Un antimicrobien est une substance qui tue ou ralentit la croissance des microbes. Ceux-ci peuvent être des bactéries, virus ou parasites. S’il est utilisé abusement sans la prescription du médecin traitant, un antimicrobien peut devenir un poison sur la santé humaine. Les patients disent que le non-accès aux médicaments seraient l’un des causes de se prescrire un médicament tout en regardant les symptômes. Les spécialistes dans le secteur de la santé quant à eux recommandent aux patients de ne plus consommer un médicament quelconque sans la prescription du médecin. Ils rappellent qu’un médicament pris abusivement peut devenir un poison sur la santé humaine.

Oscar Ntihabose, le directeur général chargé de l’offre des soins et des accréditations au ministère en charge de la santé publique fait savoir que l’utilisation abusive des antimicrobiens est un phénomène connu dans tous les pays y compris le Burundi. Il dit que l’OMS reconnaît ce phénomène comme un problème de santé publique. Il dit qu’au Burundi, il n’y a pas une étude d’envergure nationale qui a été faite. Mais en 2017, il y a eu une étude rapide qui était menée en mairie de Bujumbura. Elle a montré que 56% des habitants interrogés font recours à l’automédication en utilisant des antimicrobiens : « Au cours de cette enquête, les gens interrogés prétextent qu’ils se donnent des antibiotiques pour échapper au longue fil d’attente dans les pharmacies. Ils disent aussi que c’est pour avoir un accès facile aux médicaments », indique-t-il. Dr Ntihabose rappelle que tout médicament devient efficace au patient s’il répond aux symptômes de la maladie. Au cas contraire, il peut devenir un poison.
Lutte contre la multirésistance des antibiotiques
Pour lutter contre l’utilisation abusive des antimicrobiens, Dr Ntihabose précise que le ministère de la Santé Publique et de lutte contre le sida a mis en place une série de mesures visant la réglementation du secteur pharmaceutique. Il cite notamment la mise en place par un decret depuis 2020 d’une autorité de régulation du secteur pharmaceutique chargé de contrôler les médicaments qui entrent au Burundi et qui sont à l’intérieur du pays. Cela pour contrôler si le médicament est entré au Burundi en bonne état, est-ce qu’il n’a pas perdu ses qualités. Il a ajouté qu’une autre mésure est d’agir au niveau des prestatations dans les pharmacies. Le ministère va continuer de prodiguer des conseils aux détenteurs des pharmacies en les rappelant les règles et principes qui doivent être respectées dans ce secteur.
« La vente des médicaments est très différent que d’autres articles trouvés dans différents localités ». Il indique également que le ministère en charge de la santé va continuer à sensibiliser le public en général sur les méfaits de l’utilisation abusive des antibiotiques. Le public est encouragé à consommer les médicaments prescrits par le prestataire de soins pour éviter les complications liées à l’automédication. Dr Ntihabose signale que ledit ministère se préserve le droit de punir les pharmacies qui ne respectent pas les mesures ci-haut citées.
L’ignorance et le non-accès aux médicaments, certains des causes de l’automédication
Le pédiatre et représentant légal de l’association de lutte contre les antimicrobiens, Lionel Dushime fait savoir que l’automédication est le fait de se donner des médicaments sans la prescription et la consultation du médecin traitant. Il précise que les causes de l’automédication peuvent être dues à l’ignorance de la population en général : « En s’attribuant des médicaments et surtout des antibiotiques, beaucoup de gens ignorent qu’ils ont des effets secondaires et peuvent créer des problèmes au niveau du corps humain. Aussi, ces gens oublient que tous les antibiotiques ne peuvent pas guérir une telle ou telle autre maladie.
Même si ces antibiotiques répondent aux symptômes d’une maladie, s’ils sont utilisés abusivement, cette dernière peut créer une résistance. Par conséquent, le patient est dans l’obligation de changer 2 ou 3 fois des antibiotiques sans qu’il guérisse », dit-il.
Dr Dushime fait savoir qu’aux patients qui prétextent qu’ils pratiquent l’automédication suite au manque de rendez-vous des consultations chez les médecins traitant, devraient se rappeler que cette pratique est plus chère et risquant que d’attendre ou de payer les consultations dans les cabinets privés. Il rappelle que l’atomédication peut détruire les parties du corp humain et le patient peut même succomber.

Les causes probables de l’utilisation abusive des antimicrobiens
Dr Dushime indique que le non-accès aux médicaments par le patient lui incite de faire recours à l’automédication : « Lorsqu’un enfant par exemple présente des symptômes d’une maladie qui ressemble à une autre dont il avait souffert dans les jours passés, son parent, au lieu de le ramener dans une consultation, peut décider de lui donner le même antibiotique que le précédent sans penser qu’il peut souffrir d’une autre maladie. Quand il réalise que le médicament donné ne répond pas à la maladie, il peut changer deux ou trois les antibiotiques mais en vain. Il se décide d’aller consulter un médecin traitant au moment où ces antibiotiques déjà consommés créent une résistance. Par conséquent, il serait difficile de traiter cet enfant à cause de l’ignorance ou des chemins raccourcis que son parent a pris », déplore-t-il.
Il ajoute que d’autres causes sont dues au fait qu’il n y a pas une loi qui réglemente la commercialisation des médicaments. « Certains propriétaires des pharmacies les transforment en boutiques. Ils donnent des médicaments à tout patient qui amène de l’argent. Or, ils oublient que les médicaments ne sont pas des produits simples. Ils jouent sur la santé de la population. Pour ce faire, ils ne devraient pas donner ces médicaments aux patients qui n’ont pas une prescription médicale. Des fois, ces détenteurs des pharmacies se donnent même le droit de proposer un équivalent du médicament prescrit par le médecin. Non pas parce qu’ils se soucient de la santé du patient, mais, pour vendre quand même les médicaments disponibles dans leurs pharmacie », ajoute-t-il.
Notre source précise que les conséquences se manifestent toujours sur le patient. Pour ce faire, il interpelle d’éviter les raccoursis mais, de consulter d’abord le médecin avant de prendre un quelque antibiotique.
Le non-accès aux médicaments, une des causes de l’automédication
B.Ndayikeza a un enfant de 10 ans. Lorsqu’il a entre 2 et 3 ans, il a souffert souvent des bronchites : La maman de cet enfant nous relate les conséquences de la prise des antibiotiques sans la prescription du médecin traitant : « Le pédiatre lui prescrivait un médicament appelé célestene lorsqu’il était dans la crise des bronchites. Comme il tombait souvent dans cette crise lorsque le climat change ou s’il attrapait la grippe, j’avais de la peine à retourner chaque fois chez le médecin traitant. Des fois, je le téléphonais pour lui demander le médicament à donner à mon fils.
D’autres fois, je me suis donnée l’autorisation de lui donner le médicament qu’il avait l’habitude de prendre pendant ladite crise. Un jour, cet enfant a eu une fièvre intense. A mon sense, je pensais que c’était le début de sa crise. Je lui ai donné la célestene comme d’habitude. Le lendemain, l’enfant était incapable de se lever. Il restait assis. J’ai pensé que c’est parce qu’il est faible. Or, c’étaient les effets secondaires du médicament pris. Je me suis vite dirigée chez le pédiatre. Il m’a d’abord recommandé de faire les examens sanguins. Les résultats ont montré qu’il souffrait d’une infection du sang et non des bronchites. Au fur du temps, cet enfant a commencé petit à petit à se relever. J’ai réalisé que se donner des antibiotiques sans la prescription du médecin est la pire des chose qui peut provoquer des conséquences néfastes chez la santé du patient », déplore-t-elle.
Mme Ndayikeza interpelle tout le monde, en particulier les parents, à se défaire avec les pratiques de l’automédication. Car, je suis témoin qu’un médicament mal utilisé, au lieu de guérir le patient, devient un poison sur sa santé ».
Rose Mpekerimana