
«Selon M. Ndayicariye, les premières victimes des élections des années 60 ont été les leaders du parti Union pour le progrès national (Uprona)»
La Commission vérité et réconciliation (CVR) a organisé une conférence de presse, le jeudi 10 août 2023, autour du thème, «les vainqueurs des élections des années 60, premières victimes de l’intolérance politique». Pierre Claver Ndayicariye, président de la commission, a indiqué que lors des élections, les indices des conflits ethniques se manifestaient.
Le président de la CVR a d’abord souligné que la conférence de presse est une occasion pour partager avec les journalistes les résultats obtenus après une recherche faite à propos des victimes assassinées après les élections des années 60 au Burundi. Il a ainsi indiqué que le choix des années 1960 à 1973 correspond à la période sur laquelle la commission a déjà menée ses enquêtes, sur base des faits, des dates, des acteurs, de l’ambiance des campagnes électorales, des résultats, des réactions et les assassinats. Le 18 septembre 1961, les élections législatives qui ont mêné l’Uprona (Union pour le progrès national) au pouvoir ont eu lieu et après ces dernières, les assassinats ont eu lieu.
Selon M. Ndayicariye, les premières victimes des élections des années 60 ont été les leaders du parti Uprona. Le prince Louis Rwagasore ainsi que ses collaborateurs dont la grande majorité était des Hutu ont été assassinés. Louis Rwagasore a été assassiné à seulement 14 jours de l’accession à la primature du royaume du Burundi, le 13 octobre 1961. Après Rwagasore, Pierre Ngendandumwe, qui avait succédé au prince à la primature royale a été également assassiné. Cependant, les leaders Tutsi ont conseillé le Roi Mwambutsa de dissoudre d’abord le Parlement qui leur faisait obstacle et la dissolution a été actée par l’arrêté royal du 28 mars 1965, avec la publication d’un nouveau Code électoral. Après les élections législatives du 10 mai en 1965, les assassinats des élus Hutu ont continué, 1965 et en 1972, selon toujours le président de la CVR.
Les Burundais invités à ne plus avoir peur de la vérité
Ndayicariye a ainsi ajouté que les choses se sont aggravées au moment du coup d’Etat déjoué par « Micombero », qui a ainsi été le début des arrestations et des exécutions des Hutu, cadres de différents secteurs de la vie publique.
Le président de la CVR a ainsi rappelé l’objectif ultime de la commission qui est la recherche de la vérité au service de la réconciliation au Burundi, avant d’inviter tout Burundais à ne plus avoir peur de la vérité. « N’ayez plus peur de la vérité, ayez plutôt peur du mensonge et de l’hypocrisie, car le mensonge d’Etat a tué des milliers d’innocents au Burundi», a souligné le président de la CVR. Selon toujours M. Ndayicariye, lors des élections de 1961, des indices des conflits ethniques étaient perceptibles.
Laurent Mpundunziza