L’Assemblée nationale du Burundi s’est réunie, le mercredi 29 octobre 2025 à l’hémicycle de Kigobe, sous la présidence de son patron Gélase Daniel Ndabirabe. Le ministre des finances, du budget et de l’économie numérique Alain Ndikumana était l’invité du jour pour répondre aux questions des parlementaires sur le rapport d’analyse des rapports de performance et d’exécution budgétaire pour le troisième et quatrième trimestre, exercice 2024-2025.
Selon le rapport présenté par le ministre aux parlementaires, le gouvernement du Burundi a dépensé 1 644 milliards de francs burundais contre 1499 milliards prévus pour le troisième trimestre de l’exercice budgétaire 2024-2025, soit plus de 9,7% en excès. Pour le quatrième trimestre, l’Etat a consommé 1619 milliards sur 1016 milliards prévus pour les dépenses publiques, soit un excès de 59% des prévisions.

Parmi les causes, Alain Ndikumana a cité l’achat des matériels scolaires, la construction de nouvelles infrastructures, le budget alloué à la gratuité des soins de santé maternelle et infantile. “L’exemple illustratif des depenses des infrastructures est la construction des hôpitaux communaux, la construction de nouveaux bureaux identiques pour toutes les zones du pays qui a coûté plus de 70 milliards de francs burundais. Le Burundi est un pays en chantier pour atteindre sa vision 2040-2060.”, a-t-il évoqué. Une autre partie du budget a été dépensée pour l’achat de nouveaux équipements et médicaments de certains hôpitaux et centres de santé publics. Il a également rappelé la part remarquable du budget destiné au Mineagrie (Ministère de l’environnement, de l’agriculture et de l’elévage). Alain Ndikumana a indiqué qu’il est le deuxième organe géant de l’exécutif burundais en matière de consommation du budget national après le MDNAC (Ministère de la défense nationale et des anciens combattants).
L’Isabu devrait produire des semences pour le pays au lieu de les importer
Alain Ndikumana a indiqué que la subvention des engrais organo-minéraux et l’importation des semences comme le maïs hybride abattent plus de 70% du fonds destiné au fonctionnement du Mineagrie. Parmi ses propositions, Alain Ndikumana a demandé que l’on restaure le fonctionnement et les capacités de l’Isabu (Institut des sciences agronomiques du Burundi) pour pouvoir améliorer ces recherches agro-techniques et contribuer à la découverte et la disposition satisfaisante des semences de qualités produites localement.

La vignette de l’OBR sur tous les produits industriels
Les représentants du peuple burundais ont exprimé leurs inquiétudes sur les discordances entre chiffres de production donnés par les entreprises industrielles et la réalité trouvée au marché de consommation. Cela génère la faible production fiscale. Ils ont donné le cas d’une industrie de production de l’eau minérale dont la quantité annuelle déclarée portant objet d’impôts et taxes s’évalue en moyenne journalière d’environ 800l/j, une quantité qui peut être consommée par une seule institution ou une seule école. Le ministre Alain Ndikumana a fait savoir qu’il faudrait au moins coller une vignette de l’OBR (Office burundais des recettes) sur chaque bouteille d’eau, de jus, de bière et autre article produit dans les usines locales.
Le député Olivier Suguru a invité le ministre à vérifier l’état des lieux du programme élaboré, il y a quatre ans, au sein de l’OBR. Ce programme visait à graver les produits importés dès leurs usines de production afin qu’à l’entrée aux postes frontaliers, il vérifie seulement si le camion n’a pas subi de déchargement clandestin. Selon ce responsable des finances publiques, une supervision gouvernementale rigoureuse est nécessaire pour s’assurer que les exonérations fiscales ont abouti à leur importance communautaire et contribué au développement du pays.
Nécessité de la révision du programme de gratuité sanitaire
Le gouvernement du Burundi a instauré la politique de gratuité sanitaire pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Alain Ndikumana a indiqué qu’il est temps de restaurer ce programe car on a déjà constaté que cette politique couvre toutes les catégories de la population burundaise sans distinction aucune. « A l’origine, ce programme était destiné à la catégorie vulnérable et aux personnes d’une vie modérée. Or, même les personnes jugées aisées bénéficient de cette gratuité sanitaire, y compris les femmes et les enfants des hauts cadres du pays et hommes d’affaires. La femme d’un ministre, d’un parlementaire ou d’un directeur général n’a pas besoin d’accouchement gratuit ou de services de la maternité gratuits», a-t-il poursuivi.
Médard Irambona
