La réutilisation des médicaments conservés dans les ménages reste un phénomène réel malgré l’impact négatif qu’ils peuvent causer sur la santé humaine. Ceux qui utilisent ces médicaments affirment que certains le font par ignorance, d’autres par habitude mais d’autres encore par manque de moyens pour aller consulter un médecin. Les prestataires de soins quant à eux rappellent à tout le monde en général et ceux qui conservent les médicaments déjà utilisés dans leurs ménages en particulier, que ces produits sont considérés comme des poisons à long terme. Pour ce faire, ils leur recommandent de jeter ces médicaments après la durée d’utilisation prescrite par un médecin.
Mélanie Ndayinginge est une mère de cinq enfants. Elle précise qu’elle a un enfant qui souffre souvent de la bronchite « Mon deuxième enfant souffre souvent de la bronchite surtout quand il s’observe un changement d’atmosphère. Je l’amène autant que possible dans des consultations chez un pédiatre. Mais, des fois, il arrive qu’il ait de la fièvre sans nécessairement piquer la crise de la bronchite.
Mais, comme je constate souvent ce phénomène avant que les signes de la bronchite n’apparaissent, j’avais l’habitude de lui donner directement le médicament contre la fièvre au moins deux jours avant de l’amener chez le pédiatre pour une consultation. Mais, des fois pendant les consultations, le médecin constate que la fièvre peut être un symptôme d’une autre maladie », témoigne-t-elle.
Mme Ndayinginge déplore que maintenant, cette habitude de donner différents médicaments qu’elle a conservés chez elle commence à avoir des conséquences sur la santé de son enfant. Beaucoup de médicaments contre la fièvre ont créé une résistance chez l’enfant qui souffre de la brochite. Elle déplore que cet enfant soit obligé de prendre un médicament très fort pour étancher la fièvre en plus d’autres médicaments qui traitent réellement la bronchite.
Elle interpelle tout un chacun, surtout les mamans de jeter chaque fois dans la poubelle les médicaments non utilisés. Cela éviterait la tendance de beaucoup de gens qui veulent faire l’automédication quand ils sentent des symptômes qui ressemble à une maladie dont ils ont déjà souffert.
Jeter les médicaments restants après utilisation
Le directeur général chargé des offres et des accréditations au ministère de la Santé publique et de lutte contre le sida, Oscar Ntihabose fait savoir que les médicaments conservés dans les ménages sont considérés comme des poisons conservés à la maison. : « Quand nous essayons de faire une analyse, ceux qui réutilisent les restes des médicaments prescrits ne sont pas seulement des gens non instruits. On observe ce phénomène même chez les intellectuels. Parmi ces derniers, certains pensent qu’ils peuvent se consulter et se donnent directement un médicament sous prétexte qu’ils n’ont pas de temps pour aller consulter un médecin. Quand ils ont des troublent digestifs, ils se donnent directement un ciprofoxacine. Un maux de tête correspond chez eux à un paracétamol ou son équivalent. Une fièvre, par n’importe quel antibiotique qu’ils ont gardé dans leurs ménages », signale-t-il.
Dr Ntihabose déplore que ces personnes créent une résistance à différentes maladies sans le savoir. Par conséquent, ils peuvent se retrouver en train de dépenser du temps et beaucoup de moyens en allant chercher des spécialistes puisque les médicaments consommées sans prescription médicale ont déjà créé une résistance chez eux.
Il mentionne que d’autres personnes consomment les médicaments conservés dans leurs ménages par ignorance. Certains pensent que tous les antibiotiques par exemple peuvent traiter n’importe quelle infection. Que toute fièvre peut être étanchée par un paracétamol ou son équivalent. Or, explique-t-il, chaque maladie peut être traitée par un médicament prescrit par un médecin au moment de la consultation ou après avoir vu les résultats des examens de laboratoire. En plus, la prescription indique la durée de la prise du traitement. Cela signifie qu’après cette période, le médicament n’a plus de valeur curative.
Pour ce faire, les gens qui utilisent les médicaments conservés dans leurs ménages mais qui ont été prescrits pour une maladie antérieure doivent savoir qu’ils utilisent des poisons à long terme sans le savoir. C’est dans cette optique que tout le monde doit savoir que tout médicament devrait être consommé dans un seul cas où il est prescrit par un médecin lors d’une consultation. Ce médicament devrait être jeté après la durée d’utilisation.
Exiger une ordonnance médicale
Jérôme Niyukuri un détenteur d’une pharmacie au centre ville de Bujumbura affirme qu’il observe le phénomène des gens qui demandent un médicament quelconque. « Des gens viennent souvent et demander un médicament quelconque sans ordonnance médicale. Quand je refuse de le leur donner, ils disent qu’ils vont momentanément utiliser les médicaments qui ont resté autrefois lors du traitement d’une autre maladie en attendant qu’ils trouvent les moyens pour aller consulter un médecin. Quand je leur explique que l’automédication peut créer une résistance dans leurs corps, ils me donnent différentes raisons qui lui poussent d’adopter cette attitude », indique-t-il.
M. Niyukuri déplore cependant qu’il y ait des détenteurs des pharmacies qui les considèrent comme des maisons commerciales autant que les autres. Il leur fait un clin d’œil qu’en donnant les médicaments à tout demandeur sans prescription médicale, ils contribuent dans la création de la résistance des malades chez beaucoup de gens. Car, ces médicaments achetés sont conservés dans les ménages et sont susceptibles d’être réutiliser dans une autre circonstance de la maladie.
Pour ce faire, il interpelle tout un chacun à consommer les médicaments prescrits par un médecin et jeter le reste dans les poubelles après leur durée d’utilisation. Cela éviterait le phénomène de la réutilisation des médicaments conservés dans les ménages.
Rose Mpekerimana
