Pendant la période électorale, la population de la région des Grands lacs connaît souvent des affrontements entre les membres de différentes formations politiques. Pour aborder les défis communs et œuvrer ensemble pour des élections pacifiques et démocratiques, différents interlocuteurs affirment que les femmes sont des actrices clés et incontournables et soulignent à gros trait leur rôle « indispensable ». Selon Clémence Bununagi, experte en genre et intégration du genre dans les politiques et projets, les femmes, étant qualifiées comme artisanes de la paix, jouent un rôle important dans la prévention des conflits du fait qu’elles promeuvent la paix, la stabilité et la démocratie qui renforcent la cohésion sociale et qui favorisent un environnement politique plus pacifique.
L’évolution des processus électoraux et la sécurité sont des aspects indissociables dans les régions en proie à des crises. Toutefois, pendant la période électorale, les partis politiques s’accusent de perturbation de leurs activités. Par exemple, au Burundi, le président du parti Conseil des patriotes (CDP), Anicet Niyonkuru, sur son compte a dénoncé au mois de juillet 2024 ce qu’il a qualifié de perturbation d’une réunion de son parti qui devait se tenir en commune Vugizo, dans la province de Makamba.

Isaac Bakanibona, représentant légal de l’Acopa-Burundi (Association pour la consolidation de la paix au Burundi) reconnaît que la société civile et les femmes jouent un rôle de premier plan par la mise en œuvre des actions et programmes d’éducation civique pour prévenir les conflits qui peuvent surgir avant, pendant et après les élections. « La société civile doit aussi encourager les initiatives locales de consolidation de la paix en stimulant les processus de réconciliation, en préconisant l’adhésion aux accords de paix et en mettant en place des capacités d’éducation pour la paix », indique-t-il.
Même son de cloche de la part de Joselyne Kumwenayo, représentante légale de l’AFPDIC-Burundi (Association des femmes pour la paix et le développement intégré des communautés) : « Les femmes, étant qualifiées comme artisanes de la paix, jouent un rôle important dans la prévention des conflits du fait qu’elles promeuvent la paix, la stabilité et la démocratie qui renforcent la cohésion sociale et qui favorisent un environnement politique plus pacifique ». Isabelle Pendeza Bikayi, une femme médiatrice engagée pour la paix en République démocratique du Congo (RDC) et présidente du Collectif des associations féminines pour le développement (Cafed) est claire : « La contribution des femmes est beaucoup plus basée sur l’éducation à la paix, les plaidoyers, l’éducation des femmes et des filles,et l’autonomisation économique des femmes».
Quant à Clémence Bununagi, expert en genre et intégration du genre dans les politiques et projets, elle fait savoir que les femmes et les organisations féminines doivent d’abord militer et plaider pour que les femmes soient intégrées de façon équitable dans les mécanismes chargés de la gestion des élections et dans les institutions post électorales. « De cette façon elles contribueraient à ce que ces mécanismes gèrent les élections en prenant en compte les contributions des femmes qui sont généralement plus engagées pour la paix car étant les plus exposées aux conséquences néfastes des conflits électoraux ou autres. Elles contribueront également à ce que les institutions post électorales soient suffisamment inclusives pour que tout le monde s’y retrouve et pour prendre en compte les besoins de tous, y compris celles des femmes et des minorités », explique-t-elle.
Le bon déroulement de la période électorale et la cohésion sociale intimement liés comme les deux faces d’une même médaille
Nos interlocuteurs convergent sur le fait que le bon déroulement de la période électorale et la cohésion sociale sont directement liés. « La cohésion sociale favorise le dialogue communautaire, l’inclusion, la confiance et la prévention des conflits pour que les membres de la communauté puissent collaborer pacifiquement même en cas de divergences des opinions politiques », reconnaît Mme Kumwenayo.

Pour Mme Clémence Bununagi, une période électorale qui a été paisible se répercute nécessairement sur le niveau de cohésion sociale qui va caractériser la période post électorale. « Des élections paisibles, libres et transparentes vont donner lieu à une période post électorale paisible. Des institutions dirigées par des responsables ayant été mises en place grâce à des élections libres et paisibles ne vont pas être contestées par des acteurs de bonne foi. Ces responsables seront crédibles et pourront facilement mobiliser les électeurs d’hier autour d’idéaux de paix et de développement, ce qui ne serait pas le cas pour des responsables issus d’élections douteuses et controversées », explique-t-elle. Et d’ajouter que le bon déroulement de la période électorale et la cohésion sociale sont directement liés.
Les conflits électoraux, un des obstacles au développement et à la cohésion sociale
Le représentant légal de l’Acopa Burundi Isaac Bakanibona, salue l’apport des organisations de la société civile et celles des femmes dans la résolution des conflits électoraux. Et d’ajouter que ces organisations contribuent au respect des droits de l’Homme, la promotion de la culture démocratique, la tolérance, la solidarité, la résolution pacifique des conflits ainsi que la non discrimination.
M. Bakanibona évoquent certains obstacles au développement et à la cohésion sociale. «Ces obstacles sont notamment les conflits électoraux, le manque de la culture démocratique chez certains leaders des partis politiques, la manipulation politicienne, la corruption et le non engagement effectif de la population en général pour la promotion de la paix et d’un développement durable », détaille M. Bakanibona.
Que faut-il faire pour que la culture de paix et de cohésion sociale se consolide davantage ?
Pour renforcer la culture de paix et de cohésion tout au long du processus électoral, Joselyne Kumwenayo trouve qu’il faut mettre en œuvre des actions ayant un impact positif pour le bien-être de la communauté. « Il faut encourager le dialogue communautaire pour renforcer la compréhension mutuelle et majorer la participation des femmes dans différentes actions liées au processus électoral ».
A ce sujet, le représentant de l’Acopa Burundi, dit qu’il faut favoriser le dialogue, la réconciliation nationale, la réforme de certaines institutions publiques et politiques, la lutte contre l’impunité et la corruption.
Moïse Nkurunziza