L’hystérie appelée aussi « trouble somatoforme », « symptômes conversifs », troubles de la personnalité histrionique » ou encore « troubles dissociatifs », est un état psychique situé dans le champ des troubles anxieux névrotiques. L’hystérie est sans origine organique mais en dehors du contrôle volontaire de la personne, caractérisé par une hyper-expressivité des émotions, des troubles sexuels, et une angoisse extériorisée dans le discours. Elle est liée à une cause psychologique inconsciente et son expression dépend de l’interlocuteur.
Dans un entretien avec Eliane Munezero, représentante légale de l’association Femmes psychologues en action, elle indique que l’hystérie est la conséquence d’une fixation symbolique d’une angoisse sur des symptômes physiques ou psychiques. Elle a précisé que l’angoisse n’est pas vécue comme telle. Elle est traduite de façon inconsciente et exprimée par le corps, selon un langage qui n’est pas toujours aisé à décrypter (décoder). Parmi les facteurs de risques de conversion hystérique, elle a cité des traumatismes et maltraitances pendant l’enfance, une accumulation de stress.
Suicide, un moyen de se décharger
Parmi les symptômes de l’hystérie, notre interlocutrice a parlé d’un caractère théâtral. Dans ce cas, elle a fait remarquer que parmi les signes cliniques de l’hystérie figure en bonne place la notion de théâtralisme , c’est-à-dire un comportement excessif dont le but est d’attirer l’attention. Elle a ajouté également une éternelle insatisfaction. C’est-à-dire que la personne hystérique se caractérise souvent par son absence de désir personnel mais s’identifie aux désirs d’autres individus donc un sentiment d’insatisfaction s’installe bien souvent car l’hystérique voit ses attentes déçues. Comme l’a signalé notre interlocutrice, les personnes hystériques présentent également une vision de la réalité altérée. La plupart de ces personnes basent leur vision du monde sur une réalité erronée. Pour elles, de nombreux comportements humains sont érotisés sans qu’aucune connotation sexuelle ne puisse normalement y être associée. Les personnes hystériques sont aussi caractérisées par la somatisation du trouble psychique. Ces conversions corporelles peuvent se manifester sous la forme de paralysies d’un ou de plusieurs membres, d’une incapacité à s’exprimer, d’une insensibilité, d’une incapacité à se tenir debout », a expliqué Mme Munezero.
Elle a également fait savoir que les personnes hystériques présentent parfois une tendance dépressive. Du fait que l’hystérique s’identifie aux désirs des autres, il vit de nombreuses déceptions relationnelles qui peuvent la conduire vers la dépression. Parfois, les personnes hystériques utilisent la tentative de suicide comme un moyen de se décharger de trop vives tensions intérieures tout en attirant l’attention sur elle.
D’autres symptômes sont notamment les crises d’épilepsie, les vomissements, les malaises répétés, une amnésie sélective (oublie d’une partie d’un événement), des personnalités multiples, du somnambulisme, (trouble du sommeil) ou encore des troubles visuels. Mme Munezero a fait savoir que d’autres signes de la personnalité histrionique (hystérie) sont l’intolérance aux frustrations, l’égocentrisme, un faible estime de soi. Pour compenser les désillusions, notre interlocutrice a souligné que pour compenser les disillisions , la personne histrionique peut se droguer ou boire de façon excessive.
L’hystérie affecte autant les hommes que les femmes
L’hystérie est majoritairement féminine mais l’hystérie masculine existe bel et bien. «Il s’agit d’un mode de défense commun chez tous les individus, mais l’expression est très diverse. L’homme hystérique présente une plasticité relationnelle qui en fait un être affable, aimable et bien entouré. Ce ne sont pas ses traits de caractère-là qui vont le pousser à consulter. Ce sont des troubles de l’activité sexuelle, des angoisses, des phobies et des échecs avec les compensations qui en découlent. Donc l’hystérie ne touche pas seulement les personnes de sexe féminin, elle affecte autant les hommes que les femmes», a dit notre interlocutrice.
Mme Munezero a précisé que comme l’hystérie est située dans le champ des troubles anxieux névrotiques, le traitement de l’hystérie est celui de la névrose. Le traitement s’appuie donc sur le suivi d’une psychothérapie pour tenter d’apprendre à reconnaître la souffrance intérieure qui se cache derrière les symptômes hystériques. En fait c’est pour aider le patient à mieux intégrer ses expériences émotionnelles, mieux comprendre son environnement, améliorer son ressenti à son égard et diminuer le besoin d’être au centre de l’attention. Quant au traitement pharmacologique, elle n’est utile qu’en cas de période d’anxiété intense, de dépression ou de problèmes graves de toxicomanie. « Aussi, si vous êtes à côté d’une personne hystérique, vous pouvez l’aider en ne critiquant pas son attitude, en ne vous énervant pas. C’est son caractère. Il ou elle ne peut pas changer parce que si vous vous énervez, la personne hystérique risque de faire une crise de larmes ou de nerfs ou menacer de partir ou encore de se suicider », a-t-elle conclu.
Emélyne Iradukunda