Au Burundi, pays d’Afrique centrale, les tambours font partie du patrimoine national. Selon la légende, « le premier rythme de tambour burundais aurait été joué par un serpent sur une peau séchée de taureau que le premier souverain du royaume du Burundi aurait reçu de l’époux de sa tante», raconte Emmanuel Nkurunziza, tambourinaire burundais résidant à Toronto.
Ingoma signifie tambour en kirundi d’une part, mais aussi le royaume d’autre part. Si vous voulez dire «royaume du Burundi», vous direz «Ingoma y’uburundi », en kirundi. C’est exactement la même chose, explique M. Nkurunziza. Celui-ci a appris à jouer au tambour à l’école secondaire comme plusieurs autres tambourinaires de son pays d’origine.
Les spectacles de tambourinaires burundais mêlent danses, chants et cris
Le métier de tambourinaire, comme à l’époque traditionnelle, peut se transmettre aussi de père en fils. Les femmes ne sont pas autorisées à jouer au tambour. La raison de cette interdiction est à trouver dans la tradition, selon M. Nkurunziza. Traditionnellement, le tambour est considéré dans une certaine mesure comme une représentation du corps d’une femme et considère que la femme ne peut pas jouer de son propre corps.
Les spectacles de tambourinaires burundais mêlent danses, chants et cris. Qu’ils soient amateurs ou professionnels, les chants des groupes de tambourinaires louent et rappellent l’histoire du Burundi ainsi que la bravoure des souverains du royaume du Burundi, dit M. Nkurunziza.
Toute exhibition d’une troupe de tambourinaires en dehors de cérémonies officielles requiert l’autorisation du ministre de la Culture du Burundi ou de l’ambassade de ce pays, selon le décret règlementant l’exploitation des tambours du Burundi,
Les tambourinaires du Burundi ont la particularité de jouer parfois des tambours qu’ils portent sur la tête en dépit du poids de cet instrument. Pour M. Nkurunziza, cela n’est pas donné à tout le monde.
Au Japon en 1994, à la fin d’un de nos spectacles, un spectateur m’a demandé combien pesait mon tambour. Je lui ai dit : «47 kilos». Il a demandé à ce qu’on l’aide à porter le tambour sur la tête, ce qui fut fait. Mais, il n’a pas pu faire un seul pas. Et là je me suis dit : ah voilà quelque chose que nous maîtrisons et qui n’est pas à la portée de tout le monde.
Pour protéger les tambours du Burundi, classés aux patrimoines immatériels de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), le gouvernement de ce pays réglemente depuis 2017 leur exploitation au niveau national et international.
Le Tambour ou Ingoma est un élément important de la culture burundaise
Du temps de la monarchie, il annonçait les grands événements tels que les intronisations, les funérailles des souverains, ou encore les fêtes de semailles du sorgho au mois de décembre.
Après la chute de la monarchie en 1966, le tambour, jusque-là réservé aux tambourinaires appelés les Batimbo, s’est ouvert à d’autres groupes surtout des jeunes.
Depuis 2014, le tambour est inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Pour valoriser ce symbole de royauté, le gouvernement a récemment pris des mesures pour réglementer l’usage du tambour. Des mesures qui sont néanmoins controversées.
Le 20 novembre, le son du tambour burundais a résonné à travers tout le pays
La semaine dédiée à l’Ingoma a été une première cette année, depuis l’inscription du tambour sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco en 2014.
Une série de mesures a été prise au mois d’octobre précédent pour valoriser cet instrument mais l’une d’elle interdit désormais aux femmes de jouer au tambour.
Source: Ici Radio Canada