Le suicide est un acte consistant à se donner la mort. Toutes les quarante secondes, une personne se suicide quelque part dans le monde et bien plus tentent de mettre fin à leurs jours. Aucune région ni aucune tranche d’âge n’est épargnée. Il touche toutefois les jeunes de 15 à 29 ans, chez qui il constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale. Un entretien avec Noël Kwizera, président de l’Association pour la promotion de la santé mentale/Mpagaciro, nous en dit plus.
Selon Emile Durkheim, dans son ouvrage paru en 1897, le suicide est « tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce résultat».
Selon notre interlocuteur, on oppose souvent traditionnellement le suicide proprement dit à d’autres conduites suicidaires relavant de l’appellation parce qu’on peut trouver d’autres appellations comme la tentative de suicide dont la fréquence serait 3 à 20 fois plus importante. Donc, le suicide est un acte réussi de se donner la mort. La tentative de suicide est aussi un acte incomplet se soldant par un échec. Il y a aussi l’idée de suicide qui consiste en une simple représentation mentale de l’acte. Donc, on peut se représenter mentalement les idées de suicide sans toutefois se suicider. On peut trouver d’autres équivalents au suicide mais qui ne sont pas directement des manifestations d’un suicide. Pour cela, notre interlocuteur a parlé du refus de traitement en connaissance de cause et de certaines pratiques à très haut risque choisies sans obligation.
La cause est aussi complexe que le phénomène
Concernant les causes, M. Kwizera a précisé qu’on ne peut pas répondre en un mot que la cause du suicide est tel ou tel autre événement. Un unique facteur ne suffit pas à expliquer à lui seul pourquoi une personne se suicide. Le comportement suicidaire est un phénomène complexe qui est influencé par plusieurs facteurs. Ces facteurs sont aussi interdépendants. On peut trouver les facteurs personnels, les facteurs sociaux, les facteurs psychologiques, culturels et biologiques. Des facteurs environnementaux aussi peuvent contribuer et peuvent influencer le phénomène du suicide.
Parmi les facteurs de risque liés au système de santé et à la société en général figurent les difficultés d’accès aux soins de santé et à la prise en charge requise, l’accès facile aux moyens de suicide. A cela s’ajoute la stigmatisation des personnes qui recherchent de l’aide pour faire face à leurs comportement suicidaire, à leur troubles de santé mentale ou à leur consommation abusive de substances pyschoactives.
Le suicide est évitable
Notre interlocuteur a fait savoir que le suicide est évitable. Pour que les actions nationales soient efficaces, les pays doivent se doter d’une stratégie multisectorielle complète de prévention du suicide. Restreindre l’accès aux moyens de suicide porte ses fruits. D’où une stratégie de prévention du suicide et des tentatives de suicide efficace vise à limiter l’accès aux moyens les plus courants, notamment les pesticides, les armes à feu et certains médicaments. Les services de soins de santé doivent incorporer la prévention du suicide en tant que composante essentielle. Les troubles mentaux et l’usage nocif de l’alcool sont responsables de nombreux suicides à travers le monde. Afin de s’assurer que les personnes reçoivent l’aide dont elles ont besoin, il est primordial d’identifier ces deux problèmes à un stade précoce et les prendre en charge efficacement.
Selon notre interlocuteur, les communautés jouent un rôle crucial dans la prévention du suicide. Elles peuvent donc apporter un soutien social aux personnes vulnérables et s’impliquer dans les soins de suivi, lutter contre la stigmatisation et venir en aide aux personnes endeuillées suite à un suicide.
Emelyne Iradukunda