
Ambassadeur de la République populaire de Chine au Burundi Zhao Jiangping
La Chine propose trois initiatives en faveur des pays africains, qui touchent l’industrialisation, l’agriculture et la formation des talents. Le Burundi en est également bénéficiaire comme nous pouvons le lire dans les lignes qui suivent.
Le 24 août 2023, lors du 15e sommet des Brics à Johannesburg, le président chinois Xi Jinping et le président sud-africain Cyril Ramaphosa ont co-présidé le dialogue entre les dirigeants chinois et africains. De nombreux chefs d’Etat et de gouvernement africains, dont Evariste Ndayishimiye, président de la république du Burundi, en même temps président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est, y ont assisté. À l’issue du dialogue, la Chine a publié trois initiatives, à savoir l’Initiative pour le soutien à l’industrialisation en Afrique, le Programme d’assistance de la Chine à la modernisation de l’agriculturede l’Afrique et le Plan de coopération sino-africaine pour la formation des talents, afin de soutenir l’intégration et la modernisation du continent africain. Dans la Déclaration conjointe du dialogue entre les dirigeants chinois et africains adoptée et publiée lors de la réunion, la partie africaine a exprimé son accueil favorable aux trois initiatives chinoises. Lors de la réunion, le président Evariste Ndayishimiye a déclaré dans son discours que : « Mon pays et notre région gardent les portes ouvertes à toute initiative de soutien à l’industrialisation, à la modernisation de l’agriculture et de développement des jeunes talents. »
Concernant le Programme d’assistance de la Chine à la modernisation de l’agriculture en Afrique, le président Xi Jinping a souligné dans son discours que la Chine «accompagnera l’Afrique dans l’extension de ses cultures céréalières, encouragera les entreprises chinoises à accroître leurs investissements dans l’agriculture en Afrique et renforcera la coopération sur les technologies agricoles dont celles liées aux semences, en vue de contribuer à la transformation et à la montée en gamme de l’agriculture en Afrique».
Un grand pays agricole
La Chine est un grand pays agricole avec une population importante. Comment nourrir un quart de la population mondiale sur seulement un septième des terres arables mondiales a toujours été un défi fondamental et vital pour le développement de la Chine. Depuis les années 1960, la modernisation agricole faisait partie intégrante de la Vision de «Quatre Modernisations» proposée par le gouvernement chinois. En s’inspirant de l’expérience de modernisation à la chinoise et des conditions de production agricole privilégiée de l’Afrique, nous pensons que la modernisation de l’agriculture est également une base importante et une voie réalisable pour la réalisation du développement autonome et durable des pays africains. Au fil des ans, de grands efforts ont été déployés par les pays africains, l’UA et les organisations sous-régionales dans la promotion de la modernisation de l’agriculture en Afrique, avec des résultats certains. Cependant, l’Afrique fait encore face à des contraintes dans son développement agricole tels que des fonds, infrastructures et des équipements agricoles insuffisants; des chaînes des industrielles et d’approvisionnement incomplètes, ainsi que des modes de production à améliorer.
Dans ce contexte, le Programme proposé par la Chine prévoit vingt-deux mesures concrètes dans sept domaines clés, à savoir : (1) approfondir l’articulation des stratégies de développement agricole et les consultations sur les politiques concernées entre la Chine et l’Afrique ; (2) améliorer les chaînes industrielles agricoles et la valeur ajoutée des produits agricoles de l’Afrique ; (3) renforcer la coopération sino-africaine en matière de technologies agricoles ; (4) renforcer la coopération sino-africaine en matière d’innovation scientifique et technologique agricole ; (5) renforcer la facilitation du commerce sino-africain des produits agricoles ; (6) assurer la sécurité alimentaire de l’Afrique et (7) renforcer la coopération internationale.
Le Burundi est également concerné
En effet, la coopération agricole entre la Chine et le Burundi est à l’avant-garde de la coopération agricole sino-africaine. Tous les sept domaines clés mentionnés dans le Programme concernent également la coopération sino-burundaise :
Premièrement, en matière de l’articulation des stratégies de développement agricole et des consultations sur les politiques concernées. Les ministères de l’Agriculture chinois et burundais travaillent activement à la signature d’un mémorandum pour soutenir la coopération agricole bilatérale par des politiques. La Chine invite activement les fonctionnaires et professionnels burundais du secteur agricole à participer à divers forums, conférences, séminaires et programmes de formation organisés par la Chine.
Deuxièmement, en matière des chaînes industrielles agricoles et la valeur ajoutée des produits agricoles. La Chine encourage activement les entreprises et organisations sociales chinoises à investir dans l’agriculture burundaise. La Fondation chinoise pour le Développement rural et le groupe d’experts agricoles chinois ont conjointement lancé et mis en œuvre le « Projet pilote de démonstration de réduction de la pauvreté par la technologie du riz hybride au Burundi », explorant ainsi un nouveau modèle de coopération entre les acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux.
Troisièmement, en matière de coopération technique agricole. La Chine a dépêché cinq groupes d’experts agricoles depuis 2009 et construit le Centre Pilote agricole à Gihanga dont les réalisations ont été à plusieurs reprises saluées par le président Ndayishimiye et le gouvernement burundais.
Quatrièmement, en matière d’innovation scientifique et technologique agricole. Les efforts des groupes d’experts chinois ont permis d’établir au Burundi un record africain de production de riz de 13,86 tonnes à l’hectare, et le succès de la sélection de nouelles variétés du riz hybrides. La Chine encourage toujours les organismes de recherche agricole, les universités et les entreprises chinoises du secteur à renforcer la coopération technique avec leurs homologues burundais pour promouvoir l’innovation agricole.
Cinquièmement, en matière de la facilitation du commerce agricole.La Chine accueille favorablement les produits agricoles de qualité du Burundi sur le marché chinois. Selon les statistiques de douane chinoise, de janvier à juillet 2023, le Burundi a exporté 1 902 tonnes de thé vers la Chine, se classant ainsi quatrième parmi tous les pays exportateurs, et premier parmi les pays africains. Les exportations du thé burundais vers la Chine ont augmenté de 145% par rapport à l’année précédente, soit la plus forte hausse parmi tous les pays exportateurs. Actuellement, la Chine et le Burundi travaillent activement à explorer des moyens de faciliter les exportations de café burundais vers la Chine.
Sixièmement, en matière de la sécurité alimentaire.La Chine soutient les efforts du Burundi en la matière. Lors de la rencontre bilatérale en juillet 2023, le président Xi Jinping a fait de « soutenir la sécurité alimentaire du Burundi » un objectif clé de la coopération agricole sino-burundaise. La Chine promeut l’augmentation de la production alimentaire au Burundi par le biais de la recherche des semences sélectionnées, de la diffusion de techniques agricoles et de la formation des jeunes talents.
Septièmement, en matière de coopération internationale. Le Burundi et la Chine entretiennent une étroite collaboration au sein des organisations internationales comme la FAO, et participent conjointement à la réforme des institutions internationales et des cadres réglementaires internationaux pour la gouvernance mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, en défendant les intérêts de l’Afrique en matière de sécurité alimentaire et de développement agricole.
« Le peuple est la base de la nation, et l’agriculture est la vie du peuple. » Pour le Burundi comme pour la Chine, l’agriculture demeure une priorité absolue liée au destin du peuple. Le président Xi Jinping a souligné lors du Dialogue que « ce qui est encore plus important, c’est que la Chine est convaincue que l’Afrique, à travers ses propres efforts, parviendra certainement à l’autosuffisance alimentaire. ». Sur la base de cette logique, nous insistons sur le principe d’ «apprendre à pêcher au lieu de donner un poisson», et continuons à accompagner les frères burundais dans la promotion du développement agricole durable et autonome.
L’année 2023 marquera le 60 e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-burundaises. Les deux pays entendent renforcer davantage leur coopération agricole dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine en mettant pleinement en œuvre le Programme d’assistance de la Chine à la modernisation de l’agriculture de l’Afrique et en soutenant les objectifs de développement du Burundi définis dans son « Plan national de développement 2018-2027 » et sa « Vision Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060 ».
Ambassadeur de Chine au Burundi Xi Jianping