
"Nous, les jeunes, sommes engagés à servir à d'autres générations un bon modèle à suivre dans la consolidation de la paix"
Un Sommet régional réunissant les jeunes leaders venus de quatre pays de la région des Grands lacs, à savoir le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda vient de se dérouler à Bujumbura, du 27 au 28 mars 2023. Intitulé « Sommet des jeunes pour la paix dans la région des Grands lacs », le dialogue transfrontalier et autonomisation des jeunes pour la paix dans cette région a été au centre des échanges. Alors que cette région est caractérisée par des conflits armés ponctués des violences, trois jeunes interviewés, venus de trois des pays de la région des Grands lacs ont affirmé que la jeunesse constitue un atout majeur pour la pacification de cette région.
Pendant des décennies, la région des Grands lacs connaît des conflits armés répétitifs et des guerres fratricides. Pour Henri Bayaga, jeune burundais, représentant légal de l’association « African rebith », les jeunes sont capables de consolider le leadership et la préservation de la paix dans « nos communautés». Pour lui, l’important est que les jeunes soient unanimes et se sentent engagés à être de vrais acteurs de la paix. « Nous, les jeunes, sommes engagés à servir, à suivre d’autres générations dans la consolidation de la paix ».
Pour Vanessa Kilandji, activiste des droits des enfants en République démocratique du Congo, les jeunes constituent un atout dans la région des Grands lacs pour pouvoir bâtir la paix, construire le présent et même le futur. Elle s’est dite contente d’avoir abordé, lors du sommet régional tenu à Bujumbura, les facteurs qui peuvent aider les jeunes à promouvoir la paix. Mme Kilandji converge avec Providence Iradukunda, une jeune rwandaise, qui a souligné le rôle incontournable que doivent jouer les jeunes de la région pour préserver la paix. Elle a conseillé aux jeunes de s’atteler aux travaux générateurs de revenus et à innover.
Le chemin reste long
Concernant le rôle des jeunes dans la préservation de la paix dans la région des Grands lacs, Providence Iradukunda, initiatrice de l’organisation « Youth estimation for peace and development » est claire. Elle n’y va pas par quatre chemins en affirmant que le chemin reste long mais qu’il y a encore de l’espoir. « Si je regardes les initiatives en cours, il y a de l’espoir et la garantie d’une forte probabilité d’avoir la paix dans la région des Grands lacs ». Elle s’est réjouie du changement progressif des habitudes des jeunes de cette région. « Quelque fois des problèmes entre Etats surgissent, des populations civiles s’en mêlent. Vous le savez, il y a des problèmes entre le Rwanda et la RDC, mais, si aujourd’hui nous pouvons nous rencontrer, dialoguer dans une entente sans précédente, c’est un progrès grandiose. C’est le premier pas important dans la construction de cette paix durable souhaitée ».
Mme Kilandji a appelé les jeunes des Grands lacs à adopter des attitudes et comportements pouvant garantir la paix. Pour cette jeune fille congolaise, dans sa région, les jeunes constituent une force qui, malheureusement, est manipulée pour participer dans des actions perturbatrices de la paix. Elle a invité tous les jeunes à ne pas céder à la manipulation. « Je lance un message fort à l’endroit des jeunes de la RDC, du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda d’user de leurs forces et de leur sagesse pour faire en sorte que la paix règne dans notre région». Et d’ajouter « Je sais que ce n’est pas facile parce qu’il y a cette participation plus engagée que nous sommes en train de chercher ».
« Nous voulons une région des Grands lacs avec une paix durable »
Après les travaux de ce Sommet régional, nos interlocuteurs ont affirmé avoir eu des pistes de solutions à certaines questions qui hantent la région. « Nous voulons une région des Grands lacs avec une paix durable », a lancé Vanessa Kilandji, originaire de Goma en RDC. Quant à M. Bayaga, il y a un avantage si la jeunesse se lève comme un seul homme et militer pour la paix. Tous nos interlocuteurs ont lancé un message clair et puissant à la jeunesse du Burundi, Rwanda, RDC et de l’Ouganda à tourner le dos contre l’instrumentalisation dont ils sont souvent victimes.
Mme Iradukunda a fait savoir qu’elle rentrera dans son pays pour témoigner le climat de paix et d’apaisement qui règne au Burundi. « Il y a des gens qui disent qu’il y a eu ces derniers jours des conflits politico-sécuritaires entre le Burundi et le Rwanda, mais, en réalité, c’est la troisième fois que je visite le Burundi, je n’ai jamais eu de soucis ».
Mme Iradukunda a lancé un appel particulier à l’endroit des jeunes leur appelant à ne pas être des prisonniers du passé mais à militer pour le changement. « L’ancienne génération, c’est-à-dire les adultes, vit avec des blessures du passé, mais il revient à la nouvelle génération d’adopter une nouvelle démarche ».
Moïse Nkurunziza