Trois ans après l’ouverture de l’ambassade du Royaume du Maroc au Burundi, et suite à la feuille de route (2021-2024) établie entre les deux pays, les relations bilatérales entre le Maroc et le Burundi ont pris une vitesse de croisière dans l’objectif de renforcer la coopération sectorielle via la création d’une Chambre de Commerce commune réunissant les opérateurs économiques des deux pays. L’objectif envisagé serait de promouvoir les échanges commerciaux et saisir les opportunités d’investissement offertes par les deux pays amis et frères. Cela ressort d’un entretien accordé par Abdelouahhab Makhtari, le chef chargé d’Affaires de l’ambassade du Royaume du Maroc au Burundi, le mardi 28 mai 2024.
Les relations bilatérales sont excellentes sur les plans politique, diplomatique et économique. Nos gouvernements respectifs se sont engagés, à pied ferme, pour renforcer la coopération, tous secteurs confondus, dans la perspective de créer un pont solide permettant de tisser des relations renforcées pour le bien de nos peuples frères. Je cite également que la république du Burundi avait ouvert depuis février 2020 un consulat général dans notre province de Laayoune, au Sud du Maroc. Ce qui confirme l’engagement du Burundi pour la défense de l’intégrité territoriale de notre pays et bien évidemment la Marocanité de notre Sahara » a indiqué M. Makhtari.
Répondant à la question de savoir dans quel cadre la semaine de promotion économique maroco-burundaise va intervenir, le chargé d’affaires a fait savoir que cette semaine de promotion économique du Burundi revêt une importance considérable et s’inscrit dans le cadre de la feuille de route de coopération établie pour la période 2021-2024, initiée entre le Royaume du Maroc en concertation avec la république du Burundi. Cette initiative s’inscrit dans un programme global ayant comme but le renforcement des capacités techniques et institutionnelles dans les secteurs prioritaires du gouvernement burundais et le renforcement des relations économiques entre les deux pays via l’échange de visites des experts.
Susciter des partenariats mutuellement bénéfiques entre les opérateurs des deux pays
« La semaine économique s’est déroulée à Rabat, avec un programme diversifié et riche en termes de rencontres de hauts niveau avec un sous-ensemble de dirigeants d’institutions au Maroc en l’occurrence l’Office chérifien des phosphates (OCP), l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), la Confédération générale des entrepreneurs marocaine (CGEM), l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE) et d’autres, dans l’objectif de susciter des partenariats mutuellement bénéfiques entre les opérateurs des deux pays » a-t-il explicité.
S’agissant alors des objectifs de ladite semaine, M. Makhtari indique qu’à cette occasion, le président de la Chambre fédérale de commerce et de l’industrie du Burundi (CFCIB), Olivier Suguru et le président de l’Agence de développement du Burundi (ADB), Révérien Nizigiyimana et d’autres hauts responsables burundais, ont rencontré les responsables de l’AMCI, de la CGEM, de la Casablanca Finance City (CFC), de l’AMDIE et de l’OCP afin de s’enquérir de l’état des lieux du climat des affaires dans les deux pays et travailler d’une manière à faciliter les missions de prospection d’affaires dans la perspective de créer des sociétés privées ou mixtes dans le cadre des Joint-Venture International (JVI), ou encore sous forme des Greenfield (création nouvelle). Il a ajouté que les membres de la délégation burundaise ont eu l’opportunité de découvrir la Casablanca Finance City, la plus grande place financière connectée en Afrique, et ont échangé avec les dirigeants des banques commerciales et des entreprises intéressées par les opportunités d’investissement au Burundi.
Renforcer les liens commerciaux et booster la coopération entre les entrepreneurs marocains et burundais
« Cet événement a permis également aux responsables burundais de se familiariser avec les différentes instances régulatrices des affaires économiques au Maroc, en l’occurrence l’AMDIE et la CGEM. Ils ont pu s’enquérir des aspects réglementaires cruciaux tels que la sécurité foncière, les différentes mesures incitatives à l’investissement dont les avantages fiscaux, la qualification de la main d’œuvre, la stabilité financière, la régulation du marché monétaire et financier, les chaînes logistiques, les incubateurs financiers, l’accès au financement, les mesures de règlement des différends et d’autre, c’était une vue d’ensemble et globale sur le climat des affaires et d’investissement au Maroc »,a-t-il dit en précisant que le Maroc est un leader primordial dans les domaines des assurances, des banques, des télécoms, des infrastructures et des énergies vertes. Il a souligné que c’est dans cet arsenal que l’ambassade du Royaume du Maroc au Burundi et la CFCIB se sont convenus pour la création d’une chambre de commerce commune entre les opérateurs économiques des deux pays.
Selon M. Makhtari, ce sera un partenariat stratégique qui vise à renforcer les liens commerciaux et booster la coopération entre les entrepreneurs marocains et burundais. C’est aussi pour lui, le moment opportun et idéal pour établir ce Conseil commun, afin de faciliter les missions d’affaires de part et d’autre.
Quelques avantages pour les exportateurs burundais
Le chargé d’Affaires à l’ambassade du Royaume du Maroc reconnait que le Burundi regorge d’un immense potentiel économique, notamment dans le secteur agricole où il produit des denrées de qualité. Il a cité le thé et le café burundais qui sont des produits phares du pays reconnus à l’échelle internationale, par leur qualité en particulier, surtout que le Maroc importe de considérables quantités de thé et de café dans le monde entier. Il a indiqué que l’usage des engrais marocains via la coopération avec l’OCP favorisera sans doute, une production de masse conséquente et une valorisation des produits sur tout le territoire burundais.
D’un autre côté, il apprécie que le Burundi est réputé pour ses produits artisanaux qui pourraient trouver également un marché attractif au Maroc qui reçoit des millions de touristes annuellement. « Ces produits uniques et authentiques pourraient être commercialisés au Maroc à l’aide de l’appui de la chambre de commerce commune afin d’apporter une manne de devises importante au Burundi et créer ainsi une image de marque de renommée à l’international pour les produits burundais. Le Burundi dispose également d’importantes ressources minières qui pourraient attirer les investisseurs marocains, notamment dans le domaine des terres rares, où le Burundi se classe au 3è rang mondial en termes de réserves après l’Australie. Le récent code minier du Burundi promulgué en novembre 2023 offre des avantages attractifs aux sociétés intéressées par des partenariats et des investissements dans ce secteur », a-t-il martelé.
Olivier Nishirimbere