La commémoration de l’anniversaire de l’assassinat du héros de la démocratie au Burundi, Feu président Melchior Ndadaye, est une occasion de jeter un regard rétrospectif pour évaluer et apprécier sans faux fuyant les acquis de son héritage trente et un ans après sa triste disparition. Premier chef d’Etat démocratiquement élu, le président Melchior Ndadaye a laissé un héritage profond tant pour le peuple burundais que pour la classe dirigeante. Son tragique assassinat le 21 octobre 1993, quelques mois après son élection, a marqué l’histoire du pays et a engendré une longue période de violences ethniques. Malgré cela, ses idéaux et ambitions-axés globalement sur la démocratisation et la participation populaire, l’unité nationale et la réconciliation ethnique, l’engagement pour la justice sociale et le développement ainsi que le modèle de leadership pacifique- continuent d’influencer la vie politique et sociale du Burundi.
Feu président Ndadaye a introduit le Burundi à l’ère de la démocratie pluraliste.
Son élection en juin 1993, après des décennies de régimes militaires et autoritaires, symbolisait une rupture avec l’histoire politique du pays. Il a permis au peuple burundais, pour la première fois, d’exprimer ses choix politiques à travers le vote. Ce passage vers un système démocratique reste un héritage majeur, dans lequel il avait mis en avant l’importance du dialogue, de la consultation et de l’inclusion de toutes les composantes de la société.
Ndadaye prônait l’unité et la réconciliation entre les ethnies Hutu, Tutsi et Twa. Son projet politique visait à transcender les divisions ethniques et établir une société où chacun, quelle que soit son origine, aurait sa place au soleil et dans la construction nationale. Il avait tendu la main à tous les Burundais et plaidé pour une nation unie, évitant de se laisser enfermer dans les discours ethniques qui auraient pu diviser encore plus le pays.
Feu président Ndadaye défendait l’idée d’une société plus juste et équitable. Il voulait s’attaquer aux inégalités socio-économiques qui persistaient, notamment en rendant accessible l’éducation, en améliorant les conditions de vie des populations rurales et en luttant contre la pauvreté. Il voyait dans l’éducation et le développement économique des piliers indispensables pour sortir le Burundi du sous-développement.
Malgré son assassinat brutal, Ndadaye incarne l’image d’un leader pacifique qui croyait en la résolution non violente des conflits. Il avait opté pour le dialogue et la négociation comme voies privilégiées pour construire une démocratie stable. Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que ce style de leadership a continué d’influencer la classe dirigeante, même si la violence a souvent été présente dans l’histoire politique burundaise après sa mort.
Quelle inspiration le gouvernement actuel tire-t-il de Feu président Melchior Ndadaye ?
En matière de consolidation de la démocratie, le gouvernement du Burundi s’inscrit dans la droite ligne de l’héritage démocratique laissé par Ndadaye. Des élections régulières sont organisées depuis son ère, marquant une continuité avec l’ambition de Ndadaye de voir le Burundi devenir une démocratie stable.
Le souvenir de Ndadaye est souvent évoqué comme un rappel de l’importance de la démocratie et de la participation citoyenne au processus politique. L’appel à l’unité nationale, une valeur fondamentale pour Ndadaye, est une inspiration pour le gouvernement Mvyeyi et Nkozi sous l’égide du président Evariste Ndayishimiye, qui cherche à maintenir la cohésion sociale après les décennies de guerre civile. Les efforts pour préserver la paix, promouvoir le dialogue et encourager la réconciliation nationale sont des échos directs de la vision de Ndadaye pour un Burundi unifié.
L’engagement de Ndadaye pour la justice sociale inspire aussi les politiques du gouvernement, particulièrement dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du développement communautaire. Les programmes visant à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables, à encourager l’entrepreneuriat rural et à garantir l’accès aux services de base reflètent l’idéal de Ndadaye d’un Burundi où chaque citoyen, quelle que soit son origine sociale, aurait une chance de prospérer.
Concernant la gestion du pouvoir, le modèle de Ndadaye, qui plaçait le dialogue au centre de son leadership, reste une source d’inspiration pour les efforts du gouvernement visant à promouvoir la stabilité politique par des discussions avec différents acteurs politiques et des pourparlers nationaux. Le recours aux processus de dialogue pour résoudre les tensions est un indicateur sûr de la volonté d’honorer son héritage.
Louis Kamwenubusa