Une spéculation autour du coût et de l’efficacité fait son retour au premier plan

Alors qu’elle était la seule connue de nos aïeux, la médecine traditionnelle s’est vue concurrencer suffisamment au fur des années par d’autres pratiques médicales modernes. Mais depuis un certain moment, ce savoir-faire ancestral prend de plus en plus de l’ampleur et fait son retour au premier plan dans la capitale économique Bujumbura.
Nous sommes à Rohero II sur l’avenue Kunkiko au numéro 3. à 10h 30 minutes le vendredi 7 février 2025. Des véhicules sont stationnés à l’entrée de l’église libre méthodiste du Burundi. Et des personnes effectuent continuellement des entrées et sorties. Au vu de l’afflux des personnes, on croirait à une messe. Mais rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une messe mais plutôt d’un centre de médecine traditionnelle à côté de cette église. Ce centre attire plusieurs patients venus pour divers pathologies.Il est surtout réputé pour le traitement d’une maladie assez spécifique. Jean-Marie Nkurunziza, chef du centre, donne une idée de la maladie : « Ici nous diagnostiquons et traitons le poison sur base de la médecine traditionnelle. Les gens nous remercient parce que ces médicaments produits à partir des plantes naturelles prouvent à suffisance leur efficacité », a indiqué M. Nkurunziza. Avant d’ajouter qu’à part le traitement du poison, ils ont aussi quelques remèdes pouvant aider à traiter d’autres maladies comme le diabète, les hépatites, la prostate, les problèmes de l’estomac, des verminoses comme l’amibiase etc. toujours en se servant de la médecine traditionnelle. Son centre est assez fréquenté,environ deux cents patients par jour selon son estimation.
Non loin de là, au niveau du boulevard de l’Uprona, on constate un autre centre pareil. Il est le plus ancien et le plus connue peut-être par rapport au précèdent. On l’appelle couramment « Ku ba masere », ce qui veut dire : « chez les sœurs ». Lorsque nous y sommes arrivé, juste quelques unités de patients sont présentes, venues pour des cas de maladies comme l’asthme, le mal de dos, les problèmes de la peau, etc. Une mère d’une fillette d’à peine deux ans, dit pourquoi elle a choisi ce centre de médecine traditionnelle pour les soins de son enfant qui présentent des boutons sur le visage : « Ma fille souffre des éruptions cutanées. Nous avons parcouru plusieurs hôpitaux où on nous a prescrit des médicaments à la pharmacie mais la maladie persiste. Cela fait semblant d’aller mais après quelques jours les boutons ressurgissent. Ce sont mes voisins qui m’ont indiqué cet endroit et j’espère que ma fille trouvera la paix avec les médicaments d’ici », a-t-elle précisé.
Efficacité et économie
La médecine traditionnelle fait ses preuves en termes d’efficacité mais aussi en termes d’économie. Elle est peu coûteuse. Pour les problèmes de peau de sa fille, la femme affirme avoir déjà dépensé plus de 70 000 FBu pour les médicaments modernes alors qu’à ce moment elle n’a payé que 20 000 FBu, la consultation et l’achat de médicaments confondus. Notre source nous confirme que ce ne pas la première fois qu’elle fait recours à la médecine traditionnelle. Elle affirme que même le grand frère de cette fillette avait les mêmes problèmes mais qu’ il va bien grâce à un remède traditionnelle proposé par un ami du quartier.
On peut ne pas être pour la médecine traditionnelle, mais on ne peut pas éluder le fait qu’elle prend de l’ampleur ces derniers temps. Entre son efficacité et son prix, plus ou moins abordable, on ne sait pas trop ce qui la rend plus populaire que la médecine moderne. Aujourd’hui, les centres et les pharmacies à médecine traditionnelle se multiplient en mairie de Bujumbura. Cela nous fait penser à un retour, aussi timide soit-elle, à l’authenticité de ce côté-là, même si la médecine traditionnelle ne fait pas encore l’unanimité dans les esprits des gens.
Elysé Katako (Stagiaire)