C’est bel et bien depuis belle lurette que la montée des eaux de ce deuxième lac en profondeur au monde, le lac Tanganyika fait la une de l’actualité burundaise; le premier étant le Baïkal avec une profondeur comprise entre 750 à 1300 mètres. Le lac Tanganyika est à la conquête despotique de son territoire. Ce lac, ne voulant rien d’autre que son désir de rester avec sa pureté originelle, est choqué, frustré des actions anthropiques dues à l’irrésistible progression de la modernité qui porte atteinte à sa grandeur.
Comme le prophète Jean Baptiste quand il prêchait dans le désert pour annoncer la venue du Messie, il a été ainsi pour les environnementalistes, notamment Albert Mbonerane qui n’a ménagé aucun effort en prédisant qu’un jour le lac Tanganyika allait se venger des maux lui infligés par l’Homme. On gardera à l’esprit une vérité révélée et rédigée dans le journal Le Renouveau n°10 174 du 26 juillet 2019 quand Mr Mbonerane disait: « Notre maison brûle mais nous continuons à regarder ailleurs comme si cela ne nous concerne pas». Lors du cinquième anniversaire de l’encyclique du pape François sur les questions de l’écologie intégrale et de la conversion écologique, l’abbé Jean Bosco Nintunze, secrétaire général de Caritas Burundi a lancé un autre cri d’alarme. Dans une conférence de presse qu’il a animée en date du 18 mai 2020, l’abbé Nintunze a plaidé lui aussi pour la protection de notre « mère Terre » qui, disait-t-il, crie toujours au secours contre l’action de l’Homme visant la destruction irrémédiable et sans précédent de l’écosystème.
Hélas, l’Homme faisant toujours la sourde oreille; les conséquences inévitables, malheureuses et funestes commencent à se produire. Renfrogné et fatigué de l’irréparable outrage, de la pollution et de l’envahissement de sa zone littorale, le lac Tanganyika a décidé de se révolter et de se faire justice. C’est pourquoi, armé de tout son mécontentement occasionné de l’incompréhension de l’Homme, sans avocats ni juges, sans recours à la Commission nationale Terre et autres biens; le lac Tanganyika, décidé, n’accepte plus, de nos jours, l’injustice qu’il a longtemps subie. Il semble être plus déterminé aujourd’hui que jamais à conquérir tous les espaces dont les récalcitrants du Code de l’environnement lui ont retiré.
Comme pour l’écrivain Henri Lopez dans Le pleurer-rire quand il s’interrogeait si on peut ramener sous le sol l’igname monté en tige, il y a lieu de se poser certaines questions. Qui va tenir face au vomissement de tous les plastiques et autres déchets vomis par ce lac ? Est-il encore possible de limiter les conséquences dues à cette situation ? De toute façon, il faut tirer, de cette situation, une leçon afin de pouvoir conserver et protéger la biodiversité.
MOÏSE NKURUNZIZA