Nécessité des cadres psychologiques d’écoute et d’accompagnement des Burundais
Le traumatisme post-conflit, souvent lié à des expériences de guerre ou de violence, peut avoir des effets psychologiques profonds et durables. Pour ce faire, il faut la mise en place des cadres psychologiques d’écoute et d’accompagnement des Burundais pour une guérison intérieure, base d’une authentique cohésion sociale. Cela est ressorti de la présentation faite par Abbé Dieudonné Nibizi, sur l’importance de la gestion des traumatismes au Burundi et expériences d’ailleurs lors du Forum national organisé, le jeudi 6 mars 2025 par le Cenap (Centre d’alerte et de prévention des conflits).

Abbé Dieudonné Nibizi a fait savoir que le Burundi se trouve dans une région d’Afrique qui a connu des violences de masse et marquée par une instabilité politique et des massacres à grande échelle avec des conséquences dévastatrices. Ces actes ignobles ont détruit le tissu social, occasionnant ainsi l’effritement des valeurs et l’appauvrissement généralisé. « Certains ont vu les membres de leurs familles enlevé ou massacré », a-t-il fait entendre. La pauvreté endemique et la culture du silence et de fermeture de soi caractéristique du peuple burundais enfoncent le clou. Certains font semblant comme si de rien n’était alors qu’ils ont été tellement traumatisés par leur vécu dramatique, a-t-il souligné.
Pourtant, a-t-il clarifié, le traumatisme post-conflit, souvent lié à des expériences de guerre ou de violence, peut avoir des effets psychologiques profonds et durables. Ces derniers se manifestent fréquemment sous forme de troubles tels que le syndrome de stress post-traumatique, l’anxiété, la dépression ou encore des difficultés relationnelles ou comportementales.
Les traumatismes, un frein à l’investissement
En plus des effets psychosociaux et physique, les traumatismes impactent également la santé mentale, les enfants et l’économie du pays. Selon Abbé Nibizi, si les traumatismes ne sont pas guéris, il y a, entre autres, le ralentissement de la reconstruction économique, le frein à l’investissement suite à l’instabilité et l’incertitude et la perte du capital humain car les personnes malades ne peuvent pas travailler assidûment. Et ces dernières ne sont plus intéressées par des projets à long terme, mais veulent plutôt vivre le présent, a fait entendre Abbé Nibizi.
A cela s’ajoute le risque de transmission intergénérationnelle du passé qui peut provoquer ainsi le cycle de violence. « Les enfants exposés à la violence peuvent reproduire ces comportements à l’âge adulte, perpétuant ainsi un cycle de conflit», a-t-il fait remarquer.
Pour Abbé Nibizi, il faut penser à une approche psychologique et des cadres adaptés à la culture et au contexte politique pour amener les Burundais sur le chemin de la cohésion sociale. « Il y a un besoin criant d’adapter des cadres psychologiques d’écoute et d’accompagnement des Burundais pour une guérison intérieure, base d’une authentique cohésion sociale », a indiqué Abbé Nibizi.
Il a également recommandé de mettre la gestion des traumatismes dans les priorités du pays afin que tout le monde puisse participer activement à la reconstruction du pays. Pour lui, cela devrait passer par la mise en place d’un cadre national chargé du traitement des traumatismes.
Claude Hakizimana