Le président de la République du Burundi, Evariste Ndayishimiye a tenu, le vendredi 28 mars 2025, une séance de moralisation animée à l’intention des opérateurs économiques. Il les a interpellés à travailler dans l’unité, la transparence et l’honnêteté.
Le président Evariste Ndayishimiye a d’abord exhorté les opérateurs économiques et les investisseurs burundais à adopter une vision d’avenir. Il les a appelés à privilégier la création d’entreprises de production afin de proposer des biens destinés à l’exportation, plutôt que de se limiter aux importations. Il a insisté sur le fait que les Burundais doivent tirer profit de la paix et de la sécurité qui règnent actuellement dans le pays, des éléments fondamentaux pour le développement. Il a également rappelé que le progrès du Burundi repose sur l’engagement de ses citoyens.

Couper court avec les pratiques de fraudes fiscales
Le chef de l’Etat a poursuivi en interpellant les opérateurs économiques à ne pas compter uniquement sur l’aide étrangère, insistant ainsi sur l’importance du travail collectif et de l’unité pour bâtir une économie forte. Par ailleurs, il a lancé un appel à l’ensemble des acteurs économiques à renoncer aux pratiques frauduleuses dans le domaine fiscal, soulignant l’impact négatif de ces dernières sur la croissance du pays.
Le numéro Un burundais, a également interpellé les opérateurs économiques sur l’importance de s’acquitter de leurs impôts et taxes conformément à la loi, soulignant que ces contributions sont essentielles au développement du pays. Selon lui, les recettes fiscales permettent notamment de financer la production d’électricité, l’achat de médicaments, le développement des infrastructures et bien d’autres secteurs vitaux. Il les a également exhortés à renforcer les chaînes de valeur afin de faciliter l’accès aux matières premières et de promouvoir un développement collectif durable.
Le président Ndayishimiye a également déploré certaines pratiques visant à déstabiliser l’économie nationale. Selon lui, bien que les devises soient disponibles en quantité suffisante dans le pays, certains Burundais manœuvrent pour empêcher leur entrée dans la Banque centrale et les banques commerciales. Il a ainsi appelé à un changement de mentalité, encourageant un esprit patriotique axé sur le développement du pays en affirmant que le Burundi ne peut prospérer qu’avec l’implication active de ses citoyens ; à défaut, il risquerait de sombrer dans le déclin économique.
La problématique des devises et l’appel au patriotisme économique
Face aux défis liés à la disponibilité des devises, le directeur général de l’ADB (Agence de Développement du Burundi), Révérien Nizigiyimana invite les opérateurs économiques burundais à devenir des producteurs de devises plutôt que de se contenter d’en être demandeurs. Il les encourage à adopter une vision plus large, en s’intéressant non seulement au marché local mais aussi au marché extérieur. Il souligne l’importance de l’économie d’échelle, en suggérant aux entrepreneurs d’unir leurs capitaux afin de créer de grandes entreprises compétitives à l’échelle internationale.
Olivier Suguru, président de la CFCIB (Chambre fédéral du commerce et d’industri du Burundi), a quant lui salué la volonté du Chef de l’Etat d’encourager les opérateurs économiques, comme en témoignent les rencontres qu’il organise pour renforcer le dialogue entre les secteurs public et privé. Et de rappeller que la CFCIB a pour mission d’intervenir en cas de violations des droits du secteur privé et non de résoudre les litiges des membres ou opérateurs du secteur privé ayant enfreint la loi. Selon lui, tout contrevenant doit répondre de ses actes devant les juridictions compétentes.
La fraude fiscale crée un déséquilibre dans l’économie nationale
M. Suguru dénonce avec fermeté les opérateurs économiques qui se livrent à la fraude douanière et fiscale. Il les exhorte à mettre fin à ces mauvais pratiques, qui freinent l’élargissement de l’assiette fiscale et entravent le développement du pays. Selon lui, la fraude fiscale entraîne l’évasion de l’impôt sur le revenu, créant ainsi un déséquilibre dans l’économie nationale et le commerce. Il souligne également que cette fraude s’opère souvent en chaîne, impliquant certains agents des douanes et de la police, et déplore vivement cette situation. Il appelle chacun à dénoncer ces pratiques nuisibles au développement du pays.

Par ailleurs, la CFCIB demande des mesures urgentes pour améliorer la disponibilité des devises et assainir l’environnement des affaires au Burundi. En effet, les opérateurs économiques peinent à obtenir des devises en banque et se tournent vers le marché parallèle, une situation préoccupante qui nécessite une solution rapide et efficace. Olivier Suguru avertit que cette problématique pourrait avoir de graves conséquences sur l’économie nationale, notamment en raison du calcul des impôts basé sur le taux de change de la BRB (Banque de la République du Burundi).
Laurent Mpundunziza