestant l’affiliation aux fédérations sportives internationales.
Année 1966: l’envolée olympique du Burundi !
Aux Jeux Olympiques d’ Atlanta ( 1996), le Burundi entrait dans le gotha olympique d’ une manière forte en acquérant sa première médaille d’ or olympique pour sa première participation; une performance que seuls deux pays africains indépendants avaient réussi jusque- là. Cette médaille d’ or fut remporté haut la main par Vénuste Niyongabo ( 5000m ) à 23 ans, coiffant sur le fil le brillant kenyan Bitok médaillé d’ argent à Barcelone (1992) et Los Angeles (1996) ainsi que le marocain Boulami (bronze), au stade Olympique d’ Atlanta, sous les applaudissements de 80.000 spectateurs !
L’hymne national du Burundi retentissait tandis que le drapeau national était hissé sur le toit du monde entouré du drapeau kenyan et marocain respectivement à la seconde et troisième place. C’est à juste titre que le Prince Albert qui s’était investi pour l’entrée du Burundi dans l’arène olympique portait cette médaille au cou de notre compatriote, élevé sur la plus haute marche du podium. Telle était l’information que nous gratifiait en direct notre confrère Harerimana Tharcisse depuis Atlanta pour la RTNB assistant en direct au sacre olympique et grandiose du Burundi.
Le jeune champion olympique Niyongabo de la génération dorée des athlètes Barundi prenait le flambeau. Ces athlètes prenaient part ravis aux Jeux olympiques tant rêvés, certes sur le tard. Ce sont Kwizera et Nkazamyampi cités ci-haut, Hatungimana Arthémon médaillé d’argent aux championnats du monde de Göteborg sur 800m (1995) et Nizigama qui manqua d’un cheveu, une place au podium, classé 4è (10 000) derrière l’ éthiopien Gebrselassie, le kenyan Paul Tergat et le marocain Salah Hissou. Nizigama dévanca à son tour les deux kenyans Machuka (5è) et Paul Koech ( 6è)…
Cette médaille d’or acquise par Niyongabo arrivait au point nommé quand les Barundi se voyaient encore une fois meurtris par une autre crise politique présidentielle en Août 1996.
A Paris, aux prochains Olympiades de Paris 2024, le Burundi est à créditer de huit participations aux Jeux olympiques !
L’actuel Comité national olympique du Burundi est sous les auspices d’une femme: Lydia Nsekera. On dénombre en Afrique moins de dix femmes ayant dirigé des Comités nationaux olympiques dans leurs pays, depuis 10 ans.
Louis Ruzoviyo