Jadis, les échanges commerciaux au Burundi se faisaient grâce au système d’échange de différents produits en fonction de leurs prix comme l’indique Emile Mworoha professeur retraité d’université dans un entretien nous accordé le mardi 15 mars 2022. Gilbert Niyongabo, quant à lui, fait savoir que la monnaie est venue simplifier ces opérations parce que tous les produits sont désormais évalués en terme monétaires.
Emile Mworoha, historien, indique que le système de troc est un échange de produits contre produits et de services. Les principaux produits qui entraient en échange dans la société burundaise précoloniale étaient entre autres des produits vivriers comme le sorgho, l’éleusine, les ignames, les courges, les amarantes, les tétragones, les épinards et les pois cadjin. Le troc portait également sur les produits pastoraux comme les vaches, les chèvres, les moutons et les poules. Il y avait aussi des produits en fer qui étaient très importants car ils permettaient de fabriquer la houe, les lances et les serpettes qui étaient des produits essentiels dans la vie des Burundais. Il y avait également des produits de luxe comme les anneaux en cuivre et les perles qui venaient du Congo et du Katanga, qui s’échangeaient à la cour. Enfin, il y avait aussi les coquillages qui venaient de l’Océan Indien. Le sel aussi était un produit important dans ces échanges.
Les lieux des échanges étaient les cours des chefs et des rois pour ces produits de luxe comme les colis, les perles et les coquillages s’échangeaient contre les vaches. Pour avoir des perles et des anneaux en cuivres, il fallait payer beaucoup. On pouvait échanger les produits vivriers contre les produits du bétail qui étaient véhiculés par les commerçants ambulants appelés «abayangayanga».
Ces derniers pouvaient aussi se rencontrer au carrefour pour ces échanges, signale M. Mworoha
Une forme d’échange dans une société non monétarisée
Selon M.Mworoha, il existait différentes formes d’échanges. Ubugabire était une autre forme d’échange dans lequel des produits vivriers la bière de banane ou de sorgho étaient échangés contre la vache. Cela intéressait deux personnages, c’est-à-dire le patron et le client qu’on appelait aussi umuhutu. Ce dernier amenait un certain nombre de cruches de bière chez son patron et il y avait des discours prononcés pour nouer des relations d’amitié ou d’entraide. Après avoir apporté un certain nombre de cruches de bière de banane ou de sorgho, le client recevait un veau. Quand ce dernier se multipliait, le client pouvait aussi donner un veau à son patron. C’était une forme d’échange dans une société non monétarisée. D’autres se regroupaient pour aller cultiver ou sarcler dans le champ de quelqu’un pour avoir de la nourriture ou de la bière du sorgho ou de banane.
Il y a aussi une autre forme d’échange qui se faisait à la fête nationale de l’Umuganuro. Le roi autorisait les Burundais à planter le sorgho. En ce moment là, il y avait une circulation de différent produits notamment les paniers de haricots et de sorgho, les vaches, les habits en fucus et les peaux de léopard (habits portés par les chefs et les danseurs) donnés au roi. Ce dernier pouvait aussi se marier aux jeunes filles qui étaient à la cour, ce qui était une autre forme d’échange. Les Batwas pouvaient aussi donner des marmites pour avoir de la nourriture.
L’utilisation de l’argent permet de réduire les coûts de transaction
L’économiste Gilbert Niyongabo indique que si l’on voulait beaucoup de produits, on devait déterminer l’équivalent de chaque produit ; ce qui est le prix en terme actuel. Cela était un problème. On devait mesurer le produit de ce qu’on a dans le prix de l’autre bien qu’on n’a pas. La monnaie est venue simplifier ces opérations parce que tous les produits sont désormais évalués en une seule unité de monnaie. Actuellement, les opérations qui se font au moyen de troc sont difficiles. M. Niyongabo ajoute que l’utilisation de l’argent permet de réduire les coûts de transaction. C’est-à-dire qu’on ne peut pas mesurer tout ce qu’on a produit en termes d’autres produits. Mais, on a une seule valeur dans laquelle on va exprimer la production. La monnaie permet de compter, d’échanger facilement et de garder la valeur en réserve facilement. Mais si la monnaie perd sa valeur, on ne peut pas le voir. On le constate sur le marché.
Grâce Niyonzima