Le gouvernement du Burundi a mis en place une politique stratégique qui favorise l’union des forces en coopératives soutenues en appui multiforme. Des coopératives de différents types se trouvent implantées sur toutes les collines du pays et ont beaucoup contribué à l’amélioration du niveau de vie de la population membre et au développement du pays à travers le paiement des impôts et taxes. Actuellement, les Burundais considèrent cette politique comme l’une des solutions pour accéder à la vision nationale, Burundi, pays émergent en 2040 et pays développé en 2060.
D’après le conseiller de l’administrateur chargé des questions économiques, du développement et des statistiques en commune Mutimbuzi, Emmanuel Misigaro, cette entité territoriale regorge de 92 coopératives enregistrées, dont 32 coopératives Sangwe, à raison d’une par colline. Il ajoute qu’il y en a d’autres qui ne sont pas encore enregistrées. Au moment de la création de ces coopératives Sangwe, dit M. Misigaro, le gouvernement du Burundi a octroyé un financement de 10 000 000 FBu à chacune. « Avec cette première tranche de financement, celles-ci ont connu un déficit, suite à une incompréhension des membres qui ont gaspillé ces fonds en les confondant à une aide à consommer. Donc, ils n’ont pas investi ces fonds dans des projets générateurs des revenus », regrette-t-il.
Concernant le rôle de l’administration dans le développement des coopératives, M. Misigaro souligne qu’elle multiplie les descentes sur le terrain en vue de sensibiliser les membres des coopératives sur l’objet des financements que le gouvernement leur a donnés. Grâce aux conseils que l’administration communale leur a prodigués, les coopératives Sangwe ont relancé les activités de développement avec l’octroi de la deuxième tranche de financement par le gouvernement. Ainsi, il se réjouit qu’actuellement, la plupart de ces coopératives Sangwe fonctionnent positivement car, 27 parmi les 32 ont déjà gagné un montant de plus de 20 000 000 FBu de crédit reçu de la part du gouvernement.
Une prédominance des coopératives agricoles
Selon M. Misigaro, les coopératives œuvrant dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage sont prédominantes en commune Mutimbuzi. Il souligne que certaines d’entre elles exploitent des terres domaniales. A part les coopératives œuvrant dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage, il y en a d’autres qui ont investi dans d’autres secteurs dont celui de la briqueterie. M. Misigaro informe que ces dernières ont été sensibilisées au respect du code de l’environnement. Après l’exploitation d’un site, les membres de ces coopératives remplissent les trous creusés. « Il y a même une délégation communale qui effectue des descentes régulièrement pour voir si les coopératives exécutent leurs projets tout en se conformant au code de l’environnement », explique M. Misigaro.
M. Misigaro fait savoir que les projets initiés par ces coopératives sont bénéfiques aux membres et pour les employés. Cela permet de réduire le taux de chômage surtout chez les jeunes diplômés. Les coopératives contribuent aussi au développement du pays en payant des impôts et taxes. Ainsi, notre interlocuteur encourage les membres des coopératives à aller de l’avant car, ils sont eux-mêmes témoins de leurs bienfaits. Il invite ainsi les gens qui n’ont pas encore adhéré aux coopératives de le faire le plus tôt possible afin de mettre ensemble les idées visant leur développement et celui du pays.
Une briqueterie, un projet en cours d’exécution
La coopérative Shigikiribikorwa est l’une des coopératives œuvrant en zone Maramvya de la commune Mutimbuzi et qui a investi dans la briqueterie. D’après Jean Marie Bucumi, président de cette coopérative, elle était auparavant une association créée en 2007 et a changé pour devenir une coopérative en 2019 avec l’orientation du gouvernement visant à favoriser la création des coopératives. Cette coopérative compte actuellement 170 membres, un effectif qui varie en fonction des départs et d’entrées de nouveaux adhérents. Parmi les motifs des départs, cite M. Bucumi, il y a la malhonnêteté des ouvriers qui n’honorent pas leurs engagements. D’autres membres partent pour investir dans d’autres projets plus consistants.
D’après M. Bucumi, cette coopérative possède une spécialité par rapport aux autres coopératives. « Notre coopérative compte 7 sites d’exploitation. Dans chacun de ces sites, chaque membre dispose de son propre capital, de ses propres ouvriers et les gère individuellement. Cela parce que notre coopérative n’est pas parmi celles qui ont bénéficié des crédits du gouvernement. Lorsqu’un membre enregistre une perte, celle-ci n’affecte pas d’autres membres car, le profit ou la perte est individuel (le). Si un membre remarque que les travaux ne marchent pas bien, il a le droit de retirer son capital afin de l’orienter dans d’autres projets de son choix », précise M. Bucumi.
Appui local
Selon toujours M. Bucumi, l’administration communale encourage la population à s’intéresser aux activités génératrices des revenus car, elles leur procurent des intérêts et leur permettent aussi de payer les impôts et taxes à la commune. Ainsi, la commune dispose des techniciens qui encadrent les coopératives afin que leurs projets soient rentables. La commune délivre aussi aux coopératives certains documents nécessaires pour leur agrément.
Parlant des raisons qui leur ont poussé à travailler en coopérative, le président de la coopérative Shigikiribikorwa dit que c’est parce qu’ils ont voulu lutter contre et éradiquer l’exploitation anarchique des sites par certains individus, ce qui dégradait l’environnement. Il indique que les membres de la coopérative qui ont vite compris les bienfaits de la protection de l’environnement ont pris le devant pour sensibiliser les autres à exploiter les sites dans le strict respect du code de l’environnement.
Quant aux défis, M. Bucumi dit qu’ils ne maquent pas. C’est entre autres la gestion des ressources humaines par rapport au respect du code de l’environnement. Il se réjouit toutefois que la plupart des exploitants s’y conforment tout en soulignant que la coopérative sanctionne les déviants conformément à ses statuts. Il dit que les statuts de la coopérative prévoient qu’aucun ouvrier ne peut pas travailler pour deux membres de la coopérative. Raison pour laquelle pour commencer les activités, un membre de la coopérative doit embaucher ses propres ouvriers afin d’éviter qu’un seul ouvrier perçoive de l’argent de plusieurs membres de la coopérative en même temps.
Plusieurs employés embauchés
La coopérative emploie à peu près 3 000 ouvriers auxquels s’ajoutent les travailleurs journaliers qui sont occasionnellement sollicités en des travaux de couvrir et de cuire le fours et assurer le transport des briques du lieu de leur fabrication vers les fours.
Pour faciliter les clients qui veulent acheter les briques, M. Bucumi demande au gouvernement de revoir à la baisse la TVA par brique. « La TVA par brique s’élève à 3,8 FBu, ce qui fait que le prix d’une brique monte. Cela diminue notre clientèle», explique-t-il. Selon lui, à côté de suivre de prêt les activités de la coopérative, le comité sensibilise les membres et les ouvriers à l’utilisation rationnelle des revenus perçus, à éviter l’ivresse et l’adultère. Ils les sensibilisent aussi à développer d’autres projets leur permettant d’accéder à un niveau supérieur de développement, comme du petit bétail, par exemple.
Un bénéfice, une garantie
Capitus Bucumi est l’un des membres de la coopérative Shigikiribikorwa. Il fait savoir que son capital de 5 000 000 FBu génère beaucoup de revenus. C’est grâce à ces revenus qu’il fait vivre sa famille, qu’il s’est acheté des terres à cultiver et qu’il a pu construire une maison dans la municipalité de Bujumbura. Il invite ainsi toute personne qui n’a pas encore adhéré dans une coopérative de le faire le plus tôt possible, vu ses multiples avantages.
Pour que la coopérative ne travaille pas à perte, notre interlocuteur mentionne que ses membres ont sollicité des conseils auprès des techniciens du ministère en charge de l’environnement sur la manière d’exploiter convenablement ces sites. Il apprécie que ces techniciens ont encadré les membres de cette coopérative via les descentes sur terrain, tout en soulignant que cela a été très bénéfique pour les membres car, ils ont appris beaucoup de choses en matière de respect du code de l’environnement dans l’exécution de leurs projets.
Ezéchiel Misigaro
Département Documentation
Service de rédaction