Le cancer est l’une des maladies chroniques et devient un problème de santé publique. Les défis auxquels fait face le Burundi dans la lutte contre cette maladie sont, entre autres, le manque d’infrastructures adaptées, peu de ressources humaines qualifiées et d’équipements. Malgré les efforts du gouvernement, le chemin reste long pour atteindre une meilleure prise en charge de ladite maladie. Mais, la population est interpellée à consulter précocement les prestataires de soins pour multiplier les chances de guérir.
Agrippine Nyandwi, présidente de l’association des personnes atteintes du cancer fait savoir que les membres de cette dernière s’encouragent mutuellement et soutiennent les cas positifs nouvellement diagnostiqués. Elle précise que ladite association organise aussi des séances de sensibilisation pour informer le public les signes du cancer afin de les inciter à aller se faire diagnostiquer précocement.
Mme Nyandwi témoigne qu’elle a commencé à sentir les signes du cancer depuis 2012 : « J’ai commencé à sentir des signes inhabituels. J’avais la fatigue toute la journée, je me sentais mal presque dans tout le corps. J’avais aussi des douleurs au niveau du cou. Je me suis rendue chez beaucoup de médecins. Ils me prescrivaient des examens à faire pour identifier la cause de ces douleurs. Les résultats montraient qu’il n’y avait aucun agent pathogène dans mon corps. Je vivais cette situation jusqu’en 2014 », a-t-elle précisé.
Mme Nyandwi ajoute qu’après, elle a remarqué un ganglion au niveau des aisselles. Elle s’est décidée d’aller se faire soigner à l’étranger. C’est là où les médecins ont découvert les cellules cancéreux dans ce ganglion.
L’annonce du cancer est un cou de foudre
Notre source affirme que, lorsque le patient apprend pour la première fois qu’il est atteint du cancer, c’est comme un cou de foudre : « Le premier jour de l’annonce du cancer a été une calvaire pour moi. Je me suis posée mille et une questions sans réponses. Dans tous les cas, même d’autres membres de notre association disaient la même chose. Mais avec le temps, nous nous sommes adaptées à cette maladie », a-t-elle mentionné. Arrivée à l’étranger, les médecins ont découvert qu’elle avait un cancer du sein. Elle était bien traitée. Elle affirme que maintenant, elle est guérie du cancer du sein.
Notre source déplore qu’ici au Burundi, il y a peu de centres de prise en charge du cancer. Les médicaments sont très coûteux et peu de gens sont capables de s’en procurer. Par conséquent, beaucoup succombent à cause de la pauvreté.
Pour ce faire, elle demande au gouvernement, de tout faire pour multiplier les centres de traitement du cancer ainsi que les ressources humaines qualifiées avec les équipements adaptés au traitement du cancer. Elle demande à la population d’aller consulter le médecin chaque fois qu’elle sent des signes inexplicables dans son corps.
Le cancer devient un problème de santé publique
Le directeur du programme national de lutte contre les maladies chroniques non-transmissibles au ministère en charge de la santé publique, Jean de Dieu Havyarimana fait savoir que les signes du cancer sont nombreux. Il cite, entre autres, la douleur inexpliquée au niveau des os, interne ou de la tête. D’autres signes qui se remarquent le plus souvent sont la tuméfaction d’un organe ou d’une partie du corps soit au niveau du visage, du thorax, de l’abdomen ou des membres inférieurs ou supérieurs et au niveau de la tête. Dans ce cas, explique-t-il, le patient remarque une augmentation petit à petit de volume de ces parties ci-haut citées. Il parle également du changement de la couleur de la peau, surtout au niveau du sein. Il a ,en outre, les saignements lors des rapports sexuels et des écoulements au niveau vaginal chez la femme. M. Havyarimana déplore que le plus souvent, ces signes soient constatés lorsque le cancer a déjà atteint un stade avancé. Pour cela, il interpelle toute la population, à toujours s’approcher des prestataires de soins lorsqu’elle constate un changement, sur son corps.
Le manque d’infrastructures adaptées pour le cancer, un des défis au Burundi
Dr Havyarimana précise qu’au Burundi, la population n’est pas informée sur les signes précurseurs du cancer. Par conséquent, ce dernier ne peut pas être diagnostiqué précocement pour espérer une guérison. Il indique qu’un autre défis est le manque de séances de sensibilisation pour informer le grand public de l’impact négatif du cancer sur la santé du malade, l’économie de la famille mais aussi sur tout le pays en général.
Notre source fait remarquer que le grand défis identifié au Burundi est lié au manque d’infrastructures adaptés « car, dans le traitement des cancers, il y a un volet médical, celui de la radiothérapie mais aussi des soins palliatifs. Au Burundi, nous faisons face au manque des infrastructures adaptés pour ces volets », a-t-il précisé.
Il signale aussi la non-disponibilité et la cherté des médicaments ou des produits nécessaires pour la prise en charge des cas qui souffrent du cancer. Il souligne qu’ il y a le manque de ressources humaines qualifiés et les équipements pour une bonne prise en charge des cas du cancer.
Pour y faire face, M. Havyarimana précise que le gouvernement du Burundi, à travers le ministère en charge de la santé, a déjà préparé un Plan stratégique de lutte contre le cancer 2023-2027 qui est en phase finale, un document qui a été préparé dans le cadre de la mise en place d’un centre national de référence en cancérologie et il est avancé.
Quant à la population, notre interlocuteur lui demande de toujours consulter précocement les médecins lorsqu’elle soupçonne un signe du cancer sur son corps afin de multiplier les chances de guérir.
Rose Mpekerimana