Le hausser pour maintenir une scolarité large et approfondie
Le Forum national des femmes (FNF) demande au gouvernement du Burundi de hausser l’âge légal de mariage pour le sexe féminin afin de maintenir une scolarité large et approfondie pour les filles ainsi que leur prévenir les conflits familiaux liés au manque de maturité conjugale. Emérence Bucumi, présidente du Forum national des femmes au Burundi, le dit dans un entretien du 26 février 2025 accordé au journal «Le Renouveau du Burundi». Cet avis est soutenu par les parents. Dans les écoles burundaises, il est remarquable que l’effectif des filles diminue beaucoup au fur et à mesure qu’on quitte l’éducation de base vers l’enseignement supérieur.

Au niveau du Forum national des femmes au Burundi, Mme Bucumi indique que l’argument de laisser de côté les études de haut niveau pour se marier sous prétexte d’atteindre un âge avancé est une pensée archaïque qui n’a plus de place dans le Burundi contemporain. Elle appelle plutôt les filles à poursuivre leurs études jusqu’au dernier grade universitaire. «Il faut persévérer plus à la vision qu’au mariage car, dans le climat actuel des affaires, on recrute les plus hauts gradés dans des postes techniques pour s’assurer de la réalisation fructueuse des projets ou des programmes de développement au Burundi et même aux différents pays du monde», précise-t-elle.
Ainsi, poursuit-elle, se qualifier de haut niveau augmente les chances de postuler dans l’un ou l’autre domaine car, on ne manifeste pas des compétences ou connaissances qu’on n’a pas acquises. «Il faudrait reconnaître que réussir son embauche complétera les revenus que son mari apporte au foyer», ajoute-t-elle.
Vers 21 ans ou plus
Mme Bucumi indique que le Forum national des femmes continue de demander auprès du gouvernement du Burundi la hausse de l’âge de mariage vers 21 ans ou plus, pour que les filles puissent au moins terminer le premier cycle universitaire (baccalauréat) avant de penser à fonder un foyer. Selon Mme Bucumi, on constate que même le grade de bachelier est en train de perdre sa valeur au marché du travail.
Certains parents disent que la minorité de femmes par rapport aux hommes dans l’enseignement supérieur prend les racines dans la culture burundaise abritant une mentalité archaïque qui considère le foyer comme dernier destin de la fille plutôt que la vision. «Quand la fille a décidé de se marier, tu ne peux rien faire pour l’empêcher en tant que parent si tu ne veux pas qu’elle part dans une voie illégale qui déshonore la famille. Si le gouvernement augmente l’âge de la fille au mariage, elle aura peur de la loi et restera à l’école», dit Rachelle Mfatirimana, un parent du quartier Gitega, zone Kinama en commune Ntahangwa dans la mairie de Bujumbura.
Pour Joséphine Iradukunda et Lyse Tuyisabe, toutes de la commune et province de Gitega et étudiantes à l’Université du Burundi, les filles préfèrent plus faire le mariage qu’étudier, à cause de l’âge prévu par la loi et des mentalités de l’entourage. «Imaginez-vous quand les voisins disent au garçon qui demande ta main que tu es vieille parce que tu veux te marier après les études universitaires, cela te choque au cœur. Lorsque la loi autorisant l’âge de 18 ans pour les filles sera révisée vers 21 ans, peut-être, nous serons soulagées car, nous serons protégées par elle», racontent-elles.
Médard Irambona (stagiaire)