
M.Mbonerane trouve que le projet "Ewe Burundi urambaye" est une bonne initiative qui mérité d'être appuyé
Dans ces derniers temps, le Burundi connait une dégradation de son environnement suite à la crise qu’il a connue et qui a causé la destruction des réserves naturelles et des forêts. La pression démographique, les activités de l’Homme sur son environnement, notamment l’utilisation de produits chimiques, des plastiques, les feux de brousse, etc, sont aussi des causes de destruction de l’environnement. Pour faire face à cette destruction, le gouvernement du Burundi a initié le projet Ewe Burundi urambaye. Pas mal d’activés ont été déjà menées. Le président fondateur de l’Action ceinture verte pour l’environnement (ACVE), Albert Mbonerane, trouve qu’en appui à ce projet, il faut que toute la population se mobilise et donne sa contribution.
La dégradation de l’environnement est en partie liée à l’absence de formation et d’informations suffisantes pour maintenir l’équilibre entre la protection des écosystèmes et la satisfaction des besoins de l’Homme. Aujourd’hui, au Burundi, l’influence de l’Homme sur l’environnement est manifeste. La population détruit les ressources naturelles dont le sol, l’eau, l’air et les forêts sans se soucier des conséquences qui peuvent suivre. Pour dire que les actions humaines endommagent la nature au point de porter préjudice aux générations actuelles et futures. Ainsi, l’agression de l’environnement, notamment les besoins en bois, la surexploitation des terres, la destruction des aires protégées et le déboisement engendrent la dégradation des ressources forestières. Cela favorise l’érosion, la perte de fertilité des sols, la disparition des espèces végétales et animales, etc.
Prise de conscience
D’après le président fondateur de l’Action ceinture verte pour l’environnement (ACVE), Albert Mbonerane, pour bien comprendre ce que c’est la protection de l’environnement, il faut d’abord centrer les choses et savoir que la personne humaine est au centre de l’environnement. Parlant de la protection de l’environnement, il pense au premier Sommet sur l’environnement qui s’est tenu à Stockholm en 1972, au cours duquel on a essayé de définir l’environnement. Depuis l’ère de la révolution industrielle, on voyait que l’on est en train de chercher le développement sans se rendre compte que l’on détruit l’environnement. « Là, à Stockholm, ils ont dit, attention à la protection de l’environnement. Ainsi, la conscience a commencé à venir ».
Selon lui, vingt ans après cette réunion, au cours du Sommet qui s’est tenu à Rio de Janeiro au Brésil en 1992, on a cherché à savoir ce qui est déjà fait à propos de ce qu’on avait décidé à Stockholm. Là on est arrivé à mettre en place trois conventions des Nations unies : sur la biodiversité, sur les changements climatiques et sur la lutte contre la désertification. « Donc, il y a eu une prise de conscience qu’il faut protéger l’environnement et le Burundi a ratifié ces conventions en 1997».
M. Mbonerane souligne que protéger l’environnement consiste à protéger la biodiversité ainsi que les espaces verts, les forêts, etc. « Comme ça on contribue à la réduction des effets néfastes des changements climatiques. Mais si nous continuons à tout détruire, la planète va continuer à crier au secours et cela devient un peu difficile ».
Pour le président du Comité de pilotage du projet Ewe Burundi urambaye, en même temps chef des forces de défense du Burundi, Général Prime Niyongabo, la protection de l’environnement, en l’occurrence la plantation des arbres, c’est la création de l’environnement sain pour la vie, la santé. C’est aussi produire de l’air pur qu’on respire en provenance des arbres, la régulation de la pluviométrie, la limitation de la désertification, etc.
Il y a encore à faire
A la question de savoir si les actions déjà menées en matière de protection de l’environnement au Burundi sont satisfaisantes, M. Mbonerane trouve qu’il y a encore à faire. Au niveau du cadre institutionnel, a-t-il ajouté, il y a encore des lacunes car l’environnement, l’agriculture et l’élevage sont incompatibles. « Parce que, à y regarder de prêt, l’agriculture est l’un des premiers destructeurs de l’environnement. Cela s’explique par le fait qu’on continue à couper les arbres au profit de l’agriculture. Or, quand on les met ensemble, surtout aujourd’hui où le gouvernement met en avant la sécurité alimentaire, notamment la production agricole, on oublie carrément l’environnement ». Il trouve qu’il faut qu’il y ait un ministère propre à l’environnement pour bien mettre en application les conventions sorties du sommet de Rio de Janeiro en 1992.
Au niveau du cadre légal, Albert Mbonerane trouve qu’au Burundi on est avancé car il existe le code forestier, le code foncier, le code de l’environnement et le code de l’eau. « Mais ce qui est déplorable, c’est que les dispositions de ces codes ne sont pas bien respectées parce que quand on a un boisement, par exemple, avant de couper les arbres, il faudrait qu’il y ait une autorisation. Mais aujourd’hui, si on pose la question à quelqu’un, quand vous coupez ces arbres là, qui vous a autorisé de les couper, on n’a pas de réponse. Si on lisait correctement le contenu de ces textes de loi, le Burundi resterait un pays vert. Donc, au niveau du cadre légal c’est bien, mais il manque la mise en application effective de ces textes de loi».
«Le projet Ewe Burundi urambaye, une bonne initiative »
Parlant du projet Ewe Burundi urambaye, M. Mbonerane trouve que c’est une bonne initiative. « Mais, les Burundais semblent ne pas être suffisamment sensibilisés pour savoir ce qu’ils peuvent ou doivent faire ». Selon lui, la population ne doit pas être mobilisée pour passer à l’action de la plantation seulement. « Il faut aussi mettre en place un mécanisme de suivi pour se rassurer que les arbres qu’on a plantés ont bien poussé et c’est la communauté environnante, en collaboration avec l’administration, qui doit s’occuper de ce suivi. De cette façon, après un certain temps lors de l’évaluation, on pourra bien constater que les arbres qu’on a plantés ont bien poussé ou pas ». Il trouve qu’il faut que tout le monde soit impliqué. « Donc, si on plante un arbre, il faut suivre de près pour voir s’il est en train de bien grandir ».
En réponse à cette inquiétude, le président du Comité de pilotage du projet Ewe Burundi urambaye souligne que depuis la mise en œuvre de ce projet on a commencé par mobiliser et sensibiliser tous les intervenants, c’est-à-dire les administratifs et s’approprient du projet. Cela dans le but que les arbres plantés soient bien protégés, entretenus et qu’ils soient réellement la propriété de la population parce que c’est cette dernière qui habite tout près des boisements qu’on a déjà mis en place. Selon lui, même s’il y a encore des défis, les résultats des actions menées sont satisfaisants.
Le manque d’appropriation, un des grands défis
Parlant des défis pour le projet Ewe Burundi urambaye, Général Niyongabo dit qu’il y a le manque d’ appropriation suffisante, de la part de la population et des administratifs, pour que les arbres plantés soient protégés et soient la propriété de la population. « C’est vrai que la population s’approprie des travaux liés à la mise en place des boisements, notamment les pépinières, la plantation lors de la campagne de plantation, etc. Mais la protection des arbres plantés n’est pas encore arrivée à un niveau satisfaisant. C’est le premier et grand défi ».
Selon lui, le deuxième défi, c’est la mentalité des populations de certaines régions. Elles pensent que les feux de brousse constituent un avantage pour l’agriculture. « Quand il y a les agriculteurs qui utilisent des feux pour brûler les herbes, des fois les feux allumés peuvent atteindre les boisements et c’est une destructiontotale ».
L’intérêt immédiat, une des causes de la destruction de l’environnement
Parlant des causes de la destruction de l’environnement, M. Mbonerane trouve que l’intérêt ou le bénéfice immédiat vient au premier plan. « C’est-à-dire qu’au niveau de la population, on dirait qu’il n’y a pas de priorité pour l’environnement. Quand un individu quelconque a un arbre et qu’il veut le vendre à un fabricant du charbon de bois, celui-ci commence à calculer le bénéfice qu’il v a en tirer. Il va te donner la valeur de cet arbre en espèces alors que normalement ce n’est pas sa vraie valeur. Il regarde l’intérêt immédiat et il oublie que cet arbre a aussi un grand rôle dans la protection du sol, de l’environnement, etc. Il oublie aussi que si on coupe l’arbre, demain il y aura un ruissellement et l’érosion.
D’après M. Mbonerane, si avant de couper les arbres on se référait au code forestier et qu’on planifiait la plantation d’un autre arbre pour que dans quelques années celui-ci puisse jouer valablement le rôle que jouait celui qu’on a coupé. « Aujourd’hui ce que l’on cherche c’est l’intérêt immédiat du bois, du charbon de bois, etc, et le reste après moi le déluge ». Mais, la planète continue à crier au secours et nous n’entendons pas. La planète terre fait face aux changements climatiques. Cela montre qu’il y a la destruction perpétuelle de la biodiversité et la disparition des forêts. Il y a aussi la pollution de l’air, ce qui montre que la santé va continuer à souffrir». Selon lui, les gens devraient se poser la question de savoir comment on va lutter contre les effets néfastes liés aux changements climatiques si on coupe les arbres ? Comme il n’y aura plus d’arbres, la température va augmenter, ou il y aura beaucoup de pluie, et quand il y a beaucoup de pluie, il y a beaucoup de destructions, des inondations, etc ; on ne saura plus cultiver quand il n’y a plus d’eau ; etc. « Les gens devraient savoir tout cela ».
Ainsi, pour bien protéger l’environnement, M. Mbonerane laisse entendre qu’il faut mettre en avant l’arbre. « La terre sans les arbres, sans la flore, il sera difficile d’y vivre, parce que les conséquences sont visibles, notamment l’érosion, la sécheresse, les glissements de terrain, etc. Si nous ne le protégeons pas, il y aura toujours des cris au secours. Si on veut le Burundi vert comme avant où il était un pays vert avec des collines couvertes d’arbres, ou comme l’époque où on disait que le Burundi est la Suisse d’Afrique, il faut prendre conscience de toutes ces conséquences et prendre toutes les mesures nécessaires pour bien protéger l’environnement ».
Chacun doit contribuer
A la question de savoir ce qu’il faut faire pour appuyer le programme Ewe Burundi urambaye, le président fondateur de l’Action ceinture verte pour l’environnement dit qu’il faut qu’il y ait des appuis financiers d’abord pour que tous les travaux nécessaires dans la protection de l’environnement se déroulent bien. Etant donné qu’au Burundi les gens sont habitués aux travaux de développement communautaire, il trouve qu’il faut que chaque samedi, il y ait un temps pour la pépinière dans chaque commune ou colline afin de bien s’organiser pour qu’au cours de la période de plantation, de décembre à mars, il y ait des plants d’arbre qui doivent être plantés sur chaque colline. « Chacun doit contribuer. Si on mobilise la population et dire voilà chacun doit planter cinq plants d’arbre, il est facile qu’une colline ou une montagne soit couverte d’arbres dans un laps de temps. Et le résultat sera partagé pour tout le monde car quand on plante un arbre, ses bienfaits profitent à tout le monde. Si on a planté 5 ha d’arbres dans un coin, par exemple, là on sait directement qu’on va avoir de l’air frais et sain. Et puis pour la santé, les maladies cardiovasculaires vont diminuer et on gagne ».
De son côté, le président du Comité de pilotage du projet Ewe Burundi urambaye dit que l’environnement c’est la vie. D’où, pour lui, l’appel est simple. « Il est simple parce que, pour les agriculteurs par exemple, ils ne peuvent pas avoir une bonne culture dans un environnement qui n’est pas sain, car l’environnement protège aussi les champs. Si on a des boisements autour des champs et quand il pleut, il n’y aura pas d’ eaux de ruissellement. Celles-ci sont retenues et coulent sans toutefois détruire les cultures ». Alors, a-t-il ajouté, il faut que tout Burundais ou tout habitant du Burundi soit sensibilisé à la protection de l’environnement et pour notre propre santé.
Il y a de l’espoir
A la question de savoir s’il y a l’espoir qu’un jour on verra les collines du Burundi bien couvertes d’arbres comme avant, Albert Mbonerane est optimiste. « Je garde l’espoir car les idées sont là. Si nous voulons réussir, c’est la volonté politique. On connaît bien les Burundais. Ils écoutent et ils obéissent. Si nos dirigeants, nous disaient, voilà, maintenant levons-nous et protégeons l’environnement pour notre bien-être et celui des générations futures, ça serait vite fait. Il suffit que les administratifs à tous les niveaux s’y mettent et tout va aller bien».
Toutefois, il apprécie le traçage des courbes de niveau sur certaines collines du Burundi tout en souhaitant que cela soit pérenne. « On a sensibilisé les gens et les techniciens ont montré comment aménager les courbes de niveau. Demain on va limiter l’érosion et les cours d’eau vont avoir de l’eau propre. Là, le Burundi redeviendra la Suisse d’Afrique comme avant ».
Astère Nduwamungu
Département de la documentation
Service de rédaction