A l’occasion du 8 juin, journée dédiée au patriotisme, les Burundais commémorent la mort de Guide suprême du patriotisme au Burundi feu président Pierre Nkurunziza. Deux ans après sa mort, ceux qui ont travaillé avec lui, les hommes politiques, les membres de la société civile ou membres des associations pour le développement se souviennent de lui comme un homme qui a défendu la souveraineté du Burundi.
« Une présence dans l’absence ; une parole dans le silence. Je garde de Pierre Nkurunziza le souvenir d’un homme au vrai sens du terme, d’un leader charismatique que je peux me permettre de qualifier de naturel mais qui a su se mettre du jour le jour en écoutant, et en s’ajustant avec le temps et compte tenu de la conjoncture nationale, régionale et internationale », a souligné Jean-Claude Karerwa Ndenzako, ancien porte-parole de feu président Pierre Nkurunziza.
Il est en outre un artisan de paix incontestable et un éducateur. Voilà ce qui l’a propulsée au rang de Guide suprême du Patriotisme au Burundi. Deux années après sa disparition, des pensées, des signes, des objets continuent à nous lier à Pierre Nkurunziza. « C’est en écoutant un extrait de son discours ou une chanson qu’il aimait, ou en visitant un lieu, ou encore en regardant un objet », a ajouté M Karerwa ndenzako.
Pour M.Karerwa, le décès d’un être cher marque une rupture physique des rapports. Mais pour autant, son souvenir continue à se manifester, et il ne s’agit pas ici de parler de phénomènes paranormal. « Il revient aussi de temps en temps dans mes rêves. L’apparition d’une personne disparue dans un rêve n’est pas du tout anodine. C’est vrai que cela me dérange ou perturbe mon sommeil et ma quiétude en général, surtout quelques jours après sa mort. Quoi qu’il en soit, comprenez bien que rêver d’une personne décédée prouve qu’elle est encore en nous ».
Il arrive de revoir une connaissance commune, ou de croiser un membre de sa famille, et cela peut s’avérer réellement troublant, mais « je qualifie tout cela d’une présence dans l’absence ou d’une parole dans le silence ».
Son rêve est devenu réalité
D’après Jean-Claude Karerwa Ndenzako, son rêve de tous les jours, comme il ne cessait de le réitérer à qui veut l’entendre, c’était de voir le Burundi devenir un havre de paix et un pays qui ne dépend plus des aides, mais plutôt, un pays capable d’aider les autres pays à travers une coopération gagnant-gagnant, un pays qui reconquiert sa place dans le concert des Nations après des décennies de chicaneries fratricides.
Il a aussi précisé que même si son rêve ne s’est pas totalement réalisé, il ne serait pas erroné d’affirmer que son rêve est devenu réalité. Il a en effet laissé derrière lui un pays paisible et capable d’exporter la paix à travers des missions de maintien de la paix dans différents pays du monde. Il a en outre prouvé à la face du monde que le Burundi peut survivre sans compter sur les aides tout en parvenant à imposer le Burundi comme un véritable partenaire et un interlocuteur du monde.
Le Burundi a fait un pas de géant
Sous sa philosophie que la paix sociale repose largement sur le pain, feu président Pierre Nkurunziza s’est investi depuis sa prise de fonctions à travailler et à inciter les autres au travail pour améliorer le bien-être de ses compatriotes. Il a aussi pris des mesures courageuses et surtout salvatrices en faveur des enfants et des femmes à savoir l’éducation gratuite pour les enfants de l’école primaire, et des soins de santé gratuits pour les enfants de moins de 5 ans, ainsi que les soins de maternité gratuits dans toutes les structures de santé à régime public.
C’est également sous son règne que la Commission vérité et réconciliation qui permettra d’établir les responsabilités sur les crimes commis au Burundi depuis la fin de la monarchie jusqu’à aujourd’hui .
M.Karerwa a indiqué que même s’il reste un long chemin à parcourir pour éradiquer la pauvreté, le Burundi a fait un pas de géant sous la présidence de Pierre Nkurunziza, dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), à certains indicateurs tels que le taux de scolarisation dans l’école primaire, la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire, la couverture vaccinale et le ralentissement de la propagation du VIH sida.
D’après Jean-Claude Karerwa, il doit absolument y avoir des chantiers inachevés mais le bilan est très satisfaisant. Pierre Nkurunziza ne s’est jamais fait la moindre d’illusion qu’il devrait réussir à cent pour cent. Il ne cessait de renchérir que personne ne peut tout faire de son vivant, mais qu’à la mort, les gens comprennent que vous avez assuré l’essentiel si vous ne ménagez aucun effort, et que vous ne laissez nulle place là où la main ne passe ou repasse comme le dit bien « Le laboureur et ses enfants ».
Un homme très engagé pour la promotion de la société civile burundaise
Venuste Muyabaga, président de l’AFJC (Association pour assistance et formation juridique du citoyen)-Berintahe a indiqué que pour feu président Pierre Nkrunziza, il garde un souvenir d’un homme de paix, d’un rassembleur, triomphaliste ( lors de son retour dans le pays après la signature du cessez-le-feu, et son retour au pays après l’échec du coup d’Etat). Après ce retour triomphal, les Burundais ont repris l’espoir de vivre.
En tant qu’acteur de la société civile, M.Muyabaga apprécie sa contribution dans ce domaine regroupant en grande partie les droits de l’Homme, la bonne gouvernance et l’environnement. « C’était un homme très engagé dans ces secteurs étant donné qu’il a été ministre d’Etat chargé de la bonne gouvernance. Cela montre que même après, il s’associait beaucoup et de par ses actes posés, il était associé d’une bonne gouvernance ».
En ce qui concerne les droits de l’Homme, beaucoup d’institutions en charge de la promotion des droits de l’Homme ont été mises sur pied sous son règne. Quant à l’environnement, feu président Nkurunziza a pris le devant pour le reboisement du Burundi et la protection de la nature.
Pour Venuste Muyabaga, il a largement contribué à la promotion de la société civile burundaise en la rencontrant plusieurs fois. Il s’est beaucoup engagé dans ce domaine, et en ne bloquant pas les activités de la société civile étant donné qu’en Afrique, il y a des pays où la société civile n’existe pas. La plupart des associations ont pris naissance sous le règne de Pierre Nkurunziza. Il est vrai que certaines d’entre elles qui se sont méconduites, ont été soit rayées de la liste, ou suspendues pour qu’elles se corrigent.
Le Burundi a besoin des patriotes
Son règne était une période de croissance malgré qu’en 2015 il y a eu restriction du financement des bailleurs de fonds. A cette période, le Burundi a su montrer qu’il peut exister sans assistance extérieure. De par cette résistance, expérience, force que feu président Nkurunziza a montrée au peuple burundais et aux pays amis, le Burundi s’est donné l’image d’un pays fort, d’un pays qui peut vivre sans enfeindre son indépendance.
« La journée du patriotisme aura une grande valeur ajoutée pour le peuple burundais car c’est le moment de se souvenir, de se rappeler que le Burundi a besoin des patriotes pour son développement, son épanouissement mais également pour asseoir son indépendance, sa souveraineté et asseoir une cohésion sociale pour la paix et le développement », a souligné M.Muyabaga.
Un homme visionnaire
« Le souvenir que je garde de feu Président Pierre Nkurunziza, qui a été consacré comme Guide suprême du patriotisme au Burundi» est un souvenir d’un homme visionnaire, qui savait lire les signes des temps et agir en conséquence», a indiqué Jean De Dieu Mutabazi président de l’Observatoirenational pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité au Burundi et président du parti Rassemblement des Démocrates pour le Développement du Burundi (Radebu).
Il a souligné que Pierre Nkurunziza était un homme de paix, mais un homme qui savait faire la guerre quand elle lui était imposée et si c’est pour une cause juste. Pour illustrer ses propos, M. Mutabazi a cité le fait que Pierre Nkurunziza a traversé beaucoup d’épreuves depuis son enfance étant devenu orphelin de père très jeune en 1972, le fait qu’il a connu le maquis en 1995 suite à la guerre civile qui a suivi l’assassinat du président Melchior Ndadaye et le fait que, après son accession au pouvoir, il a eu à gérer un pays qui a connu beaucoup de tragédies aussi bien sous l’époque coloniale qu’après l’indépendance. Il a mentionné que dans sa carrière de Chef d’Etat, feu Pierre Nkurunziza a eu à faire face au Coup d’Etat du 13 mai 2015, lequel Coup d’Etat était orchestré par certains étranger et appuyés par certains Burundais. Mais toutes les épreuves l’ont aguerri davantage. « Feu le Président Pierre Nkurunziza était un homme qui avait le sens du partage et qui n’oubliait jamais ses compagnons de lutte ou ses amis d’enfance. Il était très attaché aux valeurs ancestrales du Burundi, à la culture burundaise et à la cohésion sociale. Pour lui, la maitrise de l’Histoire du Burundi était très importante pour mieux orienter l’avenir. Il disait : Kahise gategura Kazoza, Uwutazi iyo yavuye ntamenya iyo atera aja »
Défense de la souveraineté du pays
Sur le plan politique, le président du parti Radebu a salué le fait que Feu Président Pierre Nkurunziza a dominé de bout en bout la scène politique burundaise, pendant une vingtaine d’années, depuis pratiquement les années 2000. «Il me serait difficile de parler de lui, sans parler de son entourage direct politico-militaire, ou de son mouvement CNDD-FDD. Le Président Nkurunziza a été Chef de file du mouvement CNDD-FDD pendant la rébellion et a conduit la guerre contre l’armée gouvernementale jusqu’à la signature des Accords de cesse le feu de 2003. De ce fait, c’était un homme de guerre, qui savait faire la paix à temps. Feu Président Nkurunziza a été candidat de son Parti aux présidentielles de 2005 (il fut élu par le Parlement), de 2010 et 2015 (au suffrage universel direct). De ce fait, il est indéniable que c’était un homme d’un charisme hors pair, et très populaire. Je saisi cette occasion pour rendre un hommage mérité à feu Président Nkurunziza et son Parti, comme ayant remis le Burundi sur les rails de la stabilité, de la démocratie et de la souveraineté», a-t-il indiqué.
Toujours dans le domaine Politique, feu Président Pierre Nkurunziza a beaucoup contribué à la sensibilisation et à l’éducation, aux valeurs de paix, de l’Unité nationale, de la cohésion sociale, de la démocratie et de l’indépendance du Burundi, à travers les séances de moralisation qui étaient organisées à toutes les catégories socio – professionnelles. « C’était un véritable artisan de la paix », a souligné M. Mutabazi. « Parmi les grandes réalisations politiques, il faut aussi noter la défense de la Souveraineté du pays par le refus de la domination étrangère et l’instauration d’une coopération basée sur le principe gagnant-gagnant », a-t-il ajouté.
Bâtir un Burundi uni et souverain
Notre interlocuteur a fait savoir que les réalisations du président Nkurunziza dans les autres domaines de la vie du pays sont multiples, diverses aussi importantes les unes que les autres. Feu Président Pierre Nkurunziza s’est investi pour bâtir un Burundi uni, mettre fin aux divisions de toutes sortes, réhabiliter les sinistrés, améliorer la situation des droits de l’Homme et réhabiliter les sinistrés des différentes tragédies et guerre civiles. C’est ainsi qu’il a mis en place les différentes commissions spécialisées comme la CVR (Commission Vérité et Réconciliation), la CNTB (Commission Nationale Terre et Autres Biens), l’ONPGH (Observatoire National pour la Prévention et l’Eradication du Génocide, des Autres Crimes contre l’Humanité) etc…
Dans le domaine de développement économique, le président du l’ONPGH a mentionné comme réalisation du président Nkurunziza, l’organisation des petits producteurs dans les coopératives pour défendre leurs intérêts, mieux produire et mieux vendre. Dans le domaine de la sécurité, de la défense de l’intégrité, il a beaucoup travaillé. C’est ainsi qu’il mit en place la synergie de la quadrilogie : Force de l’ordre-Administration-Justice et population, sans oublier l’organisation d’un meilleur encadrement de la jeunesse burundaise pour appuyer la sécurité du pays. Il ne faudrait pas non plus oublier son engagement pour ramener et maintenir la paix dans plusieurs autres pays, à travers l’envoie des troupes burundaises à l’étrangers comme Casques Bleus.
Le peuple burundais ainsi que les africains des quatre coins cardinaux ne cessent de lui faire des éloges et de lui rendre hommage pour avoir démontré qu’il était possible d’organiser les élections avec les moyens propres des citoyens burundais et du pays. Ici nous faisons allusion à l’organisation des élections générales de 2015 et du référendum constitutionnel de juin 2018.
A titre de rappel, la Constitution de juin 2018 est le fruit d’un dialogue Inter-burundais, qui avait permis de recueillir les idées du peuple Burundais pour mieux actualiser la Constitution de 2005, issue des Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation ; et nettoyer certaines dispositions contradictoires.
Les autres réalisations touchent la constitution des nouvelles infrastructures modernes ainsi que l’initiation des réformes institutionnelles. Il a cité la construction du palais présidentiel Ntare House, les Hôpitaux de Bubanza et Karuzi, les Universités, les multiples centres de Santé et Ecoles. les nouvelles routes et réhabilitations d’anciennes routes ainsi de suite. Bref, il faudrait tout un livre avec plusieurs tomes, pour énumérer les réalisations de feu Pierre Nkurunziza, dans tous les autres domaines, pendant les 15 ans de son reigne.
Consolider les acquis
Selon Jean De Dieu Mutabazi, l’instauration d’une journée qui est dédiée à feu Président Pierre Nkurunziza comme « Guide suprême du patriotisme du Burundi» est d’une contribution capitale dans l’édification de l’Histoire du peuple burundais. «Le Burundi et le peuple Burundais dispose en effet de leur Bible, à travers laquelle on retrouve les illustres personnalités qui ont marqué de manière indélébile notre Histoire. Il s’agit notamment de Ntare Cambara Ntama, de Mwezi Gisabo, du Prince Louis Rwagasore, de Melchior Ndadaye et de feu Pierre Nkurunziza», a-t-il dit. Selon lui, l’instauration de la journée du 8 juin comme journée du Patriotisme est une occasion qui est offerte aux Burundais de raviver leurs mémoires, d’une journée de souvenir des personnalités qui se sont sacrifiées pour le Burundi et les Burundais, des personnalités qui ont accepté de courir le risque pour que les Burundais puissent avoir la vie sauve, et tout cela, dans l’objectif de mieux consolider les acquis qu’ils ont laissé en vue de l’édification d’un Etat de droit.
Ami du citoyen lambda
Deo Ndayishimiye habitant de la colline Nyambuye a indiqué qu’il a connu feu président Pierre Nkurunziza bien avant qu’il n’accède au pouvoir. « Il a habité sur notre colline Nyambuye un temps relativement long qui lui a permis de tisser des liens d’amitié avec la population locale», a-t-il indiqué. Il a souligné que quand le parti CNDD-FDD a accédé au pouvoir, M. Nkurunziza s’est souvenu qu’il a bien cohabité avec la population de cette localité et chaque année, il effectuait une visite sur ladite colline. « Tantôt, il venait pour inaugurer des infrastructures publiques tantôt pour échanger avec la population et il passait sur notre colline 2 ou 3 jours». Selon Déo Ndayishimiye, le fait que le président Nkurunziza a continué à côtoyer de simple citoyen démontre qu’il était une personne humble. Nous n’étions pas habitués dans notre pays à voir un président qui se laisse embrasser par des gens de conditions modestes.
Notre interlocuteur a rappelé que cette localité avait été gravement touchée par la crise et que quand, la population s’est mobilisée pour construire les écoles et d’autres infrastructures publiques, le président Nkurunziza a soutenu leurs efforts. Selon lui, le président Nkurunziza accordait du soutien à l’un ou l’autre à certaines occasions grâce à l’amitié qu’il s’était lié avec les gens. « Il voulait aider les autres pour les propulser vers le développement, il avait demandé l’adhésion à quelques unes de nos associations et il a accordé à certaines coopératives un capital pour démarrer un projet de développement soit d’élevage soit de commerce ou d’agriculture ou autre», a-t-il dit.
Le peuple burundais ne l’oubliera jamais
Comme il sensibilisait tous les Burundais à travailler en association, la population de la colline Nyambuye a répondu à cet appel du feu président Nkurunziza. « Nous avons une association pour le développement de Nyambuye, ADN. Le président Nkurunziza nous avait offert 15 vaches, 20 chèvres et 20 porcs pour les multiplier afin qu’avec le temps, chaque ménage ait un animal domestique. Nous le considérions comme l’un des nôtres, un membre de la famille et il nous a légué un grand héritage car même sa famille, son épouse et leurs enfants viennent nous rendre visite, sa famille ne n’oublie pas», a-t-il indiqué.
Selon lui, le président Nkurunziza a laissé à la société burundaise des œuvres qu’elle n’oubliera pas. Il a notamment cité la consolidation de la démocratie, la liberté d’opinion, la gratuité des soins de santé pour les moins de cinq ans. « Le peuple burundais ne l’oubliera jamais. Nous nous souviendrons également qu’il fut un homme de Dieu, qui a initié des rendez-vous importants où tous les Burundais pouvaient élever les louanges vers le Créateur», a-t-il mentionné.
Yvette Irambona
Grâce-Divine Gahimbare