Un pas décisif vers l’auto-développèrent
Les jeunes diplômés de Gitega la capitale politique du Burundi semblent aujourd’hui amorcer un véritable tournant. Animés par un nouvel esprit d’initiative, ils se tournent désormais vers des métiers variés, souvent en dehors de leurs formations universitaires, pour bâtir leur meilleur avenir sans attendre l’embauche de l’Etat. Les métiers les plus pratiqués par ces jeunes sont notamment la couture, la vente des unités associée au transfert et retrait d’argent électronique, la transformation agricole alimentaire, la fabrication des produits écologiques, le commerce, l’agriculture, pour ne citer que ceux-là.

Pendant de nombreuses années, beaucoup de jeunes diplômés de Gitega nourrissaient l’espoir d’obtenir un emploi stable dans la Fonction publique ou au sein des organisations internationales. Mais, face à la rareté d’opportunités, beaucoup d’entre eux ont compris la nécessité de repenser leur rapport au travail. C’est le cas d’Eric Niyibizi, spécialiste de la couture dans la ville de Gitega et en même temps détenteur d’un diplôme universitaire. « Nous avons réalisé qu’attendre un emploi n’était plus une option viable. Il faut créer son propre chemin », confie M. Niyibizi. Il raconte qu’il a commencé la couture juste après ses études supérieures. Malgré le début difficile lié au jugement de l’entourage, il se réjouit, aujourd’hui, du chemin parcouru. Il vend désormais diverses machines à coudre et des accessoires de couture. Et en plus de fournir de l’emploi à plus de vingt jeunes et former plus de quinze apprentis, Eric Niyibizi ambitionne de construire un grand centre de formation en couture. Il precise qu’il possède déjà les machines nécessaires mais, manque un espace adapté pour concrétiser ce projet, qui, selon lui, contribuerait significativement à la lutte contre le chômage. Il lance un appel à tout un chacun de soutenir dans cette initiative.
Une révolution culturelle
Rencontré en train d’exercer son métier de vente d’unités et associée au transfert et retrait d’argent électronique dans le quartier Musinzira, Savela Habonimana déplore que beaucoup de jeunes, après leurs études, se contentent d’attendre un emploi dans la fonction publique, alors que le gouvernement ne peut pas tous les employer. C’est pour cette raison qu’elle jugé bon d’entreprendre son petit projet afin de subvenir à ses besoins et contribuer à au développement du pays. Selon elle, une personne ayant un métier ne manque de rien, sauf si elle ne s’y prend pas correctement. Elle a encouragé les jeunes, notamment ceux diplômés, à se détourner de l’oisiveté et à apprendre des métiers diversifiés. Elle les a, également, exhorté à ignorer ceux qui cherchent à les décourager.
L’éveil des jeunes diplômés de Gitega aux métiers de l’auto-développement n’est pas seulement un phénomène économique : c’est une révolution culturelle. En choisissant de devenir acteurs plutôt que spectateurs, ces jeunes ouvrent la voie à un Burundi plus autonome, plus créatif et plus résilient.
Eric Sabumukama
