
L’administrateur de Musigati, Joachim Nduwumukama affirme que tous les efforts sont consentis par la commune pour assurer le bien-être des Batwa. (Photo Moïse Nkurunziza)
Les autochtones de la colline Rugeyo, en commune Musigati de la province de Bubanza se qualifient d’oubliés de la société, sans terre cultivable ni logement. L’administration communale n’en est pas d’accord et affirme avoir entrepris des projets visant à relever le niveau de vie de tous les Batwa de cette commune. Ces Batwa sont interpellés de couper court avec les activités anthropiques défavorables à la protection de la forêt de Kibira.
A l’arrivée sur la colline Rugeyo, à moins d’un kilomètre de la forêt de la Kibira, des champs très magnifiques de maïs, de pommes de terre et autres cultures, se font voir. Ces champs laissent espérer que la population de cette localité va avoir une meilleure production. Toutefois, les Batwa de cette colline disent qu’ils sont aux abois. Ils vivent encore de la chasse des gibiers dans la Kibira et du bois de chauffage qu’ils y trouvent. Ces activités sont une source de points de divergence entre eux et l’administration communale.
Dans une réunion tenue en date du 20 janvier 2022 à l’endroit de la population de la zone Ntamba, l’administrateur communal de Musigati, Joachim Nduwumukama a taxé ces Batwa de mener des activités anthropiques nuisibles à la protection de la Kibira. Ces autochtones sont accusés de couper les arbres de la forêt à la recherche du bois de chauffage, de la paille et font la chasse aux gibiers. M. Nduwumukama leur a demandé de couper court avec ces pratiques tout en mettant en garde tous les récalcitrants, qui s’exposent à la rigueur de la loi.
Les Batwa de cette localité reconnaissent ces accusations. Ils s’expliquent qu’ils n’ont pas d’autres moyens d’assurer leur survie. Pour arrêter ces pratiques dans la Kibira, ils demandent une assistance en vivres avant d’observer ces mesures administratives, arguant plutôt qu’ils contribuent à la sauvegarde de la paix et de la sécurité. « En traversant la forêt à la recherche de la paille ou à la chassse aux gibiers, si nous y voyons des indicateurs d’une probable insécurité, nous en avisons la quadrilogie », a expliqué un des Batwa de la colline Rugeyo. Ces justifications n’ont pas pu convaincre l’administration communale, qui accuse plutôt ces Batwa de solidarité négative si l’un d’entre eux est attrapé en flagrant délit.
Des efforts sont déployés pour aider les autochtones de Musigati
L’administrateur de Musigati, Joachim Nduwumukama affirme que tous les efforts sont consentis par la commune pour assurer le bien-être des Batwa. « Au début de cette année, nous avons rencontré les Batwa pour voir ensemble comment les aider. Actuellement, sur la colline Kanazi et Kivyuka, la commune a loué un terrain cultivable pour les Batwa qui y résident. Ils ont cultivé et nous leur avons accordé du fumier et des fertilisants. Ils ont des champs très magnifiques de maïs et d’autres cultures et s’attendent à une meilleure production», indique M. Nduwumukama. Et d’ajouter qu’à Ruvyimvya, sur la colline de Muyebe, la commune a loué un autre terrain d’un hectare pour les Batwa.
Toutefois, cet administratif affirme que les autochtones de certaines localités ont proposé des prix insupportables par la commune. Selon M. Nduwumukama, ces Batwa ont voulu profiter en demandant des budgets exorbitants. « Sur la colline Ruvyimvya, les autochtones ont présenté un devis de 350 000 FBu pour un hectare alors qu’il y a d’autres qui ont présenté un devis de plus de vingt et un million de franc burundais», conclut-t-il.
Moïse Nkurunziza