Dans une séance plénière dirigée par le président du Sénat Emmanuel Sinzohagera le mardi 9 avril 2024, la ministre de la Communication, des technologies de l’information et des médias, Leocadie Ndacayisaba était l’invitée au palais des congrès de Gitega pour répondre aux questions lui adressées par les sénateurs. Ces questions concernaient essentiellement la redynamisation de l’Onatel et la Régie nationale des Postes (RNP), la non captation de la radio nationale dans les provinces de l’intérieur surtout limitrophes des pays voisins, la faible connexion internet, etc.
La ministre Ndacayisaba a d’abord répondu à la question concernant les projets du ministère en charge de la communication visant la réalisation de la Vision Burundi, pays émergent en 2040 et développé en 2060. Elle a indiqué que, comme les autres ministères, le ministère en charge de la communication oriente ses réalisations vers cette vision. La digitalisation de tous les services publics est le projet clé en plus de la sensibilisation, à travers les médias publics et privés, sur les actions du gouvernement alignées à cette vision.
Quant à la redynamisation de l’Onatel, la ministre Ndacayisaba a reconnu la régression de cette société de l’Etat mais, a-t-elle précisé, que des activités visant sa redynamisation sont en train d’être menées. Parmi ces activités, elle a cité l’extension du réseau MAN (Metropolitan area network) dans les villes de Bujumbura, Gitega et Ngozi. L’Onatel va également collaborer avec la société SEACOM pour multiplier les antennes dans le but d’amélioration d’améliorer le réseau et la connexion et diminuer par la suite les prix de communication afin d’attirer les clients. L’Onatel a aussi ouvert les portes aux investisseurs soucieux de mettre leurs capitaux dans la télécommunication.
Les sénateurs ont également soulevé les inquiétudes concernant le fonctionnement de la RNP qui semble reculer au lieu d’aller de l’avant. La ministre Ndacayisaba a tranquillisé les sénateurs leur en indiquant que la situation de cette société n’est pas critique du fait qu’elle n’est pas endettée.Toutefois, des actions visant son développement sont en cours. Il s’agit, entre autres, de l’audit organisationnel, comptable et financière, la mise en place d’un Code des communications électroniques et postales qui permettront une bonne régulation dans le secteur; la mise en place d’un logiciel moderne pour contrôler toutes les opérations, etc. Mme Ndacayisaba précise également qu’aujourd’hui, tous les 143 bureau postaux se trouvant au Burundi sont informatisés et connectés. Cette institution n’est pas aussi restée derrière dans le développement digital, elle a mis en place la poste digital qui résoudra différents problèmes de la RNP.
Vers l’élimination des zones d’ombres pour la radio et télévision nationales
Concernant la radio nationale qui n’est pas captable d’émettre dans les provinces limitrophes avec les pays voisins, Mme Ndacayisaba a indiqué que le projet d’élimination des zones d’ombres est en cours. Elle a précisé que des matériels destinés au réaménagement des sites Mweya et Kayanza sont déjà réceptionnés. L’installation de ces derniers permettra aux régions du centre et une partie du Nord de capter facilement la radio nationale. Le projet se poursuivra dans la région sud et continuera petit à petit jusqu’à rendre captable la radio nationale dans tout le pays. En ce qui concerne la télévision nationale, la ministre Ndacayisaba a indiqué qu’avec le démarrage des activités de la Société de Télévision numérique du Burundi (STNB), il n’y aura pas de problèmes, mais que le décret qui conditionne le démarrage de cette société est toujours attendu.
La ministre Ndacayisaba a aussi répondu à la question du président du Sénat de savoir à quand il y aura un cadre légal régissant l’utilisation du réseau social Youtube au Burundi pour que les artistes burundais puissent en tirer profit. Elle a fait savoir que ce texte n’est pas encore là mais que le ministère en charge de la communication est conscient de la plus-value de cette plateforme d’où il va plaider pour sa mise en place.
Le gouvernement est préoccupé de la faible connexion
Au moment où les utilisateurs de la connexion internet se lamentent du faible débit de cette dernière, les sénateurs ont voulu savoir les efforts du ministère en charge de la communication pour pallier à ce défi. La ministre Ndacayisaba a reconnu ce défi malgré la présence du fibre optique même à l’intérieur du pays. Elle a indiqué que l’obtention d’une connexion à haut débit nécessite plus de moyens, ce qui ne favorise pas les utilisateurs des ordinateurs et téléphones android de l’intérieur du pays. Pour faire face à ce défi, Mme Ndacayisaba a indiqué que le gouvernement du Burundi a mis en place le Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique (Pafen) qui vise à accroître le débit de connexion et à améliorer la capacité du gouvernement à fournir des services publics numériques, ce qui contribuera à diminuer le prix des bouquets internet. Il y a également le Fonds de service universel qui a été mis en place pour permettre aux utilisateurs du réseau internet de l’intérieur du pays d’avoir la connexion. Ce Fonds de service universel va bientôt débuter ses activités car le décret de sa mise en place est déjà signé. Dans le cadre d’améliorer la connexion internet, le gouvernement du Burundi a également ouvert les portes aux investisseurs qui souhaitent travailler dans ce secteur; certains ont déjà déposé leurs demandes.
A la fin de cette séance de questions, des recommandations ont été formulées par le président du Sénat. Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’un cadre légal permettant aux Burundais d’exploiter le réseau social YouTube, rétablir dans leurs droits ceux dont leur argent a été bloqué dans leur compte Ecocash, accélérer le processus de dégel des annales dans les institutions à statuts sp2ciaux et classifier leurs emplois pour qu’ils adhèrent dans la Politique salariale, etc.
Eric Sabumukama