Réaliser le plein potentiel des jeunes burundais
A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la population, le journal « Le Renouveau du Burundi » a profité de cette occasion pour mener une interview exclusive avec le représentant résidant de UNFPA( Fonds des Nations unies pour la population) au Burundi, Judicaël Elidje. Il s’est exprimé sur la contribution de cette organisation dans différentes politiques mises en place par le gouvernement du Burundi.

Judicaël Elidje : « L’UNFPA appui le gouvernement du Burundi dans différents projets qu’il met en œuvre »
(Photo Rose Mpekerimana)
Le Renouveau (L.R) : Monsieur le représentant résidant de l’UNPFA au Burundi, comment les jeune burundais peuvent contribuer d’une manière efficace au développement du Pays.?
J.E : Le pays ne peut pas prétendre être développé s’il n’investit pas dans la jeunesse. Après, c’est cette jeunesse qui va être capable de relever les défis, aussi bien sur les plans économique, santé, infrastructures, bref, dans tous les secteurs. Pour y arriver, le Burundi doit profiter de la dividende démographique. Cela pour dire qu’au lieu de considérer la jeunesse comme un défi au développement, il faut changer de mentalités et impliquer ces jeunes dans la gestion de toutes les activités qui visent le développement du pays. Pour réussir ce pari, il faut investir dans l’éducation et la santé. Au niveau de l’UNFPA, nous collaborons avec le gouvernement du Burundi pour investir dans l’éducation. D’abord, ceux qui vont à l’école doivent être en bonne santé pour pouvoir contribuer au développement du pays. Donc, on investit dans la santé des jeunes au niveau de l’école, à travers ce que nous appelons l’éducation sexuelle complète ou l’éducation aux compétences de la vie courante. Donc c’est doter les jeunes de la capacité de se comprendre, comprendre leur corps, comprendre qui ils sont, afin de faire des choix qui contribuent à une meilleure santé tout au long de leur vie. Un jeune en bonne santé qui n’a pas le VIH sida ou une jeune fille qui ne tombe pas enceinte pendant qu’elle est à l’école, il ou elle a plus de chances de pouvoir réaliser son plein potentiel et peut contribuer au développement du pays. Donc, investir dans la santé, l’éducation, c’est quelque chose qui est important.
L.R : Quels sont les secteurs dans lesquels l’UNFPA investit pour contribuer au développement du Burundi
J.E : En plus de l’éducation et la santé, l’UNFPA appuie le gouvernement burundais dans la création de l’emploi à travers différentes approches surtout la transformation des mentalités. L’entrepreneuriat, est avant tout de penser, une façon de pouvoir s’engager. Tout récemment, il y a eu une étude entre la sociologie et l’anthropologie qui suit les questions liées à l’entrepreneuriat au niveau du Burundi. Cette étude révèle, de manière intéressante, que c’est un concept qui est un peu nouveau au niveau du Burundi et qui mérite d’être développé. A notre niveau, nous contribuons à cela à travers notre approche que nous appelons « entreprendre à partir du zéro capital extérieur » où nous fondons sur la transformation des mentalités. L’entrepreneuriat reste pour nous une porte d’entrée dans laquelle on permet, à travers cette transformation des mentalités, de préparer les gens vers la transition entre la jeunesse et l’âge adulte, mais aussi et surtout de leur donner le modèle ou la mentalité de pouvoir être résilient tout au long de leur vie.
Un autre volet, c’est de contribuer à l’employabilité. Et à travers l’employabilité, certes, nous avons notre programme de stage. Au-delà, nous avons eu un certain nombre d’initiatives pour lesquelles, à travers les universités, comme l’Université du Burundi et l’Université de Ngozi, on met un processus sur la préparation à l’emploi. Nous constatons qu’avoir des diplômes, c’est une chose, mais être capable d’utiliser les connaissances acquises dans le monde professionnel, c’est autre chose. Et, on offre un cadre à travers notre programme, les différents engagements que nous avons avec les universités, de permettre aux jeunes d’entrer progressivement dans le monde de l’emploi. Pour ce faire, les partenariats que nous avons avec les institutions comme le Paeej (Programme d’autonomisation économique et d’emploi des jeunes) ou d’autres organisations visent à renforcer cette jeunesse pour être partie prenante de l’économie. Donc, s’ils sont parties prenantes de la discussion, ils comprennent qu’ils ont un rôle à jouer, aussi bien sur les questions économiques que sociales.
L’UNFPA intervient aussi dans le domaine de la cohésion sociale. On ne peut pas bâtir un pays sans paix. Pour que les Burundais atteignent la Vision nationale 2040-2060, il faut la paix et la stabilité. Et ceux qui vont y contribuer, sont les jeunes qui sont majoritaires aujourd’hui au Burundi. Ainsi, nous collaborons avec le gouvernement pour organiser différentes séances destinées aux jeunes afin qu’ils contribuent activement à la cohésion sociale.
Donc, au niveau de l’UNFPA, notre intervention touche aussi bien la santé, l’éducation, l’employabilité, le leadership, la cohésion sociale et la participation à la gouvernance pour contribuer à réaliser le plein potentiel des jeunes burundais.
L.R : N’y a-t-il pas de blocage culturel quand vous introduisez l’approche de planification familiale alors que le Burundi est un pays pronataliste ?
J.L : Etre pronataliste ne veut pas dire qu’on fait des choix non éclairés ou désordonnés. Etre pronataliste, je comprends vouloir avoir des enfants. Maintenant, je suppose qu’en tant qu’être humain, nous sommes dotés de raisons et devons faire le choix de nos enfants de manière éclairée. Vous allez dire que c’est Dieu qui donne les enfants. On est tous d’accord. Mais le même Dieu qui nous donne des enfants, nous appelle à la responsabilité. Donc, pour nous, en tant que UNFPA, nous devons travailler avec le gouvernement pour permettre aux populations de faire de bons choix et donner les informations qu’il faut sur la planification familiale. Donc, que ce soit la méthode naturelle ou moderne de contraception, il faut que les gens sachent exactement ce à quoi ils ont le droit pour réguler leurs naissances.
Le représentant résidant de l’UNFPA au Burundi conclut en rappellant rappelle que toutes les interventions faites par cette organisation vont dans le cadre de l’appui dans différents projets initiés par le gouvernement du Burundi.
Rose Mpekerimana