Le Burundi a traversé, en 2015, une crise politico-sécuritaire qui a poussé des milliers de Burundais à fuir le pays. La grande majorité s’est exilée dans les pays de la sous-région. Le gouvernement burundais n’a pas tardé à appeler les filles et fils du pays à regagner le bercail. Cet appel est tombé dans de bonnes oreilles car, depuis 2017, l’afflux massif des rapatriés qui rentrent de bon gré dont les rapatriés politiques et leaders de la société civile s’observe. La direction générale chargée du rapatriement donne le bilan de 189 421 rapatriés regroupés dans 63 272 ménages accueillis jusqu’au 9 mars 2022. Certains d’entre eux témoignent de l’hospitalité et de l’accompagnement de leurs compatriotes qui sont restés au pays, dans la réinstallation.
« Le processus du rapatriement a commencé en 2017 et reste en cours », indique Nestor Bimenyimana, directeur général chargé du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration des rapatriés au ministère ayant le développement communautaire dans ses attributions.
Ces rapatriés proviennent en grande partie des pays de la sous-région notamment la Tanzanie, la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Kenya. Ils sont accueillis dans des centres de transit qui sont proches des frontières. Il s’agit à titre d’exemple des centres de transit de Makamba se trouvant en commune Mabanda et celui de Gisuru à Ruyigi. Au nord, il y a le site de Kinazi se trouvant en commune Muyinga, à quelque deux kilomètres de la frontière de Kobero et celui de Shongore qui est un site prévisionnel. A l’ouest, il y a celui de Gihanga.
Evolution du processus de rapatriement depuis 2017
Les chiffres des rapatriés burundais n’ont cessé d’augmenter depuis 2017 quand, le Burundi a accueilli 36 convois de 13 231 rapatriés répartis en 4 555 ménages. En 2018, le nombre de convois s’est élevé à 92 avec 45 361 rapatriés répartis en 14 768 ménages. En 2019, le Burundi a accueilli 21 197 rapatriés répartis en 7 627 ménages venus en 63 convois. En 2020, le nombre des ménages rentrés s’élève à 14 138 composés de 40 420 rapatriés venus en 95 convois. C’est au cours de l’an 2021 que le Burundi a accueilli un nombre élevé de convois allant jusqu’à 196. Les rapatriés s’élèvent à 64 868 répartis en 20 383 ménages.
Depuis le début de l’année 2022, le Burundi a déjà accueilli 23 convois de 3 682 rapatriés regroupés dans 1 225 ménages. M. Bimenyimana a signalé que le processus connaît des défis. ceux-ci sont liés à la baisse du mouvements de rapatriement sans toutefois connaitre la raison. « Si on essaie de faire des sondages dans les pays d’asile, ils parlent de problèmes d’ordre technique ».
Dr Mathieu Niyongabo, récemment rentrés du Kenya donne certaines raisons qui poussent ces Burundais à ne pas rentrer. « Certains de ces réfugiés burundais sont des réfugiés politiques qui occupaient de hautes fonctions. Ces derniers se demandent : serai-je encore député ou directeur général? D’autres se posent la question : que ferai-je? Que serai-je après mon retour».
Ce rapatrié témoigne qu’il se posait lui aussi ces questions. Fort heureusement, il affirme que toutes ces questions ont été résolues à son arrivée au pays. « Le gouvernement, en collaboration avec le Haut commissariat des réfugiés nous ont soutenus avec un bouquet retour. Par là, on a commencé la vie. Je suis actuellement directeur général d’une société Ismart engagée à attirer les investisseurs étrangers pour contribuer au développement du pays »
Le retour des rapatriés politiques, une satisfaction pour le Burundi
Le directeur général du rapatriement, de la réinstallation et de la réintégration des rapatriés salue le retour au pays des hommes politiques et certains leaders de la société civile. Pour M.Bimenyimana, ces responsables politiques comprennent bien que la situation se soit normalisée. Il éprouve un sentiment de satisfaction. « Le retour de ces hommes politiques exerce une influence positive sur d’autres réfugiés. Vous verrez bientôt un afflux massif des rapatriés qui vont regagner le pays », affirme,-t,-il.
A côté de ces rapatriés politiques, il parle des réfugiés qui s’adressent au président de la République pour qu’il intervienne dans leur rapatriement. Il donne l’exemple des réfugiés du camp de Nakivale en Ouganda qui ont adressé une correspondance au président burundais en date du 17 février 2022. « En tant que techniciens en la matière, nous accueillons à bras ouverts de telles doléances ». Il est optimiste que ces réfugiés estimés à près de trente-huit milles vont rentrer.
Des statistiques récentes et actualisées des réfugiés basés dans les camps
Le directeur général chargé du rapatriement, se basant sur les données récoltées au début de cette année, dit que les réfugiés burundais se trouvant en Tanzanie sont autour de 175 675. En Ouganda, il y en a plus de trente-sept mille. La RDC compte autour de trente mille et le Rwanda quarante-sept mille. Il a aussi signalé qu’il y a d’autres pays qui hébergent quelques réfugiés burundais.
A la question de savoir si le Burundi est prêt à accueillir tous ces réfugiés s’ils décident de rentrer ; M. Bimenyimana affirme que le Burundi est préparé à accueillir tous ses citoyens. « C’est même facile, la majorité de réfugiés dont le Burundi dispose à l’extérieur sont ceux de 2015. Chacun connaît chez lui. Avec nos partenaires, toutes les stratégies sont consenties pour mener cette activité ».
Tout le nécessaire est disponible pour faciliter la réintégration des rapatriés
Comme indiqué, le gouvernement du Burundi a mis à la disposition du ministère de l’Intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique tous les moyens nécessaires pour faciliter la réinstallation de ces rapatriés. M. Bimenyimana se réjouit que presque tous les rapatriés déjà réintégrés dans la communauté se portent bien. Toutefois, il parle de « quelques cas isolés » qui sont traités dans le cadre de la solidarité communautaire.
Il se réjouit que l’appel lancé par feu président Nkurunziza de garder les biens des réfugiés a été observé. Une maison qui n’est pas habitée peut se démolir facilement. C’est pourquoi, le gouvernement recommande aux rapatriés sans abri de mobiliser la communauté et d’ériger les murs jusqu’au niveau des toitures. Le gouvernement octroie des tôles pour la couverture et intervient dans l’agriculture en octroyant du matériel et des semences.
Le directeur général chargé du rapatriement converge avec Dr Niyongabo en lançant un appel aux Burundais qui restent dans les camps de réfugiés de rentrer pour s’associer aux autres citoyens dans le développement durable du pays.
Moise Nkurunziza